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De Fraisne prétendit porter sa cause devant la justice de Maestricht et fit si bien que cette affaire n'était pas encore terminée en 1649.

Le successeur de De Fraisne fut Nicolas Marteau, dit del Xhure, qu'on rencontre en qualité de wardien le 7 mars 1642 et le 8 mars 1646. A cette dernière date, les notes relatives aux ouvertures de la boîte des monnaies (1) nous apprennent que les livraisons des écus d'or, faites depuis le 11 février 1644 jusqu'au 3 mars 1646, s'élevaient à 162 marcs d'œuvre 4 onces 4 1/2 esterlins; celles des dalers, depuis le 2 mars 1644 jusqu'au 14 février 1646, à 3,460 marcs 6 onces 17 esterlins.

Une instruction fut donnée à Jean Goffin, le 9 janvier 1646, l'autorisant à forger:

1° Une pièce de 40 patards Brabant (2 florins), portant, d'un côté, les effigies de Notre-Dame et de saint Lambert, et, de l'autre, les armes du prince (de Ren., 18), laquelle pièce reviendrait à la même valeur intrinsèque que les dalers de Son Altesse, savoir à 9 deniers 1 1/2 grain et du poids de II esterlins 21 grains;

2o Le demi, le quart et le huitième, à l'ave

nant.

Par décision du 27 février, le chapitre limita provisoirement la fabrication de ces monnaies à 3,000 marcs; elles devaient tenir en aloi 9 deniers

(1) Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies.

3 grains, conformément à l'épreuve qui en avait eu lieu (1).

Jean Goffin ayant demandé la permission de continuer à faire des dalers et de les émettre à 38 patards, la chambre des comptes, dans sa séance du 12 mars 1646, n'y voulut point consentir, vu que les derniers édits ne fixaient la valeur du daler qu'à 36 patards. A la place, elle autorisa le monnayeur à forger les nouvelles pièces, ajoutant que s'il craignait « la calomnie » pour celles

de

40 patards, il devait se contenter de fabriquer les autres ou ne rien faire du tout (2).

Dès le 16 mars, la forme de ces nouvelles pièces fut vivement critiquée au chapitre. Le 17 mai, messieurs de la chambre des comptes, au nom du prince, en écrivirent à Henri Munters, prévôt des monnayeurs de Hasselt: « Comme il y a plainte, disaient-ils, que les monnaies d'or et d'argent qui se forgent présentement en notre cité sont de laide mise et mal cognées par la faute des ouvriers, nous vous ordonnons de nous envoyer au plus tôt les meilleurs et les plus experts ouvriers de votre compagnie (3) ».

Comme on continuait à frapper des dalers et que la valeur intrinsèque de ces pièces laissait parfois à désirer, le chapitre, dans sa réunion du

(1) Pièces justificatives, no XLIII. reg. 150, fol. 136.

Conclusions capitulaires,

(2) Chambre des finances, Protocole, reg. 25, fol. 81 vo.

(3) Ibid., fol. 88.

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30 mai, fut d'avis qu'il fallait suspendre le monnayage des espèces d'or et d'argent, jusqu'à ce que l'épreuve en eût été faite et la quantité déterminée. Il exceptait cependant de cette mesure la nouvelle monnaie d'argent, dont il permettait d'achever la fabrication (1).

On fit l'ouverture de la boîte des dalers et des écus d'or le 24 octobre, après quoi la chambre des comptes ordonna provisoirement à Jean Goffin de ne plus monnayer. Le 2 novembre, elle l'autorisa à reprendre la fabrication des dalers, pour la somme qui lui restait (2).

Quant aux nouvelles monnaies, il y en avait encore à faire, mais on ne frappa probablement jamais les huitièmes ou pièces de 5 patards, puisque, le 16 novembre 1646, la chambre des finances donna l'ordre à Jean Goffin de lui dire exactement ce qu'il avait battu en pièces de 40, de 20 et de 10 patards (3).

