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Antoine-Jules Fourchy, qui appartenait, lui aussi, à une famille notariale. Le 12 mars 1851 seulement, AntoineJules Fourchy cédait à son fils Émile Fourchy qui exerça jusqu'en 1871, époque à laquelle la charge passa à Cocteau, qui céda lui-même à son fils en 1900. Enfin en 1910, Me Lejeune remplaça Cocteau. Il exerce encore aujourd'hui. L'étude n'est plus, il est vrai, 5, quai Malaquais, mais elle y était demeurée jusqu'en 1874, où Me Cocteau, le successeur d'Emile Fourchy, s'était décidé à la transporter au no 37 de la rue de Lille. C'est donc dans le petit entresol du quai que liquidations, contrats et procurations s'étaient élaborés pendant soixante-neuf ans, de 1805 à 1874.

Il semble que les Trutat habitèrent la maison jusqu'en 1821; mais à cette époque nous voyons apparaître des noms de locataires qui nous font supposer que le successeur Fourchy n'y habita pas personnellement tout de suite en effet, en 1820 et 1821, les annuaires indiquent la présence d'un M. Darby; en 1826, Barbier, marchand de tableaux dans la boutique probablement, et il faut croire que le premier et le second étage étaient alors occupés par d'autres personnages que le titulaire de l'étude de l'entresol, car nous trouvons de 1825 à 1833 M. de Riberolles, conseiller référendaire puis maître des comptes à la Cour des comptes, et un de ses collègues, M. Regardin, de 1822 à 1833.

M. Barthélemy-Jean de Riberolles, né à Thiers (Puyde-Dôme), le 4 février 1787, était un personnage important. Après avoir débuté au Conseil d'Etat, il était entré en 1818 à la Cour des comptes et pendant son séjour au quai Malaquais, de 1827 à 1831, avait même été nommé député d'Ambert. A la Chambre il parla peu, mais fit

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partie de nombreuses commissions touchant aux finances. C'était un libéral modéré. En 1831 il quitta la Chambre et retourna à la Cour des comptes. En 1837 il fut nommé officier de la Légion d'honneur et fut mis à la retraite le 5 février 1859. Il mourut moins de deux mois après, le 23 mars 1859.

En 1834 ou 1835, arriva dans la maison une célébrité de la science, le Dr François Magendie, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine et professeur au Collège de France. Il avait été médecin de la Salpêtrière et de l'Hôtel-Dieu. Physiologiste illustre, ses travaux neurologiques l'avaient placé au premier rang. C'était un curieux personnage : s'il laissa une réputation indiscutée au point de vue de sa haute valeur et de sa probité scientifique, il laissa aussi le souvenir du caractère le plus âpre et le plus exécrable. Il est juste de dire aussi que les circonstances de sa première jeunesse furent pour beaucoup dans cette fâcheuse disposition d'esprit. Son père, médecin béarnais, veuf de très bonne heure, était venu à Paris et avait embrassé avec ardeur les idées révolutionnaires. Son jeune fils François, né le 15 octobre 1783, élevé sans mère, avait été la victime de l'engouement paternel pour les idées de Rousseau le jeune François fut élevé conformément aux principe de l'Émile, c'est-à-dire qu'il ne reçut aucune espèce d'éducation, ni morale, ni intellectuelle, ni d'aucune sorte, sous prétexte que l'homme naît bon et ne peut être que corrompu par l'éducation. François Magendie fut complètement abandonné à lui-même tandis que son père, laissant de côté la médecine, se lançait éperdument dans la politique, les clubs et les élections. Mais François, bien qu'entré fort tard à l'école primaire, devança vite ses

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camarades et entama ses études de médecine. Il était fort pauvre et, tout en étant lui aussi fougueux républicain, il avait un penchant inattendu pour la bonne société. Il dépensait presque tout le peu qu'il avait pour se mettre convenablement et aller dans le monde. Il avoue lui-même que, tous frais payés, il ne lui restait guère plus de cinq sous par jour pour manger, lui et son chien; il ajoute du reste que ni lui ni son chien n'étaient gras.

Cette existence de privations finit par affecter tellement le jeune étudiant qu'il tomba dans une sorte de langueur physique et morale qui lui faisait envisager la vie comme impossible pour lui. Il diagnostiqua chez lui plusieurs maladies mortelles. Il en était là, lorsqu'un jour un homme de loi vint frapper à sa porte pour lui annoncer qu'il venait d'hériter de 20.000 francs. A l'instant François Magendie entra en convalescence, acheta deux chevaux, une voiture, un joli chien, loua une écurie et une remise et prit un groom à son service. Dès que ses études qu'il n'interrompit point, le lui permettaient, il courait à son écurie où il passait ses meilleures heures de loisir. Les 20.000 francs ne durèrent pas longtemps, mais Magendie était raccommodé avec l'existence. Il continua à travailler avec acharnement et fut nommé prosecteur à la Faculté de médecine. Dès lors son amour pour l'expérimentation et son horreur pour l'esprit de système se faisaient jour. Il connut l'illustre astronome Laplace qui lui fit obtenir le prix de physiologie: Magendie était lancé. Il se donna alors pour tâche d'arriver à l'Institut et le jour où il fut élu il s'écria: «< Toutes mes peines sont payés et mon but est atteint ».

C'est à partir de cette époque que Magendie se consacra spécialement à l'étude du système nerveux. Mais le

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