Page images
PDF
EPUB

Cazals, Habert, Mouton, Nocq, Saunier, Sudre et Thevenin. Excusés: M. Herbet.

M. Vuaflart communique quelques-unes des notes qu'il a recueillies sur Rodrigues Pereire, éducateur des sourds-muets au XVIIIe siècle.

Jacob-Rodrigues Pereire, le premier instituteur des sourdsmuets en France, se rattache à l'histoire de notre quartier par plusieurs de ses domiciles.

Il est né à Berlanga (Estramadure espagnole) le 11 avril 1715. C'est vers 1741 que sa mère, devenue veuve, s'établit à Bordeaux. Une sœur de Pereire était sourde-muette; cette infortune familiale détermina sa vocation et la méthode qu'il imagina donna des résultats étonnants.

Au mois de mars 1747 Pereire s'installe à Paris, à l'hôtel d'Auvergne, sur le quai des Grands-Augustins; (d'après notre collègue Henri Masson, l'emplacement de l'hôtel d'Auvergne est représenté par la maison du quai des Grands-Augustins qui porte présentement le n° 27). Tous les journaux du temps rendent hommage à sa méthode et énumèrent avec enthousiasme les cures opérées.

L'éducation d'un élève l'appelle en province, mais il revient à Paris en août 1749 et loge rue de Savoie à l'hôtel de Bourgogne.

En janvier 1750 nous le retrouvons à l'hôtel d'Auvergne quai des Grands-Augustins.

La célébrité et les honneurs arrivent : membre de la Société royale de Londres (1761); agent à Paris de la nation juive portugaise (1751); interprète du Roi pour les langues espagnole et portugaise (1765).

En 1776, Pereire avait passé l'eau; il habitait rue Plâtrière, au petit hôtel d'Armenonville.

Mais il connut aussi les déboires et les attaques des imitateurs. Par arrêt du Conseil du 21 novembre 1778, le Roi prit sous sa protection l'école des sourds-muets fondée par l'abbé de l'Épée. Le chagrin que lui causa cette décision. hâta sa fin. Il mourut le 15 septembre 1780 et sa cendre. repose au cimetière des Israélites de la rue de Flandre.

M. Bonnet parle de Marie-Joseph, baron de Gérando, qui

naquit à Lyon le 29 février 1772 et mourut à Paris en son hôtel, 52 bis, rue de Vaugirard, le 12 novembre 1842. Au cours de cette longue existence, de Gérando a traversé les époques les plus troublées de notre histoire. Il n'a pas cessé de grandir malgré les révolutions et il est mort chargé d'honneurs.

On cherche à distinguer en lui: 1o Le fonctionnaire qui a débuté sous le Directoire comme simple attaché au ministère de l'Intérieur, est devenu, sous le Consulat, secrétaire général de ce département, puis, sous l'Empire, maître des requêtes, intendant dans les pays conquis, puis conseiller d'État, poste qu'il n'a pas cessé d'occuper, sauf pendant les Cent-Jours, ayant été nommé par l'Empereur commissaire général dans les départements de l'Est. A sa mort il était l'un des vice-présidents de la Haute Assemblée.

2o Le philosophe qui a obtenu de nombreuses récompenses dans les académies de France et de l'étranger, et qui est devenu membre de l'Académie des Sciences morales, section de philosophie. A cette occasion, il est donné lecture de quelques lettres échangées avec Maine de Biran et Azaïs, notamment une lettre de conseils à Azaïs, en 1808, communiquée par M. Guadet.

3o Le professeur, dont le principal mérite est d'avoir ouvert en 1819, à l'école de droit de Paris, le premier cours de droit administratif.

4o Le philanthrope, comme commissaire, puis administrateur de l'ancien Xe arrondissement, et membre du Conseil général des hospices de Paris; comme fondateur de la Société de l'Instruction élémentaire; comme membre de nombreux établissements d'assistance, notamment des Quinze-Vingts, des Sourds-Muets, de la Caisse d'Épargne, de la Société philanthropique, etc.

5o L'auteur qui a produit plus de vingt ouvrages dont les plus connus sont le Visiteur du pauvre, l'Histoire comparée des divers systèmes de philosophie et le Traité de la bienfaisance publique.

Sous chacun de ces aspects, de Gérando pourrait faire l'objet d'une étude spéciale. Son nom méritait d'être rappelé dans notre Comité.

Sur la proposition du Président, le Comité remet la prochaine réunion au 18 octobre.

[blocks in formation]

M. Nocq Notes sur la monnaie au temps de Duvivier.

:

[blocks in formation]

Membres présents: MM. Léo Mouton, H. Masson, Bonnet, Bruel, Fromageot, Herbet, Laschett, Henry Nocq, Saunier et Vuaflart.

Excusés: MM. Rouveyre et Sudre.

M. Herbet annonce au comité les distinctions accordées par le ministre de l'Instruction publique à nos deux collègues MM. Georges Dujardin et Jules Florange, nommés l'un, officier d'instruction publique, l'autre officier d'académie, et leur adresse, au nom de la Société du VI arrondissement, ses sympathiques félicitations.

