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D'où vient cette sculpture ? Il n'est pas bien possible de le dire. Elle a été employée dans la maison no 60 de la rue des Vergeaux, mais rien ne prouve qu'elle faisait partie de la construction.

Cette maison no 60 a porté pour enseigne, jusqu'à la Révolution : Au cheval bardé, ainsi que je l'ai vu sur un titre en parchemin que je possède. (La maison m'appartient). Suivant M. Dubois, dans ses recherches sur les enseignes des rues d'Amiens, c'est le n° 58 qui aurait porté le nom de Cheval bardé, et le no 60 aurait eu : Le blanc Coq. Cette différence entre les numéros vient peut-être d'une division de propriété. Quoiqu'il en soit, le numéro 60 actuel a bien porté le nom de Cheval bardé.

Cette enseigne n'a aucun rapport avec le sujet sculpté dont je vous entretiens.

Le tableau représente un moine (je crois que c'est un moine), qui va être décapité par un bourreau vêtu comme on représente les soldats au XVIe siècle; sa cuirasse est composée de lames de fer. Le moine a les yeux bandés, les mains jointes ; les mains sont brisées, mais de ce qui reste, on peut penser qu'il les avait liées.

Devant le martyr se trouvent trois épées qui peut-être sont caractéristiques du sujet sculpté. C'est une question que je me permets de faire à mes honorables collègues.

A droite, quoique dans un état assez fruste, on voit un autre moine à genoux devant un soldat, qui, il me semble, lui bande les yeux, ou le prépare au supplice.

A gauche on remarque sur le sol une tête sans corps, c'est celle d'un premier martyr déjà exécuté; au-dessus est un moine à genoux dans une position très humble, il semble supplier le bourreau; au-dessus de ce dernier est un autre personnage dont la tête est brisée, il paraît aussi dans une attitude suppliante. Enfin, un troisième personnage assez difficile à décrire, termine le groupe de gauche, sa tête manque aussi.

Le fond du tableau représente une façade de maison avec une

fenêtre composée de huit compartiments. Les quatre supérieurs sont vitrés et fermés; les quatre inférieurs sont ouverts. Dans l'un d'eux, on voit une tête inclinée, probablement un personnage en prières.

Ce travail de sculpture me paraît remonter à la fin du XVIe siècle. Bien qu'il soit assez fruste, je l'offre cependant à la Société qui, si elle le juge convenable, pourra le donner au Musée d'Amiens.

CHAPELLENIES DE LIHONS

Par M. Emile POIRE, membre titulaire non résidant.

Au moment où il est question de la reconstruction de l'antique chapelle de Sainte-Marie-Madeleine au bourg de Lihons (Somme), il est regrettable de ne pouvoir parler ni de sa fondation ni de l'époque à laquelle elle fut construite : l'absence de quelques documents importants et authentiques ne nous permet pas du moins quant à présent d'en bien préciser les circonstances. Néanmoins, il ne sera pas sans intérêt, croyons-nous, pour le lecteur et surtout pour l'amateur d'histoire locale, de dire quelques mots sur les biens qu'elle possédait au commencement du siècle dernier. Nous nous bornerons donc, en ce moment, à leur offrir ce que nous savons de source certaine, puisque les archives de la paroisse, compulsées patiemment et minutieusement, nous ont fourni les principaux renseignements qui composent l'article suivant.

Lihons possédait au moyen-âge trois chapellenies.

La première, celle de Saint-Médard, du Grand Manoir, dans l'enclos du domaine seigneurial de ce nom; la deuxième, celle de l'Ecce Homo, située à l'extrémité de la rue de Péronne ou

d'Ablaincourt; la troisième, la plus importante, était dédiée à Sainte Marie-Madeleine.

Nous ne nous occuperons aujourd'hui que de cette dernière. Notre savant collègue, M. F.-J. Darsy, nous donne peu de renseignements au sujet de cette chapelle, dans son excellent ouvrage intitulé Bénéfices de l'Eglise d'Amiens, etc.; le Pouillé de 1736 qui les lui a fournis étant fort incomplet, cet estimable auteur n'a pu, malgré son désir d'approfondir la question, nous faire profiter de son érudition.

