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était d'humble extraction et ne put jamais se faire au luxe de son mari. Par contre ses deux filles pourraient être les prototypes des Précieuses ridicules.

Le terrain du no 6 et les constructions qu'il contenait passèrent en 1650 à la famille Hillerin déjà propriétaire de l'immeuble d'angle formant les nos 2 et 4 dont M. Mouton, sous le titre d'hôtel de Transylvanie, a précédemment conté l'histoire.

En 1784 le no 6 est acquis par Didier Delaborne, pour 40.000 livres, plus 1.200 livres de pot de vin.

M. Masson donne ensuite de précieuses indications sur la numérotation royale et sectionnaire dans l'arrondisse

ment.

M. Fromageot, rappelle que, ce 27 décembre, le matin même, a été célébré, à Saint-Germain-des-Prés, le deuxième centenaire de Dom Mabillon.

M. Semichon lit une intéressante étude parue dans le numéro du journal des Débats portant la date du 23 février 1907. Elle a pour titre Une ambassade Persane et résume le livre de M. Maurice Herbette qui raconte les péripéties qui signalèrent le voyage et le séjour à Paris, à l'Hôtel des ambassadeurs extraordinaires, rue de Tournon de l'ambassade envoyée à Louis XIV, par le Schah de Perse, en 1714. L'ambassadeur Méhémet Riza-Bey mit six mois à traverser la Turquie, se livra durant son séjour en France à mille excentricités et partit en 1715, en enlevant une jolie aventurière qui se faisait appeler la marquise d'Epinay. Intelligente, courageuse et véritablement épiise de son Persan, elle se fit musulmane lorsque Riza-Bey, craignant justement le courroux du Schah, s'empoisonna en arrivant à Erivan. C'est elle qui porta ce qui restait des présents de Louis XIV à Ispahan où résidait le Schah de Perse.

Prochain ordre du jour :

M. Léo Mouton : Le n° 6 de la rue Bonaparte.

La séance est levée à dix heures quarante-cinq.

NÉCROLOGIE

M. HENRI DABOT.

Notre collègue, M. Henri Dabot, docteur en droit, ancien avocat à la cour d'appel, est mort le 22 novembre 1907 et la foule qui se pressait à ses funérailles, malgré la température inclémente, attestait ses sentiments de profonde sympathie pour l'excellent homme qui venait de disparaître.

Henri Dabot est né à Péronne, le 24 mai 1831, dans une antique maison aux pans de bois sculptés, qu'il a fait intelligemment restaurer. Après de fortes études au collège de Péronne, au Lycée Louis le Grand et à l'École de Droit, il se fit inscrire au Barreau de Paris, où s'écoula sa très honorable carrière, jusqu'au jour où sa santé l'obligea à prendre sa retraite.

Je ne veux noter ici qu'un côté de son intelligente activité, qui constitue l'originalité de son esprit. Chaque soir, Dabot notait ce qui l'avait frappé pendant la journée, spectacle, promenade dans Paris, grand ou petit procès, article de journal, causerie amicale, événement intime ou révolution. C'était une habitude qu'il tenait de ses ancêtres, bourgeois de Péronne, qui n'avaient pas grand'chose à écrire sur leur vie quotidienne, tandis que notre ami, pendant les soixante années qu'il a passées à Paris, a été le spectateur de tous les faits mémorables, dont est composée l'histoire contemporaine. Spectateur seulement; ce n'est pas un philosophe, scrutant les causes et cherchant les vérités cachées, ni un lutteur, se

jetant dans la mêlée politique. Mais ce qu'il regarde, ce qu'il entend, il le raconte avec tant de sincérité, tant de naïveté spirituelle que rien n'est plus savoureux que ces petits livres intitulés : Lettres d'un Lycéen et d'un étudiant, Souvenirs et impressions, Griffonnages quotidiens, Calendriers d'un bourgeois du quartier latin, qui reproduisent ses notes journalières. Ce provincial était devenu un Parisien pur sang, un Parisien de la rive gauche, très curieux de son histoire, très attaché à nos Sociétés locales, du Ve et VIe arrondissement. Sa vie s'est écoulée entre la Sorbonne, le Palais et le Luxembourg. Nous lui devions donc un souvenir ému, que notre vieille amitié, née de notre commune origine picarde et de la confraternité du Palais, est heureuse de lui apporter.

