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gauche appuyée sur l'un des pistolets retenus par

sa ceinture.

C. J. et PL.

Module: 43 millimètres. PL. V, no 3.

Comme on le voit, le coin de cette médaille semble avoir été fabriqué d'après la gravure cidessus décrite, et l'on peut remarquer quelle buste du contrebandier, placé sur l'avers, n'est que la reproduction agrandie de la partie supérieure de l'effigie du revers.

Intelligent et brave, tout en lui respirait l'énergie et la passion. On sentait l'homme pouvant aller au crime ou à l'héroïsme, suivant les destinées,...et si la sienne, trop prématurée sans-doute, en a fait le type du bandit, elle aurait, un demi siècle plus tard peut-être, pu le couronner une des gloires de l'Empire (1); mais il était arrivé avant le temps, et il resta un simple contrebandier et un

assassin.

Mandrin! Duguesclin!... « Effroyable mystère d'injustice, d'après lequel a dit, je ne sais quel écrivain, nous estimons la valeur des hommes et des diamants! Héros ou brigand, objet d'admiration ou de mépris, brillant qui orne la main ou morceau de charbon qui la salit, par le seul caprice

(1) On est allé jusqu'à prétendre que, pendant le procès de Mandrin à Valence, le vainqueur de Berg-op-Zoom, le maréchal de Lowendahl, écrivit, de son lit de mort, une lettre à Louis XV, lui « conseillant de ne pas faire expédier Mandrin qu'on n'ait vu s'il y aura guerre, parcequ'il n'y a que lui qui puisse le remplacer. »

ANNÉE 1888.

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d'un hasard de cristallisation jouant avec des éléments identiques...

Sic fata voluere.

«

«La vie de Mandrin, suivant M. Ad. Rochas, qui termine ainsi la longue et intéressante notice, qu'il lui a consacrée, offre la matière d'une curieuse étude historique; rien n'est moins connu, et quand on pénètre dans l'intimité des faits, on y rencontre à chaque instant, les incidents les plus singuliers et les plus inattendus. Nous recommandons vivement ce sujet à l'attention des investigateurs de notre province, dussions-nous effaroucher ceux de nos lecteurs qui pensent avec un biographe du 16° siècle (André Thévet) « qu'il ne fault faire que le craïon des hommes dont l'exemple puisse << insciter et esguillonner à la vertu. »

Ainsi que je l'ai déjà dit, les opinions sont très divisées sur le compte de Mandrin, et l'on rencontre encore une foule de personnes, même des plus honnêtes, dont le sentiment ne peut se prêter à la pensée que cet homme fut en réalité un chef de brigands.

Je n'en veux pour preuve que l'anecdote suivante, par laquelle je terminerai cet article de numismatique.

Tout le monde sait que le général Vinoy, ancien sénateur et ancien Grand Chancelier de l'Ordre national de la Légion d'honneur, était né à St-Etienne-de-St-Geoirs, dans le pays même qui avait donné le jour à celui dont je publie la mé

daille. Sorti d'une humble famille, c'était par son courage et par son mérite personnel que le général Vinoy était arrivé aux fonctions les plus élevées et les plus honorables. Quelques années avant sa mort, arrivée en 1880, il voulut revoir son pays, ses parents et ses amis de jeunesse. Une réception des plus chaudes lui fut faite par tous, et, comme toute réception ne peut se passer d'un banquet, on n'eut garde d'oublier cette formalité. Tout se passa bien jusqu'au moment des brindes, où, raconte-t-on, sous le manteau de la cheminée, M. le Maire se leva, le verre en main :-Messieurs, dit-il d'un ton solennel, nous sommes heureux de recevoir notre illustre compatriote et de boire à sa santé; mais la légitime fierté de S'-Etienne exige que nous proposions aussi un autre toast: à la patrie de Mandrin et du général Vinoy!....

Ce fut le général Vinoy qui ne dut être ni fier ni heureux !....

G. VALLIER.

L'ŒUVRE MÉTALLIQUE DE CHARLES WIENER.

Il y a quelques semaines, Charles Wiener, comme s'il eût eu le pressentiment de sa fin, venait remettre lui-même à M. Picqué, conservateur du cabinet des médailles de l'État, les projets, modèles, cires et frappes diverses des pièces qui composent aujourd'hui son œuvre complet de glyptique. En le voyant alors si plein de vie, il ne fut certes venu à l'esprit de personne que le vaillant artiste nous eût quittés si tôt ; mais la mort, qui frappe d'un pied indifférent, devait brusquement l'atteindre et le ravir à l'affection des siens dans la journée du 15 août dernier.

Charles Wiener était né à Venloo (Limbourg belge) (1), le 25 mars 1832. Dès sa plus tendre enfance, il avait montré du goût pour les beauxarts. L'exemple de ses frères aidant, la carrière qu'illustrèrent Leone Leoni, Étienne de Hollande,

(1) Le traité du 22 juin 1839 rendit la ville au Limbourg hollandais.

Waterloos, Varin, Du Vivier, Van Berckel et tant d'autres, lui inspira une prédilection particulière. A douze ans, il était fermement décidé à suivre sa vocation et, pour ce faire, il demandait son inscription sur le registre-matricule de notre académie des beaux-arts, dont il suivit les cours de 1844 à 1852.

Pendant qu'il développait ainsi ses études de dessin, ses frères Jacques et Léopold, qui voyaient leur réputation s'établir, l'initiaient aux secrets de leur art. Profitant de leurs leçons, il fut vite en état de se choisir un maître et il ne craignit pas, en 1852, au sortir de l'académie de Bruxelles, d'aller à Paris, où feu Oudiné l'accueillit comme élève.

Graveur des élégantes monnaies de la seconde République, Oudiné faisait autorité par un talent justement apprécié. Il était en quelque sorte le Pradier de la médaille : le temps n'étant pas venu encore de s'affranchir de certaines traditions académiques, comme on n'a pas craint de le faire depuis. A son école, Charles Wiener apprit à grouper avec grâce, comme viennent le témoigner les revers des médailles de l'exposition du département de la Seine-Inférieure, de l'alliance des républiques américaines et surtout de l'exposition universelle d'Anvers. Avec cela, il conservait son sentiment natif de la réalité des types et l'on peut juger, par quelques effigies des dernières années de l'artiste, telles que celle du rabbin

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