Page images
PDF
EPUB

-M. Oudin, ayant invité M. Josse, vice-président, et M. Duhamel, secrétaire annuel, à siéger au bureau, prend la parole en ces termes :

MESSIEURS,

S'il est dans la vie (et pourquoi sont-elles, hélas si nombreuses?) de pénibles surprises, je serais un ingrat en ne reconnaissant pas qu'il y en a de bien agréables, et, au premier rang de celles-ci, je compte celle qu'il vous a plu de me faire en me nommant votre Président pour l'année 1882. Oui, vos suffrages m'ont flatté, j'en suis, je dois en être fier; mais ce premier moment de satisfaction absolue passé, je me suis demandé, non sans une vive inquiétude, comment je pourrai justifier votre choix et remplir les devoirs qu'il m'impose Et ce sentiment de défiance si naturelle s'est davantage accentué quand j'ai pensé à ceux auxquels je succédais; aux hommes éminents, mes prédécesseurs. A l'instant encore M. le Président de Calonne voulait bien, avec son aménité habituelle, m'encourager par les paroles les plus bienveillantes. Comme j'étais ému en écoutant ce chaleureux orateur, ce brillant écrivain, l'infatigable et l'heureux chercheur, le digne lauréat de l'Institut de France, dont la Présidence a été si féconde, l'esprit d'initiative si marqué. D'un mot je caractériserai son administration: le succès de notre séance publique annuelle. Que l'année 1882 soit aussi laborieuse que sa devancière, ce serait mon ambition, mon orgueil.

Je vous ai confessé, Messieurs, mes appréhensions trop fondées; me permettrez-vous maintenant de vous entretenir un moment des motifs de confiance qui se présentent à mon esprit. C'est d'abord le concours que j'obtiendrai de notre honorable Secrétaire perpétuel, la personnification de notre Société et de ses traditions, dont le zèle, l'intelligence et le savoir ne sauraient être assez loués Je demanderai aussi à M. le Trésorier de vouloir

bien continuer les services qu'il nous rend. Il serait impossible de remettre nos intérêts en de meilleures mains.

Je compte aussi et beaucoup, sur les collègues que vous m'avez adjoints, car je suis convaincu que leur aide sera des plus précieuses; ils ont fait leurs preuves et vous me saurez gré, quand d'impérieux services me retiendront loin de vous, de laisser å M. Josse le soin de me remplacer.

Quant à M. Duhamel-Décéjean, pour être un secrétaire accompli, il n'aura qu'à suivre l'exemple de M. Poujol de Fréchencourt.

Une autre cause de confiance et en même temps de force existe, je la trouve dans le mobile qui vous a guidés en me désignant. Vous avez voulu honorer la Compagnie à laquelle j'appartiens. Les paroles prononcées par M. Salmon, lors de ma réception, sont toujours présentes à ma mémoire; il disait en d'excellents termes : « Il y a toujours eu entre la Cour d'Amiens « et la Société des Antiqaires de Picardie une liaison que j'o« serais presque appeler intime.» Que c'était vrai !.. Il y a tantôt 25 ans, au début de ma carrière, un Procureur Impérial, mon premier maître, m'apprenait à vous connaître, m'initiait à vos travaux. Il a été enlevé prématurément, mais il revit parmi nous dans son fils, l'hérititier de sa science et de ses aimables qualités. J'ai nommé M. de Marsy. Quand je suis arrivé au couronnement de ma carrière, M le Président de Rcquemont, éveillant des désirs qui n'auraient pas en l'audace de se manifester, avec l'autorité de son nom, de la place qu'il occupe ici, daigna, faveur dont je ne cesserai de lui être reconnaissant, me servir de parrain, et me présenta à vous de concert avec mes collègues, j'allais dire mes amis MM. Mennechet et d'Herbinghem. M. Salmon avait donc bien raison de parler de cette liaison, que je suis heureux d'invoquer aujourd'hui pour me donner un peu de l'assurance dont j'ai tant besoin.

Laissez-moi encore une fois, Messieurs, vous remercier de la confiance que vous m'avez témoignée, de l'honneur insigne que vous m'avez fait en me mettant, pendant une année, à la tête d'une Société dont le glorieux passé est proclamé par les pierres mêmes de cet édifice, et l'avenir sera la continuation de ce passé. j'en ai la ferme conviction, parce que fidèles à vos statuts, respectueux observateurs de la loi, vcus avez soigneusement banni de votre enceinte les questions politiques et les querelles personnelles, parce que vous n'avez qu'un but travailler, faire aimer notre vaillante Picardie, évoquer ses vieux souvenirs historiques, parce que vous n'avez qu'un souci; bien connaître cette province, notre berceau à tous.