Dans une ordonnance de 1656, il est question d'une instruction donnée encore à Goffin, le 16 février 1650 (4); nous ignorons ce qu'elle est devenue.

La fabrication des monnaies de cuivre, si active au commencement du règne de Ferdinand de Bavière, fut reprise vers la fin de l'année 1636.

(1) Conclusions capitulaires, reg. 150, fol. 163 et 164.
(2) Chambre des finances, Protocole, reg. 25, fol. 93 vo.

(3) Ibid., fol. 94 vo.

(4) Pièces justificatives, no XLVII.

Déjà le 3 septembre 1635, le gouverneur du château de Bouillon avait demandé la permission de faire battre monnaie, mais la réponse du chapitre nous est restée inconnue. Cependant il fallait licencier une partie de la garnison et l'on était sans argent pour la payer. Dans cette extrémité, le chapitre ne trouva d'autre moyen que d'autoriser la fabrication d'une monnaie légale dans le duché de Bouillon, et d'en affecter les régaux à la paye des soldats congédiés (5 décembre 1636).

A la demande du gouverneur et pour subvenir à l'extrême besoin des soldats, l'autorisation de forger une monnaie de cuivre qui aurait cours dans le duché, fut renouvelée le 3 février 1640, et la quantité limitée à 10,000 livres (1).

Entre ces deux émissions, il y en eut une autre dans un endroit qui n'est pas désigné (Hasselt ou Maeseyck?); on sait seulement qu'une instruction relative à la fabrication d'une nouvelle monnaie de cuivre fut soumise au chapitre, le 27 novembre 1637 (2).

De même que la garnison de Bouillon, celle de Dinant était dans la misère. Le gouverneur de la

(1) Conclusions capitulaires, reg. 141, fol. 7.

tives, no XL.

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Pièces justifica

Le 13 mars 1637,

(2) Conclusions capitulaires, reg. 144, fol. 101. un bourgeois de Maeseyck, nommé Léonard Lincen (Linssen?) ayant demandé la permission d'y frapper de la monnaie de cuivre, le chapitre

suspendit

sa décision jusqu'à ce que cette requête eût été appuyée par

les bourgmestres. (Ibid., reg. 142, fol. 101.)

ANNÉE 1888.

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ville s'adressa, comme toujours, au chapitre, qui, dans sa réunion du 4 mars 1640, décida que Son Altesse ferait forger 6,000 livres de cuivre à Dinant, et que les bénéfices de l'opération seraient distribués aux soldats (1).

Ce monnayage était placé sous la surveillance d'un wardien nommé Art (Arnold) Clocquerts et durait encore le 10 novembre (2).

En cette année 1640, on frappait de la monnaie de cuivre non seulement à Bouillon et à Dinant, mais encore à Hasselt et à Visé. L'entrepreneur de cette vaste fabrication était un orfèvre nommé François Schelberg, auquel Henri Munters, le prévôt des monnayeurs de Hasselt, devait fournir tous les ouvriers dont il avait besoin (3).

C'était Christophe De Fraisne qui remplissait, le 10 juillet 1640, les fonctions de wardien à la monnaie de cuivre de Hasselt. Le 2 avril, on y forgeait des liards et des gigots ou demi-liards. Cela dura jusqu'à ce que la chambre des comptes, dans sa séance du 6 juillet 1641, eût ordonné à Schelberg de ne plus faire travailler à Hasselt.

(1) Pièces justificatives, no XLI.

(2) Chambre des finances, Protocole, reg. 23, fol. 341. Protocole du notaire Bellevaux, reg. 1637-1658.

(3) Chambre des finances, Protocole, reg. 23, fol. 333 et passim. François ou France (Franz) Schelberg, qualifié de bedeau (virgifer) de Saint-Lambert, au mois de novembre 1640, fut nommé orfèvre de la cathédrale le 8 février 1642. Il eut un fils qui devint chanoine et écolâtre de Sainte-Croix.

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