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écus d'or, simples ou doubles, forgés par Manlich. On lui adjoignit, comme essayeur et wardin, Charles de Conninck, qui prêta serment le 23 mai et fut envoyé à Hasselt quelques jours après (1).

Ce fut donc entre les mains du maître monnayeur nouvellement établi à Hasselt, que, par un mandement publié le 31 mai, le prince ordonna de rapporter les florins d'or et les écus d'or, simples, doubles et quadruples, si déloyalement fabriqués par Paul Manlich (2). Ces pièces devaient être reprises dans les huit jours, au taux fixé par l'édit du 28 février 1614 (3), puis rompues ou refondues, en présence du wardin ou des détenteurs. Passé ce terme, le monnayeur n'en devait plus payer que la valeur intrinsèque. Toutefois, cette mesure rigoureuse fut tempérée par un édit du 6 septembre 1616. Quant aux monnaies d'argent, pareillement forgées à Bouillon, mais moins défectueuses, le prix en fut maintenu jusqu'à nouvel ordre.

En même temps qu'il décrétait cette démonétisation, Ferdinand de Bavière ordonnait de frapper à Hasselt 1° De nouveaux écus d'or (Ordonnance, etc., Anvers, 1615 et 1633), différents de

(1) Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies, fol. 11 vo; Protocole, reg. 21, fol. 166 et 168. Ce Ch. de Conninck est cité comme wardin de la monnaie de Liége, le 3 juillet 1613 (Ibid., reg. 22, fol. 83).

(2) Pièces justificatives, no XXXI.

(3) Cet édit, publié le 5 mars, évaluait le florin d'or à 3 florins

6 patards, l'écu d'or à 4 florins.

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forme et de plus d'un carat meilleurs que les autres ne devaient être, lesquels auraient cours à 4 florins 3 patards Brabant, les doubles et les quadruples à l'avenant; 2° De nouveaux dalers de 30 patards (de Ren., 17), ainsi que des « doubles dalers, tiers et simples (Rev. belge de num., 1884, XII, 21), quarts et demy-quarts », de forme également différente.

Thomas Creyen se mit aussitôt à l'œuvre, et ses pièces d'or et d'argent furent essayées au chapitre le 14 juin. Nous ne connaissons pas le résultat de cet essai; mais nous savons que l'écu d'or de Hasselt était semblable à celui de 1631, qui tenait en aloi 21 carats 2 grains. La taille en était de 72 64/83 au marc de Troyes (1). Quant aux dalers, ils furent forgés à l'avenant des pièces de 15 patards d'Ernest de Bavière et conformément aux ordonnances précédentes (pièces justificatives, nos XXVIII et XXIX), à 9 deniers 2 grains et de 14 2/5 au marc de Troyes (2).

Les marchands ayant demandé qu'on forgeât aussi des florins d'or (de Ren., 1), il fut résolu d'en fabriquer à 18 carats 6 grains et de 75 15/19 au marc de Troyes, c'est-à-dire selon la loi de l'Empire, la taille de ces florins équivalant exactement à celle de 72 au marc de Cologne. C'est à cette

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(1) Pièces justificatives, no XXXVIII. Ordonnantie van de Ertzhertoghen, etc. Anvers, 1615.

(2) HIRSCH, t. IV, p. 44.

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fabrication qu'il faut probablement rapporter l'ordre donné à Creyen, le 27 juin, de continuer à forger des florins d'or « pour achever les matériaux qu'il a préparés (1). »

Quelques jours après, la chambre des comptes. se plaignit de ce que les monnaies d'or et d'argent de Creyen étaient frappées avec négligence, mal arrondies et colorées (2).

Le 27 août 1614, elle lui permit de remplacer, sur les dalers, l'image du lion par l'effigie de Son Altesse (de Ren., 15), afin d'accommoder les marchands qui demandaient ce changement; toutefois, le lion devait continuer à figurer sur les autres pièces, comme il était ordonné (3).

