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lendemain à 1 heure réunit plus de membres résidants que l'année précédente.

Après la lecture de cette note, une discussion s'engage sur les avantages et les inconvénients d'une séance publique l'hiver ou l'été, et la Société décide que la séance publique aura lieu le premier dimanche de juillet et qu'en conséquence les Mémoires pour le concours devront être remis au plus tard le 31 mai 1881.

- M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de la correspondance.

M. l'abbé Fromentin, en adressant sa cotisation, fait part de la découverte récente dans une sablière de Wailly, canton d'Arras et de Beaumetz-les-Loges, de plusieurs vases en terre noirâtre.

-M. le Maire d'Amiens remercie du don fait par la Société à la Bibliothèque communale du 1er volume de l'histoire de l'abbaye de Saint-Riquier.

-M. l'abbé Danicourt demande l'autorisation de faire publier le travail intitulé: La Ville et le Château de Ham, qu'il avait présenté en collaboration avec M. Fleury au concours d'histoire de 1879. Cette étude a obtenu une mention honorable. « Il me semble, dit M. Danicourt, que cette récompense peut être considérée comme un second prix. Dans ce cas la Société voudraitelle nous autoriser à mettre sur le titre Ouvrage couronné par la Société des Antiquaires de Picardie? >>

La Société, selon sa tradition constante, ne croit pas pouvoir, plus qu'elle ne l'a fait jusqu'ici, déférer au désir de M. l'abbé Danicourt. Il faut nécessairement que la limite soit bien tranchée entre le prix et la mention

honorable. Il sera, en conséquence, répondu à M. l'abbé Danicourt que la Société l'autorise à faire mettre sur l'ouvrage en question, honoré d'une mention honorable ou autre terme équivalent, mais que le mot couronné est strictement réservé pour les Mémoires qui ont obtenu un prix de la Société.

Conformément à l'ordre du jour, il est procédé au renouvellement du Bureau pour l'année 1881. Trois scrutins étant ouverts successivement, M. le baron de Calonne est proclamé président, M. l'abbé Crampon, vice-président,

M. Poujol de Fréchencourt, secrétaire annuel.

M. l'abbé De Cagny donne lecture d'un extrait de la généalogie de la maison d'Estourmel dans laquelle se trouve une description d'un reliquaire contenant une parcelle de la vraie Croix, donnée à Raimbold Creton d'Estourmel par Godefroy de Bouillon.

-M. Darsy lit un chapitre d'un ouvrage qu'il fera prochainement paraître sur l'établissement des Ecoles et des Collèges dans le Diocèse d'Amiens avant la Révolution de 1789.

Cette lecture est applaudie.

NOTE

SUR DEUX SCEAUX MATRICES
L'un de Corbie, l'autre d'Ailly-sur-Noye,

PAR M. J. GARNIER.

Le 11 février 1879, M. Danicourt, membre titulaire non résidant, fit don à la Société de deux sceaux matrices en bronze, l'un

de Corbie, l'autre de la châtellenie d'Ailly-sur-Noye, de deux épreuves en plâtre et de deux clichés de ces mêmes sceaux.

Des remerciements lui furent votés.

Il m'a semblé que cette indication ne suffisait point, et que ces deux sceaux méritaient d'être mieux connus.

Le premier est une matrice orbiculaire du xve siècle, de 37 millimètres de diamètre; elle est plate, en bronze, et munie d'un appendice à charnière percée d'un trou.

J'avais d'abord pensé qu'il était le contre-scel d'un acte du 30 octobre 1398 conservé aux Archives du département de la Somme: Armoire I. Liasse 18. N° 2.

Par cet acte sur parchemin d'une belle conservation, Raoul de Roye, abbé de Corbie, fondait une messe quotidienne de l'aurore dans la chapelle de Ste-Bathilde, fondatrice de l'abbaye; une messe solennelle annuelle du S. Esprit ou de la Vierge Marie, tant qu'il vivrait, et une messe de Requiem qui devait être dite perpétuellement après sa mort. Il donnait à cet effet une maison (domum) sise à Naours avec ses dépendances et quelques terres arables; une maison, un jardin et une grange situés à Sailly-leSec (Sailliaco sicco), deux pressoirs pour le vin (duo torcularia seu pressuros ad pressandum vina) et un journal tant en vignes qu'en terre arable sis égalementà Sailly-le-Sec, et encore un journal et demi de vignes à Vaux-sous-Corbie (in Vallibus prope Corbeiam).

