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aux hussards, M. de Biré demande de préférence une lieutenance de Roi. Aux « Observations », il n'y a plus rien. Biré semble avoir vieilli, et l'impression du général inspecteur être moins favorable.

Cependant le 1er mars 1823, il fut nommé à la suite de l'État-Major de l'armée d'Espagne toujours avec son grade de chef d'escadron. Quand il revint en France en 1825, il fut admis à la solde de congé qui était de 2.000 francset, en 1828, au traitement de réforme qui n'était plus que de 900 francs. Ses états de service portent trois campagnes, dont deux à l'émigration, sous le maréchal de Castries et l'autre en Espagne. Il se retira à Paris, 3, rue de Sèze et vécut aussi beaucoup à Dobert, dans la Sarthe, propriété de sa femme qu'elle avait perdue par l'émigration et rachetée à son retour. Très bien posée dans la meilleure société du pays, elle se faisait appeler la marquise de Fontenay alors qu'elle vivait avec son mari, Géry Fontaine de Biré. Elle donnait pour raison de cette petite particularité qu'étant seule héritière de sa branche, elle en relevait le nom. Elle mourut à Dobert, le 24 juillet 1842 à l'âge de soixante-sept ans. Son mari lui survécut quelques années encore et ne mourut que le 17 décembre 1849 (1), âgé de quatre-vingts ans. Né sous Louis XV, il s'éteignait sous la deuxième République, ayant ainsi vécu sous dix règnes ou gouvernements différents.

Léo MOUTON.

FIN

(1) Arch. administr. du Ministère de la guerre. Traitements de réforme, année 1828..

Dossier 71 bis.

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UNE VISITE AU COUVENT DES CARMES

Le dimanche, 12 janvier 1908, un certain nombre des membres de la Société historique du VI arrondissement se sont réunis pour visiter l'ancien couvent des Carmes, sous la conduite de M. l'abbé Guibert, supérieur du Séminaire universitaire qui en occupe actuellement la plus grande partie (1).

A deux heures précises, nous franchissions la vieille porte située rue de Vaugirard, no 74, au coin de la rue d'Assas, et tout de suite après avoir dépassé le banal pavillon du concierge, nous éprouvions la curieuse impression d'être transportés dans un monde ancien, loin du Paris moderne. A notre droite, s'étend une vaste cour carrée, plantée d'arbres, bordée de vieilles constructions noircies, d'aspect monacal. Nous suivons une sorte de ruelle mal pavée, entre de hauts bâtiments, modernisés seulement à gauche du côté de la rue d'Assas pour l'Institut catholique, et nous débouchons à l'angle d'un grand jardin aux larges allées droites, garnies de buis. M. l'abbé Guibert nous y rejoint, et, dans une charmante causerie, dont l'érudition très précise est fort appréciée par les auditeurs, nous raconte sommairement l'histoire de la fondation du couvent des Carmes déchaussés.

Dès le XIVe siècle, nous dit-il, il y avait à Paris un grand couvent de Carmes établi sur l'emplacement du marché de la place Maubert. La règle n'y était pas sévère, et, au début du xvire siècle, après l'heureuse réforme apportée chez les

(1) Étaient présents MM. Barbet-Massin, Chastel, Demombynes, Fro. mageot (Henri), Fromageot (Paul), Habert, Herbet, Hoffbauer, Laschett, Masson, Nocq, Raflin, Saunier, Sudre, Tartrat, et Mme Simon-Baudette.

Carmélites par sainte Thérèse, le pape désira établir aussi en France une communauté de Carmes soumis à une discipline plus austère que leurs devanciers. Henri IV, puis Marie de Médicis devenue régente, accueillirent ce dessein avec faveur, et des lettres patentes de juin 1610 autorisèrent la fondation à Paris, au faubourg Saint-Germain, d'un couvent de Carmes réformés qui reçurent le surnom de Déchaussés ou Déchaux.

