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NUMISMATIQUE AFRICAINE.

MONNAIE D'OR

DE

PTOLÉMÉE, ROI DE MAURÉTANIE.

PL. V, No 4.

Tête laurée du roi, à droite. REX PTOLEMAEVS.

Rev. Chaise curule, sceptre et couronne. RAX. . A. Inédite (1).

Diamètre: 15 millim. Poids : 2.80.
Gravée pl. V, no 4.

Dans le courant de l'année 1882, M. Masqueray m'annonça la découverte, à Cherchell, d'une monnaie d'or, la première connue du règne de Ptolémée. M. Masqueray, dans sa lettre, n'en décrivant pas le revers, je le supposais représentant les insignes triomphaux que Tibère fit

(1) Une pièce identique est décrite comme étant d'argent dans la Numismatique de l'ancienne Afrique, par L. Müller, 3a vol., p. 129, n° 190. La direction de la Revue n'ayant eu sous les yeux qu'une photographie assez peu nette de la monnaie d'or dont il s'agit ici, celle-ci échappe naturellement à son appréciation.

(Note de la direction.)

parvenir à Ptolémée en récompense des services rendus pendant la guerre contre Tacfarinas. J'émettais par suite l'avis que la médaille avait pu être frappée en commémoration de cet évèncment. Cette supposition fut trouvée juste en ce qui concernait le type du revers, — qui était bien celui que j'avais indiqué, - mais l'année inscrite était la dix-septième du règne, quinze ans environ après la révolte du chef numide.

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M. de la Blanchère (Bulletin de correspondance africaine, fascicule V), rendant quelque temps après compte de la trouvaille de Cherchell, pense que la pièce a été illégalement frappée, incident qui aurait amené la mort du roi maurétanien. M. de la Blanchère ajoute qu'il ne faut peut-être y voir qu'un simple caprice de Caligula qui aurait donné à son cousin, mais seulement pendant l'avant-dernière année de son règne, le droit de monnayage d'or.

»

«

Depuis, M. Mommsen (Numismatische Notizen) a adopté cette hypothèse. Se basant uniquement sur la date XVII de la pièce, cet archéologue << admet que ni Juba, ni Ptolémée lui-même n'ont eu, << sous Auguste et Tibère, le droit de frapper << monnaie d'or, droit réservé exclusivement à l'empereur. C'est seulement Caligula qui le << donna à Ptolémée, en dehors de toute tradition << et contrairement à la règle invariable. On sait, « en effet, qu'à son avènement, il eut à cœur de << s'entourer d'un brillant cortège de royautés

vassales. Nouveau soleil, dit une inscription de Cyzique, il voulut associer à son éclat les rois <ses satellites (1). »

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La nouvelle monnaie décrite en tête de cette note fait depuis quelques jours partie de ma collection. Elle est bien conservée et datée de la dixième année du règne de Ptolémée. Elle confirme absolument l'opinion que j'ai antérieurement exprimée, et il devient incontestable aujourd'hui que le droit de frapper monnaie d'or a été conféré à Ptolémée par l'empereur Tibère (2).

Alger, le 10 mars 1884.

LOUIS CHARRIER.

(1) Bulletin de correspondance africaine, 1884, 1er fasc.

La numismatique a cela de commun avec l'astronomie qu'on est tenté d'y regarder tout d'abord comme bizarre, étrange, ce qui est nouveau et paraît sortir de l'ordre de choses établi. Mais tout s'explique bientôt et rien n'est dérangé...

(2) Les dates inscrites sur les pièces d'argent analogues, connues jusqu'à ce jour, sont les suivantes : V, VI, VII, VIII, VIIII, X, XII, XIII, XV, XVI, XVIII, dates qui pourront se rencontrer sur d'autres monnaies d'or aux insignes triomphaux.

Il faut aussi remarquer qu'un denier de Juba II présente ce même revers avec une date incertaine.

MÉDAILLES ET JETONS DAUPHINOIS.

UNE MÉDAILLE DE MANDRIN.

PL. V, No 3.

Je désire faire connaître une médaille de Mandrin, et je ne pense pas pouvoir mieux la produire que sous le titre général adopté par moi pour certaines pièces dauphinoises, titre qui permet de donner asile à tous les genres de célébrité. A coup sûr, je ne pouvais placer mon trop fameux compatriote parmi les hommes dignes de mémoire, et si, au premier abord, sa réunion à tant d'honnêtes gens, dont la numismatique a fait connaître les droits plus ou moins directs à l'admiration de la postérité, paraît un peu choquante, on pourra peut être admettre cette intrusion, inconvenante en apparence, quand j'aurai dit un mot des opinions émises au sujet d'un renom fort discuté.

Dieu me garde de rêver l'adjonction d'une biographie de plus aux nombreux écrits publiés sur ce personnage! Fort mal connu peut-être, à cause même de tout ce qui en a été dit sous l'inspiration du sentiment, de l'enthousiasme ou des passions de quelques écrivains, par des plumes vénales ou des panégyristes trop naïfs, je ne veux

toutefois m'en occuper qu'à un point de vue fort restreint et spécial à la Revue qui veut bien accueillir cet article.

Sous le titre d'Archéologie de contrebande... à propos de Mandrin, je publiai, il y a plus de vingt ans, dans le Bulletin de l'Académie delphinale (1), une notice sur la chaussure que, dans les cas urgents et pour dépister la maréchaussée, le fameux contrebandier fixait, au moyen de courroies, aux pieds de sa mule, chaussure authentique s'il en fut et dont je donnai la très curieuse image: un soulier de cuir, en forme de sabot, mais ferré à rebours.

Aujourd'hui je veux offrir, non plus aux archéologues, mais aux numismates, une médaille non moins curieuse que j'ai découverte depuis de longues années dans la riche collection du regretté M. Algan, de Nantes, et dont j'ai retrouvé dernièrement un écho dans une collection particulière de Grenoble. Je dis un écho: car cette pièce est identique à la première, dont j'avais un peu oublié l'empreinte au fond d'un tiroir; et, comme celle de Nantes est en cuivre jaune ou laiton, et que la dernière est en plomb- - avec quelques traces de il est évident que celle-ci a dû être coulée sur la précédente, dont elle n'est ainsi qu'un surmoulage. Mais peu importe! la médaille n'en est pas moins une rareté, car je l'ai

dorure ancienne,

(1) 164, pp. 844 et suiv.

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