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Thomas Masset, bourgeois de Liége, selon l'instruction qu'il avait reçue et aux gages de 200 florins Brabant par an (1).

Le 10 du même mois, - sans doute en guise de protestation contre les prétentions du prince de Sedan Ernest de Bavière institua la charge de maître nonnayeur du duché de Bouillon. Il la conféra à Paul Manlich, bourgeois de Liége, pour forger,« soubs le nom et tiltre de Bouillon », des pièces semblables, quant au poids et à l'aloi, à celles que frappait le duc de Lorraine (Henri II). Ces pièces, d'une valeur de 15 patards (de Ren., 9), devaient tenir 9 deniers 2 grains de fin et être en taille de 28 2/3 au marc de Troyes; mais, à l'essai du 11 mai 1611, on constata qu'elles dépassaient de 4 1/2 grains le titre prescrit, de sorte que le monnayeur fut autorisé à retrouver cette différence sur celles qu'il forgerait encore (2).

Les monnayeurs de l'Empire s'émurent de l'introduction de ce nouvel atelier, dont ils considéraient le chef comme un intrus. Sur leur réclamation, les commissaires du cercle de Westphalie, réunis au mois d'octobre 1611, écrivirent au chancelier du prince, pour qu'on eût à cesser la fabrication des monnaies marquées du chiffre XV (XV Stüber), récemment forgées, disaient-ils à 9 deniers 6 grains et trop faibles de poids (3).

(1) Conseil privé, Dépêches, reg. 35, fol. 62.

(2) Pièces justificatives, no XXVIII.

(3) HIRSCH, t. VII, p. 405.

II

FERDINAND DE BAVIÈRE, 1612-1650.

Armoiries ordinaires de Bavière-Palatinat.

Neveu et coadjuteur d'Ernest de Bavière, Ferdinand lui succéda dans son archevêché de Cologne, dans ses évêchés de Liége (12 mars), de Munster et de Hildesheim, et dans l'abbaye de Stavelot. En 1618, il devint aussi évêque de Paderborn.

Le règne de ce prince, qui ne devint jamais prêtre et résida presque toujours à Bonn, ne fut qu'une longue suite de discordes sanglantes, principalement occasionnées par son opposition constante à l'élection des magistrats communaux par le peuple, sans son intervention. D'un côté, étaient les Chiroux, partisans du prince et des Espagnols; de l'autre, les Grignoux ou mécontents, attachés à la France. Ferdinand ne rougit pas d'appeler à son secours les Impériaux, qui ravagèrent le pays; on l'accusa d'avoir trempé dans l'assassinat du fameux bourgmestre Laruelle, en 1637; enfin, grâce à l'appui d'une armée bavaroise, il rentra en maître dans la cité (1649).

Ferdinand de Bavière mourut un an après, le 13 septembre 1650.

Par commission du 27 août 1612 (1), Paul

(1) Pièces justificatives, no XXIX.

Manlich fut continué dans sa charge de monnayeur du duché de Bouillon, avec pouvoir de forger or et argent, en commençant par des testons de 15 patards, des doubles (de Ren., 6 et 14) et des quarts, toujours au même pied que ceux du duc de Lorraine.

Adrien Franssen fut aussi repris comme monnayeur de Liége, le 21 septembre 1612, pour y fabriquer des espèces d'or et d'argent, selon les instructions à donner par les députés du cercle de Westphalie (1). Ceux-ci, modifiant, le 1er mai 1613, le poids et l'aloi adoptés en 1608, pour les mettre en rapport avec le prix du ryxdaler, qui était monté à 54 patards, ordonnèrent de forger :

1o Les patards (de Ren., 9) à 2 deniers 16 grains et de 128 au marc de Cologne;

2o Les doubles patards (de Ren., 24) à 4 deniers 7 grains et de 106 3/4 au marc;

3o Les demi-réaux (Rev. belge de num., 1884, XII, 22) à 5 deniers 4 grains et de 82 2/3 au marc; 4o Les pièces de quatre patards (de Ren., 8) à 4 deniers 20 grains et de 55 3/8 au marc (2).

