DE

NUMISMATIQUE

NUMISMATIQUE

D'ERNEST, DE FERDINAND ET DE MAXIMILIEN-HENRI DE BAVIÈRE,

PRINCIPALEMENT

D'APRÈS LES Archives de liége.

Nota. Les sources indiquées sous le nom de Pièces justificatives, ont été publiées dans le Bulletin de l'Institut archéologique liégeois,

t. XVIII (1885).

I

ERNEST DE BAVIÈRE, 1581-1612.

Armoiries de Bavière-Palatinat, mais avec les quartiers intervertis.

Le 30 janvier 1581, le chapitre de Saint-Lambert donna à la principauté de Liége un chef puissant, dans la personne d'Ernest, fils d'Albert, duc des deux Bavière, et d'Anne d'Autriche. Son inauguration eut lieu le 18 juin, mais son diplôme d'investiture se fit attendre jusqu'au 4 janvier 1583. Déjà administrateur des évêchés de Freisingen et de Hildesheim, Ernest ne tarda pas à être élu abbé de Stavelot. Pour comble de fortune, il devint

ANNÉE 1888.

1

archevêque électeur de Cologne, le 23 mai 1583, et postulé de Munster, en 1585.

L'accumulation de tant de dignités ecclésiastiques ne put déterminer ce prélat à recevoir les ordres sacrés; mais il continua de prendre les mesures les plus rigoureuses contre les protestants, pendant que le fléau des troupes étrangères, favorisé par son absence habituelle, ne cessait de désoler le pays.

Ernest de Bavière mourut en Westphalie, le 17 février 1612.

On voit, sur les jetons de ce prince, la devise Omnia, placée sous un œil ouvert, et cette autre : Audiatur altera pars, qu'on retrouve sur les

monnaies.

Ernest de Bavière donna à Gilles Witten une instruction monétaire qui nous est restée inconnue, et que le chapitre approuva le 19 juillet 1581 (1).

Elle concernait apparemment l'atelier de Liége, car les commissions suivantes ont rapport à d'autres localités. Il est certain du moins qu'on monnaya dans la capitale dès la première année du règne d'Ernest; c'est ce qui résulte d'une déclaration des envoyés liégeois à la Münz-Probation du 9 octobre 1581, lorsqu'ils exposèrent à l'assemblée que le prince ne pouvait se servir commodément à Liége du wardien établi à

(1) Conclusions capitulaires, reg. 116, fol. 577.

Hasselt, et qu'ils étaient chargés de présenter à sa place Servais Hellings.

Ce dernier ayant été admis comme wardien de la monnaie de Liége, ne tarda pas à renoncer à son emploi et fut remplacé par Jean von Bulle, qui prêta serment le 6 mai 1582 (1).

Le prince avait nommé, le 28 juillet 1581, Barthélemi Quoyens, de Hasselt, wardien de l'atelier de cette ville, et, vers le même temps, Pierre Witten (orfèvre), en qualité de monnayeur (2). L'essai du 8 août et la proclamation du lendemain constatent que celui-ci forgea :

1° Des florins d'or (de Renesse, 1), valant 51 patards et 1 liard, monnaie de Brabant, ou 10 florins et 5 aidants, monnaie de Liége, de 72 au marc de Cologne et à 18 carats 6 grains d'aloi;

2o Des pièces de 4 vieux patards de Brabant ou 6 patards courants, équivalant à 24 patards de Liége (de Ren., 11?), de 46 1/2 au marc de Cologne, à 8 deniers 1 1/2 grains, « et par ainsy meylheur et oultrepassant l'instruction » (3).

Peu après, l'évêque ayant soumis au chapitre une ordonnance pour fabriquer des brûlés, on consulta les échevins. Ils n'approuvèrent pas

(1) HIRSCH, Des Teutschen Reichs Münz-Archiv, t. VII, pp. 195

et 205.

(2) Registre du grand séel de S. A. S. Ernest de Bavière (15811602), fol. 3 vo et 5 vo, au séminaire épiscopal de Liége. Cf. Revue belge de numismatique, année 1851, p. 91.

(3) Pièces justificatives, nos XV et XVI.

l'instruction et conseillèrent de forger des pièces de 8 et de 4 sols, de manière à faire de chaque livre (2/3 de cuivre et 1/3 de calamine) 88 aidants liégeois (1). Le chapitre se rallia à cet avis; mais on ne frappa d'abord que les pièces de 4 sols, car l'édit du 23 novembre 1581 ne donna cours qu'à des bruslez ou mites desquelles la marck de Colloigne en comprend 264, valant chacune 4 solz liegeois » (2).

C'était la taille recommandée par les échevins. En effet, l'aidant étant taillé de 88 à la livre, ou, ce qui revient au même, de 44 au marc, la pièce de 4 sols, qui était 1/6 d'aidant, devait être de 6 × 44 ou de 264 au marc.

En 1582, Ernest de Bavière mit en activité un atelier monétaire à Maeseyck: il y préposa, comme monnayeur, Mathieu Vanden Nederhoven, et, comme éwarden, Charles Hayselle, lesquels furent assermentés à Cologne, le 6 mai 1582. On forgea à Maeseyck, conformément au recez du cercle, des pièces de 4 vieux patards ou 6 patards courants, à 8 deniers d'aloi et de 50 3/4 au marc de Cologne. Ces pièces furent approuvées le 4 juin, après qu'on les eût marquées d'un gland, pour les distinguer de celles de Liége (ces dernières, de Ren., 10) (3).

(1) Pièces justificatives, no XVII.

(2) Édits et publications des monnoyes, 2de édit., p. 104.
(3) HIRSCH, t. VII, p. 205. - Pièces justificatives, no XVIII.