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se trouve entre le dessus du sol et le ciel des carrières, c'està-dire, à partir du premier lit de pierres qu'on laisse dans les carrières et qu'on soutient par des piliers. »

En 1824, ce cimetière fut remplacé par celui du Sud ou du Montparnasse. En 1837, il fut diminué par l'élargissement du boulevard : en 1856, il devint un dépôt de pavés en 1887, on y a bâti le lycée Buffon.

« Ce cimetière, écrit en 1844, l'abbé Gaudreau, curé de Vaugirard, fut un motif d'éloignement pour la population qui se serait agglomérée dans ce quartier. Il ne renfermait les dépouilles d'aucun personnage distingué, si l'on en excepte un tout petit nombre, tels que La Harpe, le littérateur, Baudelocque, célèbre praticien et professeur de médecine; Clairon, actrice renommée; Chaudet, statuaire de réputation supérieure et membre de l'Institut; Nic. Séjan organiste du Roi (et de l'église Saint-Sulpice); Monthyon, le héros de la philanthropie... » Nous avons trouvé quelques détails sur lui dans l'ouvrage d'Ant. Caillot intitulé Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris... - Paris, 1809, in-8°. « Auprès de la barrière et du grand chemin de Vaugirard, à droite, est un terrain en carré long entouré de murailles... Quel homme religieux ne doit pas gémir de rencontrer, sur la lisière d'un grand chemin età l'entrée d'un faubourg célèbre par les orgies du peuple, un cimetière... un asile essentiellement consacré au repos, au silence et aux larmes des familles? Quel indécent voisinage que ce cabaret (il avait pour enseigne parlante : Au bon Coing) des fenêtres duquel la vue des buveurs s'étend sur les sépulcres !... N'y avait-il donc, dans les campagnes qui avoisinaient la capitale du côté de l'occident, que ce vieux et mesquin cimetière à donner aux inhumations du Faubourg Saint

Germain ? et la cime du Montparnasse, si avantageusement exposée à tous les vents, ne pouvait-elle être aussi bien occupée par des tombes que par des guinguettes ?... >> On sait que Victor Hugo a placé dans ce cimetière un épisode de son roman «<les Misérables », où la vie l'emporte d'ailleurs sur l'exactitude.

Telle est la courte histoire des cimetières de Saint-Sulpice avant la Révolution, sans compter ce grand cimetière, que furent jusqu'alors les caves même de l'église. Puisse-t-elle rappeler, à défaut de plaques et d'inscriptions, que nous voudrions y voir un jour leurs emplacements sacrés!

E. MALBOIS,

vicaire, à Saint-Sulpice.

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Gustave Flaubert est un peu des nôtres. Il habitait, au temps de ses études de droit, rue de l'Est, dans la partie de cette rue qui est devenue le haut du boulevard SaintMichel; son petit appartement avait vue sur la pépinière du Luxembourg. Il logea aussi rue de l'Odéon. Il prenait souvent ses repas, 8, rue de l'Ancienne Comédie, chez Dagneaux, avec ses amis Louis de Cormenin, Alfred Le Poitevin et Maxime du Camp, ainsi que ce dernier le raconte dans ses Souvenirs littéraires.

J'ai la bonne fortune de posséder cinq lettres inédites du grand écrivain et une de son ami Bouilhet, dans l'intimité «< Monseigneur ». Ces lettres datent de juillet et août 1862 et sont relatives à la vente à la maison Michel Lévy, du droit d'éditer Salammbô et de rééditer Madame Bovary, le tout moyennant 10.00b francs. Dans la lettre du 29 août 1862, on trouve ces phrases:

« Je désire que Lévy indique les éditions qu'il fera, qu'il mette (comme c'est la coutume) sur le titre, le chiffre de l'édition, 2o, 3o, etc... Demandez-lui pourquoi il n'a pas suivi cet usage dans la Bovary? un auteur aime à savoir où il en est avec le public. Lévy n'a jamais voulu me dire combien il avait vendu d'exemplaires de mon premier roman. Je ne trouve pas cela gentil. A-t-il peur que je sois jaloux de l'argent

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qu'il gagne? C'est me connaître bien peu. Je lui souhaite un million avec Salammbô, »

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Ce nom de Figaro, donné par Beaumarchais à son héros favori, a été de suite populaire, et il est impossible de compter toutes les pièces de théâtre, pamphlets, satires où il fut employé à la fin du xvi° siècle.

Il y eut plusieurs «< Mariage de Figaro » et des : « Emprisonnement de Figaro », « Le Repentir de Figaro », « Le Veuvage de Figaro ou la fille retrouvée », « Figaro, directeur de marionnettes », etc., etc. Plus de 50 pièces en un an, dit l'un des biographes de Beaumarchais (1). Au XIX siècle, beaucoup d'ouvrages utilisent encore ce type, et un grand journal perpétue ce nom. On s'est souvent demandé où Beaumarchais avait pris le nom de son personnage. Il l'a peut-être pris dans la vie réelle, comme Zola et Flaubert qui choisissaient simplement leurs noms propres dans le Bottin. Voici, à titre de curiosité, le contrat de mariage d'un véritable Figaro en chair et en os, qui demeurait en 1793, rue de la Chaise, non loin de la rue de Condé, où Beaumarchais avait son confortable logis.

Pardevant les notaires à Paris, soussignés. Furent présents: M. Joseph Figaro, citoyen de Paris, y demeurant, rue de la Chaise, section de la Croix-Rouge, majeur, fils de feu Barthélemy Figaro, négociant à Salerne et de Anne Cier, sa veuve, dont il déclare avoir le consentement.

Stipulant et contractant à ces présentes pour lui et en son nom d'une part.

(1) Aug. Paër, Le centenaire du « Mariage de Figaro ». Voir aussi : L'Influence du « Marjage de Figaro » sur la littérature française, par Seligmann.

Et D'le Anne Braux, majeure, fille de Jacques Braux, laboureur à Champignolles près Bar-sur-Aube et de Marie Jourdain, aujourd'hui sa veuve, dont la dite Demoiselle comparante déclare avoir le consentement. La dite Demoiselle demeurante à Paris, même rue et section.

Stipulant et contractant aussi en ces présentes pour elle et en son nom d'autre part.

Lesquels dans la vue du mariage projeté entre eux et dont la célébration sera incessamment faite dans les formes requises en ont arrêté les clauses et conditions civiles ainsi qu'il suit : En présence et de l'avis de M. Jourdain, oncle maternel de la future;

De Jean Figaro, oncle du futur, Jean Paul Figaro, frère du futur ;

MM. Girous Charles Baron, ami du futur;

Bernard Henry Ruotte, ami de la future,

Les futurs époux seront communs en tous biens meubles et conquêts immeubles suivant la coutume de Paris, etc... Le futur époux apporte au présent mariage la somme de 10.000 livres tant en, habits, linge et hardes à son usage qu'en deniers comptants, le tout provenant de ses gains et épargnes et dont il a justifié à la demoiselle future épouse, qui le reconnaît;

Et de sa part la demoiselle future épouse se constitue en dot la somme de 4.000 livres en habits, linge et hardes à son usage et deniers comptants, provenant également de ses gains et épargnes, et dont elle a donné connaissance au futur époux qui le reconnaît et consent à en demeurer chargé par le seul fait de la célébration.

Des biens des futurs époux chacun met un tiers en com

munauté...

Donation réciproque en usufruit au survivant « à condition de rester en viduité... »

8 juin 1793.

(TRUTAT, notaire.)

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