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effet, que l'abbé Prévost, dans son immortel roman, fait descendre sa Manon à son arrivée à Paris; et, tout dernièrement encore, on y montrait aux curieux crédules, la chambre occupée par la volage maîtresse du chevalier des Grieux.

De la cour du Cheval blanc partaient autrefois le coche, le carrosse, puis la diligence d'Orléans. Depuis l'établissement des chemins de fer, on n'y remisait plus que les véhicules des cultivateurs des environs de Paris venant, aux heures matinales, approvisionner nos quartiers; et son dernier locataire, M. Sarret, a pu réaliser une assez jolie fortune en exerçant ce service utile aux marchands maraîchers.

Attenant à l'auberge et appartenant aux mêmes propriétaires, se vit également un autre établissement qui eut son heure de succès sous le second Empire : le concert des FoliesDauphine, surnommé par ses habitués « le Beuglant », et, comme il n'y a pas de petite gloire, ce serait d'après M. Théo de Bellefonds, de ce lieu que viendrait la vocable populaire encore employé par ceux qui vont écouter les élucubrations poétiques frelatées des successeurs dégénérés des Panard, des Collé, des Béranger, des Desaugiers et des Debraux.

M. Raflin fait connaître qu'il a découvert, aux Archives de la Seine, tout un lot de diplômes destinés à récompenser les combattants et les participants de la Révolution de juillet. Parmi ceux-ci se trouve le diplôme de Victor Cousin, habitant alors le n° 14 de la rue d'Enfer Saint-Michel. La gravure de ces pièces, d'une magistrale exécution, est due à Ambroise Tardieu.

Diverses observations sont échangées sur les modifications de nom des rues, proposées dernièrement au Conseil municipal. M. Herbet indique que la rue Bara, située dans le VIe arrondissement, prendra désormais la dénomination de Joseph Bara.

Prochain ordre du jour :

M. Ed. Rouveyre : Gaultier du Four, orfèvre du monastère de Saint-Germain des Prés.

M. Fromageot : Une Maison de jeu, rue Gît-le-Cœur, au XVIIIe siècle.

La séance est levée à dix heures et demie.

Vendredi, 22 mars, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Léo Mouton, Henri Masson, Cazal, Enlart, Fromageot, Herbet, Laschett, Henry Nocq, Raflin, Sudre et Vuaflart.

M. le président lit une lettre où notre collègue M. Bruel, s'excusant de ne pouvoir assister à la séance, signale une erreur commise dans le procès-verbal du comité C, du 16 février 1906. Ce procès-verbal, publié dans le dernier bulletin indique, à propos de l'hôtel de Sourdéac situé au n° 8 de la rue Garancière, que Léon Feugère aurait habité cet immeuble lorsqu'il était archiviste du ministère des Affaires étrangères. Il y a là une confusion de nom : Léon Feugère, mort en 1858 était un littérateur et non pas un archiviste. C'est Prosper Faugère, décédé en 1887, qui, étant directeur aux Affaires Étrangères, avait les archives du Ministère dans ses attributions. M. Bruel demande lequel des deux, de Léon Feugère ou de Prosper Faugère, habita l'hôtel de Sourdéac.

M. Raflin, auteur de la communication, répond qu'il y a eu un lapsus calami dans la rédaction du procès-verbal; c'est de Prosper Faugère qu'il s'agit. En conséquence une rectification sera insérée dans l'errata lors de la publication du dernier bulletin de l'année 1906.

M. Fromageot communique et commente une vieille affiche judiciaire relatant les différents motifs qui amenèrent la condamnation à de fortes amendes de plusieurs personnes, plus ou moins recommandables, ayant participé à la tenue de jeux prohibés dans une maison de la rue Git-le-Cœur, appartenant alors à un sieur abbé Percheron. Cet abbé Percheron avait loué, en l'année 1725, le deuxième étage de sa propriété à une demoiselle La Badie laquelle, clandestinement, réunissait chaque soir une vingtaine de joueurs autour d'un tapis vert. On y remarquait, entre autres, une comtesse de Talhouet habitante de la rue de Condé, se dissimulant sous le faux nom de La Fontaine, une dame Dubur, un sieur Boisleur, un certain Bercq et autres fervents de la dame de

pique. Malheureusement pour eux la police vellait; une descente inopinée fut faite, les enjeux furent saisis, un procès-verbal dressé et des poursuites s'ensuivirent qui eurent comme conclusion la condamnation de la tenancière du tripot à trois mille livres d'amende et des autres joueurs à mille livres, tout en rendant solidaire de la première le pauvre abbé Percheron qui ignorait sans doute totalement ce qui se passait dans son immeuble.

M. Vuaflart soumet et analyse trente lettres autographes appartenant à M. Maurice Caillot, et se rapportant à la vie et aux travaux du sculpteur Jean-Joseph Espercieux. Parmi ces lettres il s'en trouve d'Andrieux, de Népomucène Lemercier, de Ginguené, du tragédien Talma, de Raynal et de la comtesse de Kercado. Une de ces lettres, de l'artiste lui-même, est assez curieuse, car elle expose de singulières idées esthétiques à propos d'un monument devant être érigé, d'après le projet du sculpteur, au poète tragique Jean Racine. Cette œuvre symbolique s'intitulait : « L'Envie expirant sur le tombeau de Racine ».