Le cri du 16 janvier 1615 donna cours aux doubles et aux quadruples patards.

Quant à la monnaie de Maeseyck, elle avait perdu son chef, le vieux Vanden Nederhoven. Son

(1) Conseil privé, Dépêches, reg. 34, fol. 90 vo.

(2) WOLTERS, Notice historique sur l'ancien chapitre de Thorn, P. 66.

gendre, Pierre Verschul ou Verscheulen, qui, dès avant le 5 mai 1612, lui avait été provisoirement substitué, dirigeait encore cet atelier au mois de septembre 1613 (1).

L'atelier de Bouillon, sous la direction de Paul Manlich, produisit une quantité considérable de numéraire. Cependant, on reconnut que ces espèces n'avaient ni le poids ni le titre portés dans les ordonnances, qu'elles étaient « instables et différentes ». C'est ainsi que l'aloi des simples et des doubles écus d'or (de Ren., 4 et 5) variait de 17 carats 7 grains à 19 carats 2 grains; celui des florins d'or (de Ren., 12) était de 16 carats 6 à 9 grains, au lieu de 18 carats 6 grains. Les dalers de trente patards (de Ren., 6) étaient estimés, pour les changeurs, sur le pied de 8 deniers 16 grains, au lieu de 9 deniers 2 grains (2).

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 46, et reg. 22, fol. go vo. A la demande des monnayeurs du comté de Looz, Ferdinand de Bavière confirma deux fois les privilèges de leur corporation: 1o le 29 avril 1613, sur la requête de Henri Munters, de Curange, prévôt; de Gérard Munters et d'Arnold van Elsrack, tous deux jurés et orfèvres; de Tilman Cannarts; d'Aert Goetbloets; de Renier van Elsrack; de Henri Houtappel; de Quintin Houtappel, son fils; de Jean Borgers; d'Aert Cannarts; de Gautier van Elsrack; de Henri Munters et de Frans Munters, frères; 2o le 3 octobre 1622, sur la requête de Gérard Munters; d'Arnold et de Renier van Elsrack, tous deux jurés; de Gérard Deekens; de Jean Bischops; de Quintin Houtappels ; d'Ernest Laureten et consorts. (Pièces justificatives, no XXX, et Dépêches du conseil privé, reg. 40, fol. 78.)

(2) Ordonnance des archiducqz, etc., Anvers, 1614. Carte ou

liste de 1633.

Il fallait prendre des mesures pour parer à ces abus. Manlich fut arrêté et poursuivi à cause du dommage qu'il avait causé (1). Le 14 avril 1614, on s'assura que Jean Vairin, tailleur des coins de la monnaie de Bouillon, avait remis ces coins au wardin Thomas Masset, et, le lendemain, on lui fit rapporter ses poinçons à la chambre des finances (2). Le prince créa la charge de commissaire et directeur général des monnaies, et en revêtit, le 26 avril, Guillaume Wyntgis, docteur ès droits, au traitement annuel de 200 florins de Brabant et de 400 pour l'agence de Hollande (3). Il nomma, le 29 avril, Thomas Creyen ou Crayen, maître de la monnaie du duché de Bouillon, pour six ans, et lui fit donner, par son commissaire Wyntgis, les instructions les plus minutieuses (23 mai) (4). Creyen n'alla cependant pas travailler à Bouillon; car on le trouve désormais à la tête de l'atelier récemment établi à Hasselt, dans une maison appartenant à Mme de Mombeeck. Il fut chargé de déduire du produit des régaux la moins-value des florins d'or et des

(1) Chambre des finances, Protocole, reg. 21, fol. 168. (2) Ibid., fol. 162.

(3) Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies, fol. 1. On voit, dans ce même registre (fol. 12 vo), que G. Wyntgis était fils de Melchior Wyntgis, conseiller et maître de la chambre des comptes de Brabant. Quant à l'agence de Hollande, c'était par son intermédiaire qu'on se procurait les métaux précieux destinés à être monnayés. (4) Ibid., fol. 4. Pièces justificatives, no XXXII.

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