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conservant le rapport des tailles=3 jusqu'à la fin du vir siècle, on aurait constamment Vor 13 '/s,

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ce qui est impossible, vu les désordres et la pauvreté de ce siècle, ainsi que la rareté toujours plus grande de l'or dans la circulation.

Cependant, si l'on veut bien se rappeler que les sols et les triens, d'or pur jusqu'à Dagobert, commencent à s'affaiblir sous son fils, Clovis II, et que d'abord d'or pâle, les triens ne sont bientôt plus formés que d'un bas electrum, on aura la clef de la décadence monétaire et de l'abaissement du solidus à ne plus valoir que 36 deniers et le triens 12 deniers :

Un exemple fera mieux ressortir l'affaiblissement dont il s'agit. Sous Sigebert III, vers la fin du règne, le sol pèse 70 grains français et vaut 40 deniers du poids de 23 '/ grains; on a donc la relation:

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Prenons maintenant pour l'electrum la composition donnée par Pline le naturaliste - 4 parties

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L'electrum d'Isidore de Séville- -(2 or + 1 arg) —

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Or, la composition de l'electrum monétaire pouvant varier à l'infini, on comprend qu'il était facile de la faire répondre à toutes les valeurs monétaires du rapport de l'or à l'argent.

A la fin du VIIe siècle, les sols, valant alors 36 deniers, avaient, pour ainsi dire, disparu de la circulation, à cause même de l'emploi de l'electrum, car ceux qui en possédaient particulièrement les sols anciens - avaient intérêt à les porter aux orfèvres, plutôt que de les échanger contre 36 faibles deniers.

Le triens prit alors non seulement la place, mais aussi le nom du sol et valut par conséquent 12 deniers. Telle est vraisemblablement l'origine logique et naturelle du sou.

Les triens disparaissant à leur tour, la collection de 12 deniers d'argent conserva le nom de sou et devint monnaie de compte.

Cette innovation eut lieu au plus tard sous Pepin, puisque, d'une part, au concile de Verneuil, ce roi ordonna que, d'une livre pesante, on ne retirerait dorénavant pas plus de 22 sous, et que, d'autre part, la requête du concile de Reims en 813 rappelle que, sous le règne du même roi :

« celui qui payait en argent, pour un sol donnait 12 deniers. >

Ce n'est donc pas Charlemagne qui a substitué le sou d'argent au sou d'or ou mieux au triens, c'est le langage du peuple qui avait déjà opéré cette substitution sous Pepin, sinon antérieure

ment.

VI.

Origine de LA LIVRE COMPTÉE OU DE COMPTE (240 deniers).

Arrivons enfin à la livre monnaie d'argent et montrons comment ce poids, qui fut celui de 240 des premiers deniers que Charlemagne fit battre après la réforme de 779, cessa bientôt d'être une vérité; les deniers frappés dans la suite augmentant constamment de poids.

Après la réforme de 779, Charlemagne prit pour étalon monétaire sa nouvelle livre de 6912 grains français (gaulois) d'argent pur ou d'argent le roi (1). Il en fit tirer 240 deniers, c'est-à-dire qu'il adopta ou confirma la taille de 20 sous.

(1) Je n'ai malheureusement aucun renseignement sur le titre réel du premier étalon monétaire de Charles 1er lors de la réforme de 779; et je dois faire remarquer que si, d'une part, la pratique constante fait rejeter l'emploi de l'argent pur, d'autre part, trois analyses de deniers et leur progression régulière en poids, obligent à admettre l'accroissement du premier étalon, une livre d'argent fin, selon une progression arithmétique de '/, once française de cuivre.

Je me propose de revenir sur ce point important, en rendant compte

Pepin, comme bien d'autres usurpateurs, avait cherché à se rendre agréable au peuple en abaissant la taille de 25 à 22 sous; Charlemagne l'imita en la faisant descendre à 20 sous. Ses premiers deniers pesaient donc 28 / grains français ou 1,536, et la collection de 240 de ces pièces renfermait une livre d'argent. Ce sont ces beaux et loyaux deniers qu'environ trois siècles plus tard, lors de la création du marc, on vit réapparaître sur les bords du Rhin et que les Anglais s'empressèrent d'adopter sous le nom de denier easterling (des pays à l'Orient).

Pour divers motifs, que je ne crois pas devoir exposer ici, les ayant détaillés ailleurs, j'ai la conviction, je dirai même la certitude, que le premier étalon monétaire de Charles, tout en conservant la même quantité d'argent, fut graduellement augmenté en poids par des adjonctions successives d'un tiers d'once de cuivre (192 gr. fr.). Cependant comme la taille restait constamment de 20 sous, il en résultait que si successivement le denier augmentait légèrement en poids, la collection de 240 pièces contenait toujours une livre d'argent.

Les choses restèrent en cet état pendant un siècle, c'est-à-dire que l'on trouve des deniers pesant :

d'un très intéressant et savant article de M. Louis Blancard, intitulé la Pile de Charlemagne (Annuaire français de numismatique, novembre-décembre 1887).

Sous Louis le Débonnaire, 32 gr. fr., soit pour l'étalon 7680;

-

Charles le Chauve, 33/

Charles le Gros,

351/5

8064; 8448.

Toutefois à partir du règne de Charles le Gros (?) la taille cessa d'être constante, pour croître de plus en plus jusque sous Philippe Ier, époque où elle semble avoir atteint le nombre de 36 sous.

J'estime que parallèlement à l'accroissement de la taille, le poids de l'étalon dut s'élever encore jusqu'à atteindre 9216 grains; et ce double accroissement fait comprendre la grande difficulté de suivre le développement monétaire après le règne de Charles le Gros. Il n'en résulte pas moins, de ce que je viens d'exposer, que, pendant un siècle (779 à 888?), les étalons monétaires, malgré leur augmentation en poids, ayant toujours conservé la même teneur en argent, une livre, et la taille restant toujours égale à 20 sous ou 240 deniers, il n'en résulte pas moins, dis-je, que 240 deniers de cette période renfermaient toujours une livre d'argent de 6912 grains français et la représentaient; de là l'expression de livre monétaire d'argent, comptée et non pesée.

On comprend aussi que, sous le régime de la taille de 20 sous, les successeurs de Charlemagne auraient pu frapper monnaie avec ses premiers étalons sans altérer en rien le système monétaire.

S'il est donc bien avéré que, pendant environ un siècle, un ensemble de 240 deniers renfermait toujours une livre d'argent, en fut-il de même

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