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JETONS D'ETRENNES

DES

GOUVERNEURS GÉNÉRAUX DE LA BELGIQUE

ALBERT DE SAXE-TESCHEN ET MARIE-CHRISTINE

1780-1793

PLANCHES I, II ET III.

INTRODUCTION HISTORIQUE.

Avant de décrire ces jetons et d'expliquer les événements qu'ils rappellent, il sera peut-être utile d'esquisser à grands traits les phases principales du règne de ces gouverneurs.

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Un contemporain, M. Raepsaet (1), fait leur portrait en ces termes :

< La princesse était belle femme, remplie

d'esprit, éloquente, d'un port majestueux et

< d'un grand caractère.

« Le prince, très instruit, aimait et cultivait les < arts et les sciences; il était d'une douceur et ‹ d'une affabilité qui lui conciliaient l'amour des

(1) Jean-Joseph Raepsaet, ancien pensionnaire de la châtellenie d'Audenarde, membre de l'Académie royale de Belgique (3 juillet 1816). Né à Audenarde, le 29 décembre 1750, y décédé le 19 février 1832.

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Belges, et tempéraient quelquefois les petites < vivacités que la princesse ne savait pas toujours << cacher dans ces occasions épineuses qui sont inséparables des troubles; hors de là, elle était affable, mais avec dignité.

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«<

«

<< Le duc Albert était très riche, et le gouverne<< ment valait à la princesse 500,000 florins (1) de Brabant, par an; elle avait, en outre, encore de « grands biens en Hongrie; sa cour était brillante, << véritablement royale, et tous deux se plaisaient << dans les Pays-Bas. >>

Nous ajouterons qu'Albert était prince royal de Pologne, prince électeur de Saxe et duc de Teschen.

Voici maintenant l'histoire de leur gouvernement :

Après la mort de Charles de Lorraine, au château de Tervueren, le 4 juillet 1780 (2), MarieThérèse nomma gouverneurs généraux des provinces belges, sa fille (3), l'archiduchesse Marie-Christine et son mari Albert de SaxeTeschen, fils d'Auguste III, roi de Pologne (4). Marie-Thérèse étant morte le 29 novembre 1780,

(1) Plus de 900,000 francs.

(2) Le prince de Starhemberg fut nommé gouverneur général par intérim.

(3) Marie-Thérèse avait six filles parmi lesquelles Marie-Antoinette, la malheureuse reine des Français.

(4) Lettres du 20 août 1780. Leur titre était : Lieutenants-gouverneurs et capitaines généraux des Pays-Bas.

Joseph II leur confirma cet honneur par un diplôme du 12 janvier 1781.

Ils firent leur entrée à Bruxelles, le 10 juillet suivant, au son des cloches et au bruit du canon; des arcs de triomphe avaient été élevés, les maisons étaient richement ornées et un Te Deum solennel fut célébré à Sainte-Gudule.

Bientôt après leur arrivée, ces princes procédèrent à l'inauguration de Joseph II qui, par lettres patentes délivrées à Vienne le 2 mars 1781, avait chargé le duc Albert de prêter, en son nom, le serment dû aux États des provinces belges et de recevoir leur promesse de fidélité et d'obéissance.

Le rôle des nouveaux gouverneurs fut très difficile à cause des réformes impolitiques et prématurées de Joseph II.

Celui-ci fut très irrité des indécisions et de la trop grande faiblesse de ses représentants en Belgique; il finit même par les rappeler à Vienne (juillet 1787). Leur départ inattendu souleva une

vive émotion.

Le

gouvernement provisoire fut confié au comte

de Murray, conseiller d'État et commandant des troupes impériales dans les Pays-Bas autrichiens. Bientôt, le comte de Trauttmansdorff fut envoyé comme ministre plénipotentiaire :

en Belgique

investi des principales prérogatives des gouverneurs généraux, à l'exception du pouvoir militaire, il possédait la direction suprême de toutes les administrations, le droit de nommer aux

emplois, la signature des ordonnances et des lettres closes. Albert et Marie-Christine ne gardaient qu'un pouvoir fictif et devaient se contenter de sanctionner les actes du ministre. Les gouverneurs généraux rentrèrent à Bruxelles le 23 janvier 1788, mais il n'y eut ni réunion des serments, ni escorte, ni réception publique.

L'année suivante, la prise de Gand par les patriotes (16 novembre 1789) amena, de nouveau, le départ des gouverneurs le 18 novembre, à 4 heures du matin, ils quittèrent Bruxelles et allèrent chercher un séjour plus tranquille à Bonn. Marie-Christine n'avait cédé qu'aux sollicitations pressantes de Trauttmansdorff.

Cependant au bout d'un an, la révolution fut terrassée; le 2 décembre 1790 les troupes autrichiennes revenaient à Bruxelles, le 7 elles arrivaient à Gand et la soumission de la Flandre acheva celle de tout le pays.

Pendant ces événements, Joseph II était mort (20 février 1790) et son frère Léopold II lui avait succédé.

Le 4 janvier 1791, le comte de Mercy-Argenteau, chargé, par intérim, du gouvernement général des Pays-Bas, fit son entrée à Bruxelles.

Les gouverneurs généraux se mirent en route, au mois de juin, pour reprendre leurs fonctions en Belgique.

Leur position était meilleure qu'avant les troubles, car Léopold leur avait rendu l'autorité qu'ils

exerçaient avant le ministère du comte de Trauttmansdorff. (Lettres patentes du 14 février 1791.)

Au mois de juillet, le comte de Metternich-Winnebourg, chargé de remplacer M. de Mercy dans les fonctions de ministre plénipotentiaire, vint rejoindre les gouverneurs.

Ceux-ci étaient arrivés à Bruxelles le 15 juin, mais furent assez froidement reçus sauf dans le Limbourg où ils rencontrèrent beaucoup d'enthou

siasme.

Une médaille fut frappée pour rappeler ce retour des gouverneurs généraux.

Au droit, sa légende est : MAR. CHR. AVST. ALB. CAS. SAX. DVX. BELG. PR.

Les bustes en regard sont ceux du jeton d'étrennes de l'année 1788, cependant certaines différences minimes démontrent qu'il a été fait un

autre coin.

Rev. LAETITIA PVBLICA.

Figure de femme tenant un gouvernail et une

couronne de laurier.

En exergue:

IN. BELG. REDEVNT.

OPT. PRINCIPES.

MDCCXCI.

Pl. III, no 5.

Médaille ronde gravée par Th. Van Berckel.

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