M. Bruel communique un curieux placard contenant la copie littérale de deux lettres du libraire Lepetit, établi, au temps de la Révolution, au no 32 du quai des Augustins.

Dans ce document rédigé au mois de Thermidor de l'an IV, ce commerçant se plaint amèrement, dans une orthographe des plus fantaisistes, à deux de ses confrères de la rue SaintAndré-des-Arts, Ouvrier et Barba, de la concurrence déloyale qui lui était faite par la mise en vente d'une édition de Florian, contrefaite de la sienne, affirmait-il. Mais, d'après une note, inscrite au verso de cette affiche, Lepetit n'était qu'un <«< libraire effronté », car le contrefacteur véritable c'était lui,

et ses malicieux concurrents de la section du Théâtre français se moquèrent outrageusement de son impudence en le rendant ridicule par l'affichage de son style singulier.

Le Comité remercie M. Bruel de sa communication et du don qu'il veut bien faire de cette affiche.

M. Albert Vuaflart expose, d'après des documents qu'il a recueillis dans le fonds des Domaines des Archives de la Seine, toute une phase inconnue de la vie d'Alexandre Kucharsky, le dernier peintre de la reine Marie-Antoinette. Cet artiste, né à Varsovie le 18 mars 1741, était fils d'un gentilhomme de cette ville. Le roi de Pologne ayant appris les dispositions du jeune homme pour les Beaux-Arts l'envoya à Paris, où il entra dans l'atelier de Vien et se fit remarquer bientôt par son habileté. Les portraits des principaux personnages de la Cour de France furent alors peints par lui; et, c'est à cette époque, en pleine maturité de son talent, qu'il exécuta un premier portrait de la reine, portrait qui, depuis, a disparu sans laisser aucune trace.

Kucharsky, avec le succès, s'était créé une situation honorable. Il occupait un appartement dans l'hôtel de Mile de Conti, rue de Grenelle-Saint-Germain. Sa fortune était établie, ses parents et ses amis de Pologne avaient recours à lui et lui prêtaient une certaine influence. Tout changea à la Révolution, à l'opulence succéda la gêne; mais ses sentiments monarchiques n'avaient pas varié; il put, on ne sait trop comment, faire le portrait au pastel de Marie-Antoinette enfermée au Temple, et, lorsqu'elle comparut devant le farouche et redoutable tribunal révolutionnaire, fixer une dernière fois les traits bien changés de la souveraine. Ce dernier portrait, répété bien souvent depuis par l'artiste qui s'en fit, en quelque sorte, un moyen d'existence, peut se voir actuellement dans l'une des salles du Musée de Versailles.

Dès cette époque, Kucharsky avait quitté le faubourg SaintGermain pour aller habiter la rue du Coq Saint-Honoré. Il y résida quelque temps et, dès l'année 1804, on le trouve fixé sur le territoire de notre arrondissement, rue des PetitsAugustins no 1249 d'abord, puis rue Saint-Benoît no 17, ensuite. I logea dans cette dernière maison jusqu'en 1815. Pressé alors par la misère et par l'âge, il obtint d'entrer dans

la maison de retraite de Sainte-Périne de la rue de Chaillot. Il y resta quatre ans et y mourut le 5 novembre 1819, n'ayant même, dans les dernières années, pu payer sa modique pension.

La succession du brillant artiste de 1780 se réduisait à quelques hardes et à un très pauvre mobilier qui produisirent encore une somme de 223 fr. 60 sur laquelle l'État, par droit de déshérence, recueillit le minime reliquat de 62 fr. 27.

C'est ainsi que disparut, oublié de tous, aux plus beaux jours de la Restauration, le dernier peintre de la Reine, Alexandre Kucharsky.

Prochain ordre du jour :

M. Édouard Rouveyre: Gaultier du Four, orfèvre du monastère de Saint-Germain des Prés.

M. Fromageot: Une Maison de jeu, rue Gît-le-Cœur, au XVIIIe siècle.

La séance est levée à dix heures vingt-cinq.

Vendredi, 22 février, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Léo Mouton, Henri Masson, Bruel, Fromageot, Habert, Herbet, Laschett, Henry Nocq, Raflin, Saunier, Sudre et Théo de Bellefonds.

Excusé M. Ed. Rouveyre.

M. Fromageot demande à renvoyer à la prochaine séance sa communication sur une Maison de jeu de la rue Gît-le-Cœur et donne, en échange, d'intéressants détails historiques sur la vieille auberge du Cheval blanc de la rue Mazet, actuellement en cours de démolition.

La construction de cette ancienne hôtellerie remonterait, d'après certains vestiges mis au jour, au début du xviie siècle. Une pierre, entre autres, porte incrustée, la date de 1612. On a pu aussi, jusqu'en ces temps derniers et concurremment avec l'aspect pittoresque de sa façade vétuste, y remarquer, scellée à la gauche de sa porte cochère, l'une des dernières bornesmontoirs subsistant encore à Paris.

L'un des chefs-d'oeuvre de la littérature française du XVIIe siècle a également poétisé ce vieux logis. C'est là, en

« PreviousContinue »