Les deux fondateurs de cette nouvelle communauté furent le Frère Denys de la Mère de Dieu et le Frère Bernard de Saint-Joseph. Leur premier bienfaiteur fut Nicolas Vivian, maître des comptes, qui leur donna en 1611 un grand terrain et une petite maison achetée par lui à leur intention de Louis Barat, ancien maître d'hôtel du roi, à l'encoignure de la rue Cassette et du chemin de Vaugirard. Le 20 mai 1611, ils adressaient une requête (1) aux Vénérables religieux de l'Abbaye de Saint-Germain des Prés, seigneurs temporels et spirituels de cette région, exposant qu'ils n'avaient aucun oratoire pour y célébrer l'office divin, et les priant de leur désigner une place convenable pour cette destination en attendant qu'ils puissent bâtir une église. Le Supérieur de l'abbaye chargea deux religieux de cette mission, et, deux jours après, le 22 mai 1611, jour de la Pentecôte, nos deux Carmes célébraient la messe dans un oratoire improvisé, en prenant possession de leur première demeure.

Bientôt la communauté se constitua; les grands terrains contigus, encore vacants, lui furent attribués, et, grâce à la haute protection de la reine, la construction d'un couvent fut entreprise. La première pierre en fut posée solennellement le 7 février 1613, et la maison fut mise sous le vocable de saint Joseph, patron d'un des fondateurs.

<< Les travaux commencés semblaient annoncer un édifice d'une grandeur et d'une somptuosité qui alarmèrent les sentiments d'humilité des Carmes réformés. Ayant vainement demandé aux architectes (2) de se restreindre à des plans plus modestes, ils prirent le parti de se retirer et l'entreprise resta

(1) Arch. nat. L. 766.

- (2) On ignore les noms des architectes de l'église et du couvent des

en suspens. Cependant, après quelques années d'abandon, Marie de Médicis fit reprendre les travaux, et obtint le retour des religieux. Vers 1620, le couvent et l'église étaient à peu près achevés, et l'on vit s'élever un dôme qui était l'un des premiers à Paris (1).

Cette vieille coupole, datant maintenant de près de trois siècles, est restée telle qu'elle était à l'origine, posée sur une énorme charpente qui est une curiosité architecturale. A sa droite, on voit, du fond du jardin où nous sommes arrivés, se développer la sombre façade des bâtiments du monastère. L'impression en serait plus imposante si l'on n'apercevait en même temps, dominant de toutes parts le vieux jardin des Carmes, les vulgaires maisons modernes de la rue d'Assas et de la rue de Rennes. M. l'abbé Guibert nous explique que les dépendances du couvent étaient autrefois beaucoup plus grandes et s'étendaient bien au delà de ces deux rues. Le croisement de ces deux voies publiques se trouve à peu près au milieu de l'ancien domaine des religieux qui a été ainsi réduit de plus de moitié.

Tout en écoutant ces explications, nous nous arrêtons au pied d'une grande statue de pierre d'une belle allure qui attire notre attention. C'est le portrait d'un moine, la tête nue penchée en avant, le corps enveloppé d'une ample robe aux plis flottants traînant à terre. La figure est expressive, les mains sont bien traitées; l'arrangement harmonieux mais sobre du vêtement dénote l'art du xviie siècle. Aucune inscription nulle part. Et, chose curieuse, les Notices écrites sur le couvent des Carmes ne font pas mention de cette œuvre d'art remarquable. La seule indication que puisse nous donner M. l'abbé Guibert, c'est que cette statue paraît représenter saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes dont on reconnaît le costume différent de tous autres. Ce ren

Carmes. On a supposé, à raison de l'existence d'un dôme, disposition encore peu usitée en France, que Marie de Médicis avait pu avoir recours à un architecte italien. On a pensé aussi à Jacques Lemercier qui, après un long séjour en Italie, venait de rentrer en France et jouissait de la faveur royale.

(1) On en cite deux qui seraient antérieurs.

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