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« leroy, de Douay, du Quesnoy et de Fribourg et généralement « dans toutes les rencontres où la compagnie s'est trouvée ; « sachant, d'ailleurs, qu'il est issu d'une famille de Picardie qui « a toujours vécu noblement et qui se trouve alliée à plusieurs << maisons nobles de la province; que Michel Thierry, son « sixième aïeul, était en 1521, chef des officiers municipaux « d'Amiens, que plusieurs de ses parents également recomman<dables par leur talent et leur vertu se sont distingués dans la « profession des armes ou dans les emplois de judicature, et « notamment, Jean Thierry, sieur de Genonville, son oncle, ■ lieutenant général au baillage qui a été honoré du titre de con«seiller d'État et de la noblesse, et qu'enfin Jean-Baptiste Thierry « de Castel, son fils, animé du même zèle que lui nous sert « actuellement dans la compagnie des Anglais, avec l'approbation • de ses officiers, nous nous trouvons par tous ces motifs suffi◄ samment invité à donner audit sieur Thierry de Dours des « marques de la satisfaction particulière qui nous reste de ses « services, et nous avons, pour cet effet, résolu de lui assurer << un état certain de noblesse, à quoi nous nous portons d'autant << plus volontiers que nous connaissons en lui l'élévation des << sentiments et des autres qualités qu'elle exige, sçavoir faisons,

que pour ces causes et autres considérations à ce nous mou« vant, de l'avis de notre conseil et de notre grâce spéciale, « pleine puissance et autorité royale, nous avons par ces pré«sentes, signées de notre main, anobli et anoblissons ledit « François Thierry, sieur de Dours, et du titre et qualité de « noble décoré et décorons; voulons et nous plaît qu'il soit << tenu, censé et réputé comme nous le tenons, censons et répu « tons pour tel, ensemble ses enfants et postérité tant mâles que « femelles nés et à naître, en légitime mariage, de même que << ceux qui sont issus de nobles et anciennes races; que ledit • François Thierry de Dours et sa postérité soient en tous lieux

« et endroits, tant en jugements que hors de jugements, tenus, « censés et réputés nobles et gentilshommes et, comme tels, « qu'ils puissent prendre en tous lieux et en tous actes qualité << d'escuyer et parvenir à tous degrés de chevalerie et autres « dignités, titres et qualités réservés à notre noblesse ; qu'ils a soient inscrits dans le catalogue des nobles et qu'ils jouissent « et usent de tous les droits, prérogatives, privilèges, franchises, « libertés, prééminence, exemptions, immunités dont jouissent et << ont accoutumé de jouir les autres nobles de notre Royaume, «< comme aussi qu'ils puissent acquérir, tenir et posséder toutes a sortes de fiefs, terres et seigneuries de quelque nature, titre et << qualité qu'ils soient. >>

François Thierry avait épousé Marie-Anne Morel de Cresmery. Les Thierry avaient pour armes, un écu d'azur à un chevron d'or accompagné de trois étoiles de même posées deux en chef et l'autre à la pointe de l'écu; cet écu timbré d'un casque de profil orné de ses lambrequins d'or et d'azur.

NOTE SUR L'EMPLACEMENT

DE LA

Maison où naquit Vaquette de Gribeauval,

Par M. A. DUBOIS, membre titulaire résidant.

MESSIEURS,

Après vous avoir fait connaître les maisons où naquirent Voiture le bel esprit, du Cange le savant par excellence, Dallery l'inventeur de l'hélice navale et de la chaudière tubulaire et Blassel notre célèbre sculpteur, je viens aujourd'hui vous faire connaître la maison où est née une autre illustration amiénoise, M. Vacquette de Gribeauval, le grand réformateur de l'artillerie au XVIIIe siècle.

J'ai d'autant plus volontiers entrepris cette tâche qu'un pareil labeur me passionne, qu'il m'est un agréable délassement et que rien ne saurait m'arrêter lorsqu'il s'agit de prouver un fait qui ajoute une fleur de plus à la couronne déjà si glorieuse de notre cité.

D'après les registres aux baptêmes d'Amiens, Vacquette JeanBaptiste, né sur la paroisse Saint-Remi, le 4 décembre 1715, est le troisième des sept enfants de Adrien Vacquette, sieur de Fréchencourt, conseiller au Bailliage d'Amiens et de Élisabeth Romanet. Suivant d'anciens titres, il aurait vu le jour dans la rue des Rabuissons; c'est donc sur cette seule rue que doivent porter mes investigations.

Dans un rôle de capitation que je possède, daté de 1722, le domicile de M. de Fréchencourt se trouve placé à peu près au tiers de l'espace compris entre les Feuillants et le couvent des Saintes-Maries.