Enfin, et j'ai fini, il ne sera pas déplacé de ma part, il serait peut être même de mise dans la cité où les maitres de la Confrérie de Notre-Dame-du-Puy sont demeurés célèbres et sont en ce moment l'objet des études d'un de nos plus savants membres, de prendre pour un temps une devise qui résume, en la précisant, mes désirs et mes aspirations, j'ai choisi, excusez ma présomption, Messieurs,celle que le Connétable Louis de Luxembourg a gravée, au XVe siècle, en caractères ineffaçables, sur les murailles de la grosse Tour de Ham : « Mo myeux. »

La Société accueille ce discours par d'unanimes applaudissements.

- M. le Trésorier présente un rapport verbal sur sa gestion financière en 1881 et un projet de budget pour 1882.

Ces deux communications sont renvoyées à une commission composée de MM. Darsy, Dubois et Hesse.

Un scrutin est ouvert pour la nomination des cinq membres de la commission d'impression. Sont élus MM Crampon, Darsy, Duval Garnier, et Josse.

M. le Président désigne pour la commission des recherches MM. Antoine, de Calonne, Janvier, Josse et Pinsard.

Au nom de la commission d'impression, M. Garnier présente le rapport suivant :

MESSIEURS,

La commission d'impression qui s'est réunie le 30 du mois dernier, a examiné avec la plus grande attention la liste des pièces concernant l'histoire de Saint-Riquier que vous avait présentée M. l'abbé Hénocque.

Elle a reconnu qu'elles avaient toutes un réel intérêt et que l'histoire commencée serait tout à fait incomplète si ces pièces n'en faisaient point partie.

L'ouvrage que publie notre collègue a pour titre : Histoire de l'abbaye et de la ville de Saint-Riquier.

Comprendrait-on que la description de l'église ne s'y rencontrât point? que l'on n'y trouvât point l'état et l'origine des propriétés, la liste des feudataires? que l'on y trouvât pas non plus une notice sur les prieurés qui sont des dépendances de l'abbaye?

L'histoire de la ville ne serait-elle point également incomplète si l'on n'y trouvait la topographie de la ville aux diverses époques où elle fut modifiée, des notices sur ses églises, ses hospices, son administration, son commerce, etc. etc.?

Or tous ces points sont traités dans les chapitres que nous présente M. l'abbé Hénocque.

La commission a donc été d'avis qu'il fallait les comprendre dans l'ouvrage commencé et, par conséquent, lui donner un 3o volume.

M. l'abbé Hénocque compléterait le second volume en lui donnant à peu près le même nombre de feuilles qu'au premier et une simple table des chapitres.

Le 3o volume renfermerait les autres chapitres et serait terminé par une triple table des noms de lieux, des personnes et des matières.

La commission a pensé que l'on pouvait n'entreprendre ce dernier volume qu'un peu plus tard, afin de ne point interrompre la publication ordinaire des mémoires et ne point retarder trop longtemps l'impression de travaux que les auteurs ont intérêt à voir publier le plus tôt possible. Nos finances ne nous permettraient point d'ailleurs de faire en même temps les dépenses nécessaires pour une double publication.

Ces conclusions sont adoptées et seront transmises à la commission des finances.

M. Pinsard donne successivement lecture de trois notices.

1. Note sur un vase trouvé dans les environs de la ville d'Eu, appartenant h M. le comte de Forceville, membre titulaire non résidant.

Le vase est en bronze d'une belle patine verte-noirâtre.

Il a été trouvé dans les environs de la ville d'Eu, et acquis par M. le comte de Forceville, grand amateur d'objets d'art, membre du Conseil général de la Somme.

Le vase, examiné par diverses personnes, et notamment par M. Bertrand, conservateur du Musée de St-Germain serait un brûle-parfums d'origine Scandinave.

Il est probable qu'il a été perdu sur les côtes de la Gaule lors de l'invasion des Barbares du Nord dans les premiers siècles de notre ère. Il est difficile de lui attribuer une date, en prenant un siècle pour époque.

Il se compose d'un récipient et d'un couvercle. Le récipient est muni de deux anses en bronze, percées de trous; ces anses devaient probablement servir à le suspendre.

« PreviousContinue »