Ste Hue DU VIo.

Félix HERBET.

1908.

II

UN TRÉSORIER DES GUERRES

ET SA FAMILLE PENDANT LA RÉVOLUTION.

- LES FONTAINE DE BIRÉ.

III

Vers la fin du Directoire, la police se montra débonnaire à l'égard des émigrés qui rentraient en cachette. Cette attitude cadrait avec les plans de cette étonnante politique de bascule qui réussit si bien à Fouché et qui lui permit d'être partout le bienvenu dans le faubourg Saint-Germain, tout en protégeant les Jacobins. Cela n'empêchait pas qu'il fût plus prudent de régulariser la situation de Marie-Géry de Biré dont la radiation n'avait pu encore être obtenue.

Pour cela, Joseph de Biré courait Paris, mettait en mouvement les influences dont il pouvait disposer, grâce à ses nombreuses connaissances dans tous les mondes; car il en avait dans le meilleur comme dans le plus interlope. Vers cette époque, et au cours de ses nombreuses fredaines, où il fréquentait les restaurants, il avait eu occasion de dîner souvent chez un traiteur, au coin de la rue de la Loy, presqu'en face la cour Saint-Guillaume (1). Cette

(1) Nous supposons qu'il s'agit du traiteur Dupuis qui, de 1798 à 1803 à peu près, tint un restaurant dans une maison disparue aujourd'hui et

rue de la Loy, actuellement de Richelieu, tout proche du grand centre qu'était alors le Palais-Royal, semble avoir été hantée par les joueurs, les viveurs, les intrigants de toute sorte. Il y avait sur le pavé de Paris toute une population flottante de gens qui passaient leur vie à conspirer, prenant des rendez-vous mystérieux, changeant tous les soirs de logis et le matin de vêtements, correspondant avec les bureaux des princes et avec les restes de la chouannerie, faisant des dupes, soutirant de l'argent aux convaincus, créant de petits dépôts d'armes et de poudre, embauchant un peu partout des complices, circulant énormément et menant avec cela joyeuse vie, grâce aux fonds dont ils avaient la garde et qui y subvenaient largement.

Il y eut aussi vers cette époque, rue de la Loy, un autre petit restaurant qui fit parler de lui, voici comment: vers

remplacée par une maison moderne qui porte le no 10 actuel de la rue de Richelieu. Cette maison portait à son entrée principale le numéro sectionnaire 1224, et l'entrée du traiteur Dupuis devait porter le numéro 1225 (Aug. Vitu, La maison mortuaire de Molière). D'autre part, l'Almanach du commerce, an VII (1798-1799) donne Dupuis, rue de la Loy (actuellement Richelieu) 225. Nous croyons que c'est une erreur typographique et qu'il faut lire 1225; d'autant plus que les numéros avant et après, de ce côté de la rue, sont dans les 1200; de plus, dans le volume de l'an VI et dans celui de l'an VIII, nous trouvons un marchand de vin du nom de Dupuis, aux no 1223 et 1224. Ce ne sont là que de légères inexactitudes. Cette boutique de restaurateur, sans être tout à fait au coin de la rue Montpensier, en était tout près, puisque c'était l'immeuble précédent (no 8 actuel) qui formait le coin et qu'on se trouvait là en effet presqu'en face la cour Saint-Guillaume, aujourd'hui disparue et qui était située à peu près sur l'emplacement du terre-plein avec vasque et statue, en face la Comédie Française. Il y avait bien au no 8 qu'on vient du reste de démolir, le café de la Minerve, au coin même de la rue de la Loy et de la rue Montpensier, qui dura de 1796 à 1866 dans le local qu'occupait naguère encore l'armurier Fauré-Lepage; mais à cette époque les appellations de café et de traiteur étaient parfaitement distinctes et on ne mangeait pas dans les cafés.

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