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Légende VILLE D'OSTENDE * MÉDAILLE

COMMEMORATIVE.

Rev. Trophée d'instruments de musique sur lequel est posé un cartouche rond, destiné à recevoir une inscription.

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MÉREAUX DU XIV SIÈCLE

ET AUTRES

CONCERNANT

LA DÉVOTION AU SAINT-SACREMENT DE MIRACLE

DE BRUXELLES.

PL. VI, NOS I A 6.

Le méreau belge du xive siècle, en cuivre rouge et de très beau travail, qui nous a fait, cette fois, prendre plus particulièrement la plume, est représenté sur la planche VI, figure 1. Il a été publié en 1857 dans cette Revue (1), par M. Renier Chalon, qui le décrivait ainsi :

<< Tête de vieillard, barbue, vue de face et posée sur une espèce de croix dont les branches se terminent par trois étoiles ou croisettes; deux épées convergent vers la bouche, la pointe en dedans; le tout dans une épicycloïde à dix lobes.

(Revers :) « L'agneau et la croix, type des moutons d'or, dans une épicycloïde à dix lobes (2).

« La gravure de ce jeton est des plus remarquables... Son style le rapporte au xive siècle,

(1) Pl. X, fig. 9; pp. 215 à 217.

(2) « Collection de M. le comte de Robiano. >>

à l'époque de nos plus belles monnaies du moyen âge... »

La grande majorité des archéologues, non influencés par quelque considération particulière, ne pourra jamais voir, au droit du méreau dont il s'agit, autre chose que la tête de Jésus-Christ, représentée de face, et percée de deux glaives ou poignards. Mais M. Chalon, en décrivant le type comme il l'a fait, était préoccupé par la pensée qu'il pouvait bien se trouver en présence de quelque sujet emprunté à la vision que rapporte l'évangéliste saint Jean dans le chapitre Ier de l'Apocalypse, où quelqu'un comme le Fils de l'Homme (similem Filio Hominis) apparaît avec un glaive à deux tranchants qui lui sort de la bouche (de ore ejus gladius utrâque parte acutus exibat) (1), ce qui ne cadrait d'ailleurs que médiocrement, ainsi que l'auteur s'en rendait fort bien compte, avec le cas des deux glaives gravés sur le méreau, où on les voit, bien loin de sortir de la bouche de la figure représentée, y pénétrer de la manière la plus évidente. Aussi M. Chalon n'avait-il pas voulu se prononcer définitivement avant d'avoir consulté un savant qu'il reconnaissait être plus versé que lui dans l'étude des questions d'icono

(1) Apoc., cap. I, v. 16. Il est encore question du glaive à deux tranchants au chapitre XIX de l'Apocalypse; là, le glaive est dit, clairement, sortir de la bouche du Verbe de Dieu (Verbum Dei); en outre le Verbe est couronné de plusieurs diadèmes, ce qui est encore moins applicable au type du méreau.

graphie religieuse, et qui était Didron aîné, alors directeur des Annales archéologiques. Didron fit sa réponse sous la forme d'une lettre que M. Chalon a publiée; il y abondait tout à fait dans le sens de l'opinion qu'on lui avait soumise, et il apportait à l'appui de cette opinion, devenue la sienne, des idées brillamment exprimées, à défaut de preuves qu'il ne perdit pas son temps à chercher, laissant entièrement ce soin-là à ceux qui voudraient le prendre (1). Il ajoutait, vers la fin de sa lettre : << Sur l'avers de votre jeton, c'est la figure du Dieu des Combats; sur le revers, c'est celle de l'Agneau Divin, c'est-à-dire du Dieu de la Paix. » De son côté, M. Chalon avait écrit, dans un sens

analogue, ces autres lignes : « On sait que le vieillard de l'Apocalypse est ordinairement représenté avec une épéc sortant de la bouche (2). La tête aux deux épées, de ce jeton, mise en rapport

(1) « Je ne vous cite pas, Monsieur, toutes les preuves à l'appui de «< ces observations; les vitraux, les manuscrits à miniatures, les « tapisseries, les émaux, les sculptures vous renseigneront sur les « points que je vous signale. »

(2) Il est bien question de vieillards dans l'Apocalypse, mais le sujet que nous traitons nous met dans l'obligation de faire remarquer que ce n'est pas dans le passage où se trouve rapportée la vision de saint Jean, à laquelle il est fait allusion ici. Bien certainement il y a eu quelque confusion dans les expressions dont M. Chalon s'est servi, comme aussi lorsqu'il a appelé « tête de vieillard » la tête représentée sur le méreau, et qui, même au point de vue où il s'est placé, ne peut être qu'une image de celle du « Fils de l'Homme », dont la vie ter restre, chacun le sait, n'a nullement atteint à la vieillesse.

avec l'agneau du revers, nous paraissait, malgré l'étrangeté de son double glaive, ne pouvoir être que cette même personnification apocalyptique de Dieu... »

Malgré tout le renom dont Didron a joui, et l'influence, assez généralement justifiée, qu'il a longtemps exercée sur la marche des études archéologiques se rattachant à l'iconographie chrétienne, nous devons bien dire que ce n'est pas d'aujourd'hui que les explications données par lui, touchant le visage aux deux glaives représenté sur le méreau que lui avait soumis l'honorable M. Chalon, nous paraissent être très hasardées, en même temps que peu applicables au sujet. Nous ne voyons guère, quant à nous, la possibilité de la présence, sur un méreau, de l'emblème mystique que l'on avait cru y rencontrer, et qui, tout au moins dans les provinces belges, d'où ce méreau est incontestablement originaire, n'a jamais été, que nous sachions, l'objet d'une dévotion spéciale ou le symbole du patronage d'un établissement quelconque, pieux ou charitable. Des allégations vagues, de quelque part qu'elles viennent, ne peuvent avoir l'autorité d'une référence sérieuse; et quand on lit avec attention la lettre de Didron, on ne voit que trop complètement transparaître la pénurie de ses « preuves » dans le moment où il semble y renvoyer avec le plus de profusion (1). Ou nous

(1) Dans son Histoire de Dieu, au point de vue de l'iconographie

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