Des deux sceaux sur queue de parchemin que portait cette pièce, celui de gauche a disparu. Celui de droite, en cire verte et de forme ogivale, présente la figure de S. Pierre debout, tenant de la main droite une clef. Le haut est brisé et il ne reste de la bordure qu'une partie sur laquelle on lit ECCLE.

Le contre-scel est au contraire en parfait état. Il est orbiculaire avec la légende SIGNVM CORBEIE. Dans le champ un corbeau la tête levée.

Il diffère donc totalement de celui que nous devons à M. Danicourt et que nous reproduisons ci-dessous.

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La légende porte sigilum, la croix et les lettres ne sont point de même forme et le corbeau qui n'a point ici la tête levée n'occupe point exactement, comme dans le sceau de 1398, le milieu du champ.

Notre sceau était-il destiné à le remplacer, je n'en sais rien; toujours est-il que je n'ai rencontré aucune pièce pour laquelle on s'en soit servi.

Le second sceau a été ainsi décrit, d'après une empreinte conservée au Musée d'Amiens, par M. Demay dans son Inventaire des Sceaux de Picardie, p. 91, no 840.

Sceau rond. XVIe siècle.

Ecu portant un lion couronné à queue fourchée, surmonté d'une branche.

*S. de la: chastellenie-dally-sur noie.

Je crois qu'il serait mieux de dire :

Ecu portant un lion couronné à queue fourchée et passée en sautoir. Au-dessus de l'écu une palme ou branche.

Cette palme est en effet indépendante de l'écu et ne paraît être qu'un remplissage.

La matrice en cuivre, orbiculaire, de 37 millimètres, assez bien conservée, est munie d'un appendice tréflé, avec un trou.

Au premier aspect ce lion fait penser aux Luxembourg, mais les deux parties de la queue ne sont point nouées. Est-ce un souvenir de cette famille?

La terre et seigneurie d'Ailly-sur-Noye, après avoir appartenu aux seigneurs de Breteuil, passa dans la famille de Clermont par le mariage d'Alix de Breteuil avec Raoul de Clermont, 1er du nom. Une autre Alix, fille de Raoul III et d'Isabelle de Hainaut, qui avait épousé en 1291 Guillaume de Flandres, lui apporta les seigneuries de Nesle, Ailly et Briost. Une troisième Alix, fille de cette dernière morte en 1313, épousa en 1330 Jean de Luxerbourg et le fit seigneur de ces mêmes terres.

Guy son fils, marié à Mahaut de Châtillon, comtesse de St-Pol, acheva la maladrerie d'Ailly qui devait recevoir les malades d'Ailly et de Remiencourt.

Son fils Valéran, connétable de France en 1412, marié deux fois, n'eut qu'une fille du premier lit, laquelle épousa en 1402 Antoine de Bourgogne, duc de Brabant, et mourut en 1407.

A la mort de Valéran et de sa fille cette branche s'éteignit. Mais Valéran avait légué en 1415 à Jean dit Hennequin, fils naturel qu'il avait eu d'Agnès de Brie, les seigneuries de Hautbourdin et d'Ailly. Nous n'avons point à rapporter le rôle important que Jean, plus connu sous le nom de Bâtard de St-Pol et de sire de Haubourdin, a joué dans les guerres de son temps. Je renvoie à la notice de M. Janvier. (Tome xxvi de nos Mémoires).

Jean et sa femme Jacqueline de la Trémouille, morts tous les deux la même année 1466, reposent dans l'église d'Ailly-sur-Noye, et leur tombeau commun est classé parmi les monuments historiques du département de la Somme.

Le Bâtard de St-Pol étant mort sans enfants, la terre revint au connétable Louis de Luxembourg décapité à Paris en 1475.

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