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Le 16 juin de cette année, après le rétablissement de la monnaie de Hasselt, la chambre des finances ordonne de lui payer 72 florins Brabant, pour les trois poinçons du daler, du quart de daler et du quart d'écu; puis, le 7 juillet, il reçoit 24 florins pour le poinçon d'un souverain. Vers la

même époque, on voit qu'il gravait aussi des cachets. Au mois de janvier 1615, il fait un poinçon et douze coins de liard pour l'atelier de Maestricht, auquel il livre encore« ung pied de dalers et ung dessus. »

En dernier lieu, le 21 mai 1615, après la grande impulsion donnée à la monnaie de Visé, nous remarquons cette annotation, qui prouve combien l'artiste était besoigneux: Messieurs des finances, « sur les instanttes requeste de Jean Varin, attendu sa grande nécessité », ordonnent de lui payer, outre les cent florins lui comptés à compte de son état, encore cent florins (1).

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 162; reg. 22, fol. 79, 117, 119, 133 vo et 137. La plupart des biographes font naître Jean Varin à Liége, en 1604. M. Ed. Fétis (Bull. de l'Académie royale de Belgique, t. XX, IIe partie, p. 352) dit qu'il naquit en 1603, et l'auteur anonyme des Graveurs de l'école liégeoise ajoute que ce fut le 17 mai. En admettant cette dernière date, on rapporte qu'à douze ans il entra au service du comte de Rochefort, prince de l'Empire, dans la maison duquel son père. Pierre Varin ou Warin, seigneur de Blanchard, remplissait l'office de gentilhomme. Là il montra des dispositions extraordinaires pour les arts du dessin et fut probablement attaché, comme graveur, à l'officine monétaire que le comte entretenait à la Tour-à-Glaire, non loin de Sedan. Il est certain du

JÉRÔME NOËL, « demeurant en la rue du Verd Bois, obtint la charge de graveur sous Jean Varin, le 23 mai 1614, avec obligation de se fixer à Hasselt. Il prêta serment le 31 mai et fut accepté aux conditions et gages ordinaires (1). Le 4 octobre, la chambre des comptes chargea le monnayeur de Hasselt de lui payer 117 florins Brabant, pour cinq poinçons. Noël travailla ensuite pour Jean Simon, à Liége, et reçut, le 18 novembre, pour un poinçon de liard, le prix ordinaire de 24 florins (2). Il fit les coins des différents florins d'or frappés par ce monnayeur, en 1619 (3); puis on lui commanda ceux des demi-réaux et des pièces de 4 et

moins

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M. Fétis le prouve d'après les documents découverts par M. Pinchart que Warin était employé à cet atelier de fausses monnaies, en 1628, et qu'il allait être pendu, quand Richelieu, apprenant que c'était un excellent artisan, voulut qu'on le sauvât. Appelé ensuite à Paris, il acquit bientôt un nom célèbre et une fortune immense, etc.

Un seul auteur, Louis Abry (Les hommes illustres de la nation liégeoise, publ. de la Société des bibliophiles liégeois), dit que Jean Varin était fils d'un autre Jean et de la fille de Guillaume Hovius, bourgeois de Liége.

En présence des documents authentiques se rapportant à Jean Varin, il est impossible d'admettre que le graveur attaché à la monnaie de Bouillon en 1611, soit né en 1603. Ou bien il s'agit d'un autre Varin que le célèbre artiste, par exemple son père, Jean Varin, époux de la fille de Hovius; ou bien le graveur général des poinçons de France, établi loin de son pays, se sera rajeuni d'une dizaine d'années et fait passer pour gentilhomme.

(1) Chambre des finances, Protocole, reg, 21, fol. 166 vo et 168. (2) Ibid., reg. 22, fol. 125 et 127 vo.

(3) Ibid., reg. 22, fol. 228; reg. 23. fol. 39 vo et 40.

de 2 patards destinés à la forge de Marguerite, veuve de Simon, en 1622 (1).

La fabrication des monnaies se ralentit ensuite au point que, le 31 janvier de l'année suivante, la chambre des finances décida de ne plus donner à Jérôme Noël le traitement que le commissaire Wyntgis lui avait promis: on lui accorda 150 florins Brabant, une fois, tant en considération des services qu'il avait rendus aux monnaies de Hasselt et de Liége, qu'en payement d'un poinçon qu'il avait fait pour Maestricht (2). En compensation, il fut chargé d'exécuter et de vendre, à son profit, un recueil dans lequel seraient gravés en taille-douce tous les rixdalers circulant au pays, avec leur évaluation (3).

Lorsque Herman Libert fut autorisé, en 1629, à forger des bavières et des demi-bavières, on lui donna pour graveur Jérôme Noël (4). Cet artiste termina sa carrière au service de la monnaie de Dinant. Cela résulte de deux décisions de la chambre des finances: l'une, du 2 mars 1632, obligeant le directeur de cet atelier à solder le restant du compte de Jérôme Noël; l'autre, du 28 avril 1634, ordonnant de payer à « la relicte

(1) Pièces justificatives, no XXXV.

(2) Chambre des finances, Protocole, reg. 22, fol. 275.

(3) Ibid., reg. 23, fol. 153 vo. Ce livre, devenu très rare, parut en 1625, sous le titre de : Ordonnance et rénovation de son altèze Sérme nostre Prince sur le faict de la monnoye, chez Jérosme Noel.

(4) Pièces justificatives, no XXXVI.

feu Jérosme Noël » les honoraires de son mari, pour les vacations qu'il a faites pendant dix-sept jours à Dinant, à charge par elle de rapporter les coins, poinçons, matrices, etc., encore en sa possession (1).

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Après Jérôme Noël, nous trouvons les frères HENRI et MICHEL NATALIS (NOËL) mentionnés comme les prédécesseurs » de François Stévart, graveur des monnaies de Ferdinand de Bavière au 2 avril 1640. A cette époque, le premier était décédé et le second nouvellement expatrié. La chambre des comptes ayant réclamé vainement à leurs représentants les coins et les poinçons des monnaies, renouvela son ordre le 3 mai, en l'adressant cette fois aux « représentans Hierosme Noël (2).

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FRANÇOIS STÉVART grava entre autres les coins de la monnaie de cuivre de Dinant, en 1640 (3). Il fut continué dans sa charge par MaximilienHenri de Bavière et nommé graveur des monnaies

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 23. fol. 233 vo; reg. 24, fol. 53.

(2) Ibid., reg. 23, fol. 334 et 335. Il nous est impossible d'établir le lien de parenté qui unissait Jérôme aux frères Henri et Michel. Ce dernier, alors déjà célèbre comme graveur en taille-douce, naquit en 1611. On assure que son père était Henri Natalis, graveur des coins de la monnaie de Liége (voy. ci-dessus), auquel on attribue le portrait gravé de La Ruelle (1637); mais, d'après ce qu'on vient de lire, l'auteur de cette gravure serait plutôt le frère de Michel, nommé également Henri. (Cf. Bull. de l'Inst. arch. liég., t. VIII, pp. 359 et suiv.) (3) Ibid., reg. 23, fol. 341.

du comte de Reckheim, le 16 août 1655. Il remplissait encore ces deux emplois le 18 juin 1658 (1).

Bon DE CHESTRET DE Haneffe.

(1) De ChestreT, Les contrefaçons de Gronsveld et de Reckheim, dans la Rev. b. de num., 1885, p. 222. Un nommé François Stévart, qui prêta serment comme «< ouvrier assistant à la presse des monnoyes»>, en 1662, ne doit pas être confondu, nous semble-t-il, avec le graveur du même nom.

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