Dans l'entre-temps l'essayeur Charles de Conninck, étant tombé malade, fut remplacé par Gérard Munters, qui prêta serment le 29 août (4).

Ce sont là les derniers vestiges de l'activité de cet atelier hasseltois. Dès le 13 septembre, la chambre des finances, sur la requête de Thomas Creyen demandant le transport de la monnaie de Hasselt à Visé, lui ordonna de louer une maison convenable en ce dernier endroit, et de la faire approprier aux moins de frais possible. Le 14 octobre, elle lui enjoignit de se rendre incontinent à Visé, avec tous ses ouvriers, et d'y faire besogner

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 169 et 170.

(2) Ibid., fol. 171 vo.

(3) Ibid., fol. 177 vo.

(4) Ibid., fol. 177 vo et 178.

ANNÉE 1888.

en diligence, << vu qu'il y a apparence d'avoir de l'argent en abondance et que S. A. S. y perd beaucoup par le retardement. » Le 18, elle chargea Creyen de payer à Mme de Mombeeck une année de loyer, pour les six mois que sa maison avait été occupée. Enfin, dans les derniers jours d'octobre, le gardien de la monnaie de Hasselt, qui était alors Gérard Houwen, rapporta à la chambre la boîte, les coins et les instruments qui lui avaient été confiés (1).

Thomas Creyen, devenu maître de l'atelier de Visé, manquait d'ouvriers pour convertir en espèces tout l'argent qu'on mettait à sa disposition. Le 30 octobre, la chambre des comptes ordonna aux compagnons monnayeurs de lui en fournir un nombre suffisant (2).

Charles de Conninck, wardin de la monnaie de Visé, fut chargé, le 30 décembre, de faire mettre, sur les nouveaux coins, la date 1615. Sur sa proposition, la chambre ordonna, le 19 janvier, de forger les testons avec l'effigie de Son Altesse, pour les marchands qui en désireraient (3).

Creyen reçut l'ordre de rendre ses comptes le 13 avril 1615, en y comprenant tout ce qu'il aurait forgé jusqu'à ce jour, tant en or qu'en argent.

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 180 v°, 182, 183 vo et 185; reg. 22, fol. 126.

(2) Ibid., reg. 21, fol. 185.

(3) Ibid., fol. 191 vo, 198 et 201.

Toutefois l'atelier de Visé subsista jusqu'en 1619. Le 5 avril de cette année, la chambre des finances ordonna au wardin de Conninck de se transporter incontinent à Visé, d'y rassembler le matériel et les ustensiles de l'établissement, de les faire charger sur un bateau et de ramener le tout à Liége (1).

Au commencement de l'année 1615, Ferdinand de Bavière avait établi à Maestricht un monnayeur nommé Guillaume Verhouttaert (2). Le droit qu'avait le prince de battre monnaie dans la Nieuwstad étant contesté par les souverains du Brabant, l'atelier de Maestricht ne produisit, paraît-il, que quelques dalers et des liards (3).

Verhouttaert demanda, l'année suivante, l'autorisation de reprendre le monnayage; mais la chambre des comptes était mal disposée pour lui, et il échoua (4).

La monnaie de cuivre se frappait à Liége, où l'atelier d'Adrien Franssen produisit des gigots et des demi-gigots (Rev. belge de num., 1854, XII, 24)

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 212; reg. 23, fol. 18 vo.

(2) Pièces justificatives, no XXXIII.

(3) 3 février 1615. « Messieurs (des finances) ordonnent à Guilheame Verhouttaert, monnoyeur de Mastricht, de payer à Jean Varin vingtenueff florins dixseptz patars, pour un poinçon de liartz qu'il at fait pour ladite monnoye et douses coings dedit learts, ung pied de dalers et ung dessus qu'il at livré. » (Chambre des finances, Protocole, reg. 22, fol. 133 vo.)

(4) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 244 et 262 vo.

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