M. de Fréchencourt père est mort le 23 mai 1749 aussi paroisse Saint-Remi.

Sur un même rôle de 1757, Madame veuve de Fréchencourt est inscrite dans la même habitation où elle est imposée pour 36 livres, sa fille Henriette pour 9 livres, plus 3 domestiques 3 livres. Comme observation en marge de l'article on a écrit: ces personnes demeurent de l'autre rang.

Effectivement, en 1761, cette dame demeure toujours avec sa fille et M. de Romanet son frère à peu près vis-à-vis de la rue des Jacobins, dans la même rue des Rabuissons, entre un sieur Lavette, maçon, garde de M. de Chaulnes et M. Boitard, chapelain. (Ce nouveau domicile était indiqué comme fermé dans le rôle de 1757). D'après ces apparences notre célébrité ne peut être née que sur une portion des terrains qui ont servi à l'érection de l'hôtel de l'Intendance, aujourd'hui la Préfecture; la chose n'est

plus douteuse et cependant elle doit être confirmée. Les documents qui suivent lèveront toute incertitude.

Les intendants de Picardie et leurs bureaux mal logés dans les bâtiments qu'ils occupaient rue du Puits-Vert, où une humidité fatale tant à leurs personnes qu'à leurs papiers régnait constamment, obtinrent des maires et échevins la promesse d'un autre hôtel approprié plus convenablement et plus digne de contenir ce corps si important des intendants.

Les vues de l'administration sont tombées sur la rue des Rabuissons, qui, comme aujourd'hui, était une rue saine et salubre.

Un arrêt du Conseil d'État du 10 mai 1755 autorise en conséquence la ville d'Amiens à acquérir les maisons des sieurs de Rune, Brunel, Durozel, Vacquette de Fréchencourt, d'Allonville, Assaulé et Dumoulin, pour y établir ces constructions.

Le 29 juillet 1755, Jean Delamarre, charpentier et entrepreneur de bâtiments, est nommé expert pour la Ville, et Tilloloy Jac. ques, Me charpentier, expert pour Madame de Fréchencourt.

La maison comportait 44 pieds 6 pouces de façade et 75 pieds 6 pouces de profondeur; elle renfermait trois corps de bâtiments, un sur rue, un en retour à droite et le troisième au fond.

L'expert de l'administration porte son estimation à 23,000 liv. Celui de Madame de Fréchencourt à

27,000 liv.

comme ils ne ne se trouvaient pas d'accord, un tiers expert, Antoine Bourgeois, est désigné; il apporte une estimation de 24,000 livres, chiffre accepté par la Mairie et qui doit servir de base aux transactions à intervenir.

Le contrat de vente est alors rédigé et présenté à la signature de Madame de Fréchencourt ainsi qu'à Adrien-Pierre Vacquette, fils aîné, tant en leurs noms qu'en celui de Jean-Baptiste, Alexandre et Henriette; les conditions étaient 12 sols de denier à Dieu mis dans la boîte des pauvres prisonniers, et 24,000 livres dont 10,000 payables comptant.

Du procès-verbal dressé le 12 du même mois par Mes Picard et Lemarchand, notaires, il résulte qu'Adrien-Pierre refuse de donner sa signature au contrat de vente et qu'il ne la donnera que : « Si sa mère consent à garantir le paiement qui doit lui être fait a par la ville à l'époque de la cessation de l'usufruit. »

A la suite de ce refus intervient une ordonnance d'Étienne Maynon d'Invau du 11 mars 1757, qui envoie les maire et échevins en possession de la maison de Fréchencourt.

Cet acte a dû mettre le comble à la mauvaise humeur de M. Adrien-Pierre; car, dans sa lettre du 2 avril suivant à l'Intendant, il n'accorde qu'une confiance bien limitée à l'Administration municipale.

« Je ne recevrais, dit-il, pour prix de l'éviction forcée de l'héria tage de mes pères qu'une créance dont l'hypothèque ne porte ⚫ sur rien.

« Si l'on joint à ces considérations bien puissantes l'exemple « du passé qui nous apprend encore qu'il est dû depuis plus de ⚫ 40 ans à de légitimes créanciers de la ville des fonds considé «rables que l'on a promis et que l'on s'est engagé de liquider, qui « ne l'ont jamais été et qui ne le seront jamais, n'y a-t-il pas lieu a d'avoir une juste crainte? >>

L'acte de vente a dû être réalisé en ce qui concerne Madame de Fréchencourt, et les 10,000 livres payées à cette dame, car une ordonnance du 22 septembre 1764, tout en fixant à 14,484 livres 11 sols le restant dû en principal et intérêts, prescrit au receveur de l'octroi de 10 sols par velte d'eau-de-vie de payer cette somme à la charge par M. de Fréchencourt, de souscrire le contrat de vente et d'obtenir le consentement de sa mère au paiement qui Jui sera fait.

Bien certainement toutes ces formalités furent remplies, puisque l'hôtel des Intendants a été édifié et que la succession des temps en a fait l'hôtel de la Préfecture, sur la façade duquel on peut en

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