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jetons sur lesquels les insignes de cet ordre, si recherché, si difficile à obtenir, n'eussent pas été indiqués. Mais ici encore un doute nouveau surgit. Jean portait-il la même devise que son père? Si Van Mieris fut bien inspiré en traduisant par Arma armis arcenda, les A de la médaille gravée à l'effigie du gouverneur de Lille, en 1484, la réponse semblerait devoir être négative.

Il est vrai que la lecture du savant hollandais est purement imaginative et ne repose sur aucune base sérieuse.

On le voit, les conjectures à tirer de l'étude de ce jeton sont très aléatoires et le plus prudent est de ne pas conclure définitivement. Le temps se charge souvent de nous apporter la solution de problèmes autrement difficiles, autrement compliqués que celui-ci. Mettons donc notre confiance en lui et attendons. Savoir attendre est un grand point en numismatique.

Jean de Bruges, sire de la Gruthuse avait épousé :

1o Marie, dame héritière d'Auxy, ChâteauFlavy, Fontaine-sur-Somme, Bazentin, Fumechon, Froheux, Maisière, Bulles et Lamet;

2o Renée de Bueil ou de Buul, fille d'Antoine et de Jeanne, bâtarde de Valois, fille naturelle de Charles VII, roi de France et de la belle Agnès Sorel ;

3o Marie de Melun, dame de Montmirail et d'Antoing. Cette dernière lui donna deux héritiers

mâles. L'aîné, Louis (1), mourut célibataire en 1528, à l'armée du maréchal de Lautrec, et le second, René, prit pour femme Béatrix de la Chambre (2).

Une fille unique naquit de ce mariage et avec René de Bruges, mort en 1572, s'éteignit, d'après les généalogistes que nous avons consultés, la célèbre famille des sires de la Gruthuse.

Quelques auteurs ont timidement tenté d'attribuer à l'un des descendants de Jean de Bruges les deux jetons et le méreau qui suivent :

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I. PHS IIII D: G HIS REX DNS. PROV INS· Z ·

Buste couronné du roi à droite, accosté de la date 16-22.

Rev. Écu écartelé, heaumé et sommé d'un vol. Au rer et au 4 de... à la croix de... chargée de cinq clous; au 2 et au 3 de... au sautoir de... (3).

Cuivre.

Collection Van den Broeck.

II. - SANS AIDE NE PVIS PASSE. Monogramme dans un cartouche.

(1) Butkens le fait naître du premier lit.

(2) La famille de la Chambre est originaire de la Savoie. La première famille de ce nom commence au xre siècle pour finir en 1460. La seconde famille est celle des Seyssel, héritiers testamentaires du nom, des armes et des fiefs des la Chambre, le titre de comte et plus tard celui de marquis leur fut accordé. La Chambre porte d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la cotice de gueules brochant sur le tout.

(Communication due à l'obligeance de M. Demole.)

(3) VAN HENDE, Numismatique lilloise, no 426; DUGNIOLLE, Le jeton historique, no 3793.

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Rev. Les armes du n° I.

Cuivre.

Collection Van den Broeck (1).

III. - Saint Nicolas ressuscitant les trois enfants. SANCTVS NICOLAVS.

Rev. Armoiries semblables aux précédentes.

Cuivre.

Collection Van den Broeck (2).

Ces pièces sont du commencement du xvII° siècle; René de Bruges, dernier du nom, étant mort en 1572, elles ne peuvent, malgré une certaine analogie d'armoiries, être données à la famille de ce seigneur. M. Van Hende, dans sa Numismatique lilloise, nous dit qu'elles pourraient bien appartenir à la famille de Croix; c'est sans doute cette dernière supposition qui est la bonne.

M. A. Demay a décrit, d'après les archives du Nord, les sceaux suivants des de Bruges, sires de la Gruthuse (3) :

1° Sceau rond de 26 millimètres de Gheldolphe de Bruges, appendu à l'assignation du douaire d'Isabelle, comtesse de Roucy, femme de Louis de Namur. Mâle, 17 mai 1365 (4);

2° Sceau rond de 30 millimètres de Jean,

(1) DUGNIOLLE, no 3795.

(2) DUGNIOLLE, no 3794

VAN ORDEN, Bijdragen tot de Penning

kunde van het koningrijk der Nederlanden, pl. VIII, no 2.
(3) Inventaire des sceaux de la Flandre, t. Ier, nos 659-662.

(4) Ce Gheldolphe est sans doute le Guildolf de Bruges, bailli de

Termonde en 1378, d'Alost en 1385. VAN PRAET, Recherches sur
Louis de Bruges, p. 53.

2

seigneur de la Gruthuse, de Grimberghe et de Pollaer, attaché au traité entre Louis comte de Flandre et Jean III duc de Brabant, daté de Termonde, le 31 mars 1336;

3° Sceau rond de 38 millimètres de Jean d'Aa, seigneur de Grimberghe et de Gruthuse. Cautionnement d'Alderic Intermineli, maître de la monnaie du comte de Flandre. Malines, 23 novembre 1384;

4° Sceau rond de 52 millimètres de Louis de Bruges, seigneur de Gruthuse, comte de Winchester, prince de Steenhuyse, 2 mai 1485. Promesse de payer à Maximilien, la somme de 20,000 couronnes montant de la cession du gouvernement de la Flandre.

Disons, en terminant, que le nom de Gruuthuise, Gruythuyse, Gruuthuse, Gruthuse, Gruthuyse signifie en langue flamande maison de la Gruyte « ainsi appelée, nous apprend Van Praet, d'un << droit ou impôt qui se prélevait sur la fabrica<< tion et la vente de la bière, sous la dénomina<< tion de Gruyte, sorte de drêche, et dont le produit se nommait Gruytegeldt ». Les profits provenant de cette taxe appartenaient à la famille de Bruges.

«

ALPHONSE DE WITTE.

DE LA LIVRE MONÉTAIRE

ET

DU SOU D'ARGENT.

(MONNAIES DE COMPTE.)

I.

Dans la quatrième livraison de la Revue belge de numismatique, année 1887, M. De Schodt, rendant compte d'une brochure que l'auteur, M. de Vienne, intitule Origine de la livre d'argent, unité monétaire, termine par ces mots : « son travail, plein d'intérêt, mérite une sérieuse attention. »

Peu versé dans l'étude de la métrologie et désireux de m'instruire, j'ai pensé qu'il me serait utile d'étudier la brochure de M. de Vienne; un de nos dévoués confrères a bien voulu me la communiquer et je m'empresse de le remercier.

A mon grand regret, le travail de M. de Vienne ne m'a point satisfait. Très érudit, incontestablement, ce mémoire a cependant le tort de tous ceux de l'espèce - (dans lesquels l'érudition seule dirige l'auteur) de laisser de l'incertitude dans l'esprit, mais il a encore le tort plus grave:

De faire une fâcheuse confusion entre les nom

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