Le voyageur, quittanť Lihons par la rue dite de La Chapelle, au sud-est du pays, et se dirigeant vers Chilly ou Hallu, aperçoit, à quelques centaines de pas devant lui, un Calvaire abrité par de hauts tilleuls presque séculaires dont les branches supérieures, en se réunissant, lui donnent pour voûte un magnifique dôme de verdure. L'été, les rayons du soleil se jouant, à travers quelques rares éclaircies, dans leur épais feuillage, y répandent un jour mystérieux qui impressionne salutairement l'âme et l'invite au recueillement et à la prière : c'est la croix dite de Saint-Jacques.

En cet endroit, le chemin se bifurque; en prenant celui de droite, on se rend à Chilly; celui de gauche conduit à Hallu.

Derrière ce Calvaire, et séparée seulement par un petit rideau, se trouve une langue de terre de forme triangulaire sur laquelle était édifié le sanctuaire de Sainte Marie-Madeleine, dont on a découvert en partie, il y a vingt ans, les fondations, et que d'an<< ciennes cartes désignent avec le signe même d'église. » (1). Il s'agit ici des cartes de Cassini.

« Cette Chapelle, disent les archives, située proche le dit « Lihons au bout de la Chaussée du dit lieu et faisant face sur « le chemin allant à Roye » par Chilly, possédait le 3 mars 1715:

(1) Histoire de l'arrondissement de Péronne, par M. l'abbé P. De Cagny. Tome 1o, page 645.

1. 42 journaux et un quartier de terre, savoir:

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2o Une grange dîmeresse à Pressoir, d'un revenu annuel de sept setiers de blé.

3o Une portion de dîme sur Rosières, d'un revenu annuel de trois setiers de blé.

Le revenu annuel de tous ces biens était à cette époque de 150 livres.

Les charges du chapelain, à qui le bénéfice était conféré exclusivement par l'évêque d'Amiens, n'étaient guère onéreuses; le bénéficier était dans l'obligation:

1o De payer annuellement au receveur des décimes à Amiens la somme de 10 livres ;

2o D'acquitter une messe chaque semaine, dont les honoraires s'élevaient à 26 livres par an.

Le revenu, nous venons de le voir, était de

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150 livres ;

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M. Darsy (ouvrage cité) nous apprend que.... « dans le xvi « siècle le curé de Lihons avait tenté de s'emparer de cette cha« pelle (la Madeleine), mais à la suite d'une procédure survint « une transaction du 5 avril 1585, par laquelle il reconnut les « droits du chapelain et la collation à l'évêque. » (Pouillé de 1736.) - Inventaire de l'évêché, folio 128.)

Le même auteur, en parlant des charges qui incombaient au

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chapelain, ne mentionne pas les 10 livres que le bénéficier devait payer au receveur des décimes à Amiens; cette charge était-elle supprimée en 1728, année de la déclaration faite par le titulaire ?

Un Pouillé, consulté par un auteur fort estimé, est muet sur les charges de cette chapelle, dont il porte les revenus d'abord à 135, puis à 260 livres lorsqu'elle fut unie à la Fabrique pour le vicaire. (Etat général de l'ancien diocèse d'Amiens, dressé d'après les Pouillés de 1648, 1736 et 1772.., par M. l'abbé P. De Cagny, p. 53.)

Les derniers chapelains connus, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous, sont :

En 1665, François d'Hodène, prêtre ;

Eu 1689, Léonard Pioger, prêtre ;

Pierre Pierret, prêtre, chanoine, prévôt de l'église royale et collégiale de Saint-Vulfran d'Abbeville, lui succéda le 12 août 1703. Il fut remplacé en 1705 par Louis Caron, prêtre, grand pénitencier et chanoine de l'église cathédrale d'Amiens, qui en fut le dernier titulaire jusqu'en 1717, époque à laquelle il céda volontairement son bénéfice, lors de l'union de ce bénéfice à l'Église et Fabrique de Saint-Médard de Lihons.

Les chapelains n'étaient point tenus à la résidence; témoins Pierre Pierret et Louis Caron que leurs fonctions retenaient à l'église dont ils faisaient partie: conséquemment ce bénéfice était en commende. D'ailleurs une Bulle de 1703 confirma ce privilège. Ils pouvaient même posséder des bénéfices en d'autres églises de la province de Reims, selon la bulle du pape Pie II datée de la veille des nones (le 4) du mois de novembre 1460.

Les biens et revenus temporels annexés de Sainte-Marie-Madeleine furent réunis à la Fabrique de Saint-Médard, du consentement du pourvu, par décret de Mgr Sabbatier, évêque d'Amiens, en date du 6 mars 1717, pour l'entretien d'un vicaire dans la paroisse.

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