Epercieux, très attaché à nos vieux quartiers, fut un de leurs plus fidèles habitants. Dès 1793, il eut son atelier installé à l'Ancien Noviciat des Jésuites de la rue du Pot-de-Fer et, en même temps, son logement particulier se trouvait au no 13 de la rue Honoré-Chevalier. Plus tard il transporta ses modèles au no 14 de la rue du Regard, pour revenir mourir, le 18 mars 1840, au n° 34 de la tranquille rue Cas

sette.

En dehors des œuvres qui sont au musée de Versailles et aux commandes qu'il eut pour l'Arc-de-triomphe de l'Étoile, on doit à cet artiste, pour le VIe arrondissement, les reliefs de marbre de la fontaine du Marché Saint-Germain laquelle, primitivement, décorait la place Saint-Sulpice.

M. Herbet signale l'adresse donnée par l'Intermédiaire des chercheurs du peintre Jean Gigoux habitant, en 1834, le no 55 de la rue Saint-André-des-Arts. Cet immeuble, qui depuis à porté le no 45, a été démoli il y a quelques années pour faire place au lycée Fénelon.

M. Mouton donne ensuite lecture d'un intéressant article

du docteur Servier sur le gnomon de l'église Saint-Sulpice, construit en 1743.

M. Henri Masson, après avoir remercié ses collègues de la bienveillance qu'ils lui ont accordée pendant plusieurs années, exprime le désir de ne pas voir renouveler ses fonctions de Secrétaire du comité D et remet, en conséquence, sa démission de cet emploi pour que son remplacement puisse avoir lieu dans la prochaine séance consacrée aux élections. Prochain ordre du jour : Élection du bureau.

La séance est levée à dix heures et demie.

Vendredi, 26 avril, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Rouveyre, Mouton, Bruel, Demombynes, V. Dujardin, Herbet, Laschett, Nocq, Saunier, Sudre, Théo de Bellefonds et Vuaflart. En l'absence de M. Masson, excusé, M. Dujardin remplit les fonctions de secrétaire. L'ordre du jour appelle la nomination du bureau.

M. Edouard Rouveyre fait part à ses collègues de sa détermination de décliner le renouvellement de son mandat pour des raisons de santé; il évoque le souvenir des neuf années (de 1898 à 1907) pendant lesquelles il fit partie du bureau du Comité et rend hommage en termes émus à la mémoire des membres disparus : MM. Étienne Charavay, l'abbé Méritan, Félix Rabbe, le docteur Dureau, Henri Baillière et Victor Advielle. En terminant, M. Édouard Rouveyre remercie M. Léo Mouton et M. Henri Masson du concours qu'ils lui ont prêté comme vice-président et secrétaire, et il exprime l'espoir de pouvoir venir, de temps à autre, prendre part aux travaux de ses collègues.

M. Félix Herbet, se faisant l'interprète des assistants, exprime les regrets que cette décision inspire au Comité et propose de décerner à M. Édouard Rouveyre le titre de président honoraire du comité D, en témoignage de reconnaissance pour les services qu'il lui a rendus. Cette proposition est adopté à l'unanimité.

Il est ensuite procédé aux élections. Sur la proposition de

M. Félix Herbet, faite d'accord avec M. Léo Mouton, le Comité décide à l'unanimité de nommer président pour l'année 1907-1903, M. Henri Masson, précédemment secrétaire du Comité, de confirmer le mandat de M. Léo Mouton comme vice-président, et de confier les fonctions de secrétaire à M. Dujardin.

M. Édouard Rouveyre fait don à la Société d'une carte illustrée représentant le Grand Livre qui servait d'enseigne à la maison Maillard-Bossuat, à l'angle des rues Jacob et de l'Échaudé; d'une série de reproductions de médailles révolutionnaires relatives à Marat, Charlotte Corday, Robespierre et Danton et de plusieurs gravures et fac-similé d'autographes concernant ces personnages.

M. Édouard Rouveyre donne ensuite lecture d'une communication sur Les travaux de Gauthier Dufour, orfèvre de Saint-Germain-des-Prés. Cette étude est précédée d'un exposé des différents modes de fabrication des émaux au moyen-âge, savoir les émaux en taille d'épargne et les émaux de niellure, les émaux cloisonnés, les émaux de basse taille et les émaux mixtes qui participent de plusieurs procédés. Par contrat signé le 12 février 1402 entre l'abbé Guillaume et trois émailleurs Gauthier Dufour, Jean de Clichy et Guillaume Bocy, ceux-ci furent chargés de faire une nouvelle châsse pour renfermer les reliques de « Monsieur Germain ». La châsse devait reproduire en or, argent et pierres précieuses le joyau de pierre qu'est la Sainte-Chapelle; le contrat contenait des clauses curieuses, dont M. Rouveyre donne lecture, relativement à la nourriture des ouvriers, au chauffage et à l'éclairage de leur atelier, etc. Le travail dura un an. La description détaillée de cette châsse se trouve dans Dom Bouillart, pièces justificatives n° 117. Un peu plus tard, l'abbé Guillaume fit encore exécuter un devant d'autel par les mêmes artistes.

M. Henry Nocq donne ensuite lecture d'une note relevée. dans le Moniteur, du 11 juillet 1817, relative à la translation, le 14 de ce mois, des cendres de Boileau, du dépôt de l'ancien Musée des Petits-Augustins à l'église Saint-Germain des Prés, en présence des membres de l'Académie française et de l'Aca

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