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si ce spectacle était offert au public avec les allures grossiérement facétieuses qu'il avait dans l'ancienne comédie française du seizième siècle, ou même dans celle des prédécesseurs de Corneille, le public ne le tolérerait pas. On lui doit cette justice, qu'il prend généralement le mariage au sérieux et qu'il aime qu'on lui en parle sérieusement, même quand on le lui peint défiguré et profané; c'est donc par un genre de comédie où domine de plus en plus l'élément pathétique, par un emploi habile de la phraséologie sentimentale et des combinaisons romanesques qu'on nous fait supporter des dissonances morales poussées parfois jusqu'à la discordance la plus aiguë. Il s'agit presque toujours de personnes, qui ont une belle âme, qui souffrent, qui pleurent, qui se proclament très-coupables, et qui se résignent à vivre dans des situations ou qui emploient des moyens incompatibles avec le sentiment le plus élémentaire de délicatesse et de dignité.

»

La même recherche d'effets nouveaux par l'abus de la dissonance qui a produit certaine musique dont Rossini disait : « Si c'était de la musique, elle serait bien mauvaise, a fait naître les deux thèmes favoris de la comédie contemporaine, la réhabilitation de la fille perdue et la dégradation attendrissante de la femme mariée. Le premier de ces deux thèmes commence pourtant à passer de mode. Nous pensons que le second ne tardera pas à s'user également. Au point de vue de l'art, il est stérile, parce qu'il ne se prête qu'à un très-petit nombre de combinaisons tolė

rables sur un théâtre, et, au point de vue moral, il est presque toujours répugnant pour quiconque supporte difficilement d'être ému par des scènes dégradantes et des caractères avilis. Cette répugnance, qui n'atteint pas encore la foule, finira par se communiquer à elle. Ce qui est certain, c'est que, si nous voulions résumer ici avec précision quelques-unes des situations les plus scabreuses de certaines comédies de notre temps, ce résumé dépasserait de beaucoup en indécence les saillies les plus impertinentes du fat Alcidor. Nous ne prétendons pas d'ailleurs exagérer la valeur des comédies du comte de Forcalquier. Moralement, elles en ont peu, mais elles n'ont pas non plus une signification directement contraire à la morale. Quoique le dénoûment y soit toujours plus édifiant que le dialogue il est visible qu'elles ne tendent guère qu'à divertir les spectateurs et les acteurs eux-mêmes. Sous le rapport dramatique, il est manifeste aussi qu'elles sont faibles de contexture. L'auteur n'a pas pris le temps de les disposer de manière à former un ensemble d'effets bien gradués. Ce sont des traits de mœurs et de caractère qn'il saisis au vol dans le milieu où il vivait et arrangés rapidement en scènes plus ou moins détachées; mais il nous paraît impossible de méconnaître que son style se distingue par une certaine vivacité incisive et une élégance originale marquée du double cachet de l'époque et de l'homme.

Nous avons dit que nous ne parlerions pas des autres.

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ouvrages inédits de M. de Forcalquier, quoique ces romans ou nouvelles ne soient pas à dédaigner, ne seraitce que par l'originalité toujours un peu subtile de la donnée qui en fait le fond. Pour ne citer qu'un exemple, voici le sujet d'une nouvelle composée par lui et intitulée : Histoire du mariage de madame Dorset écrite par elle-même. Il s'agit d'une jeune personne élevée dans sa famille avec deux jeunes gens, ses cousins, l'un du côté paternel, l'autre du côté maternel. Tous deux deviennent également amoureux d'elle, et elle les aime également tous deux sans pouvoir parvenir, quand il lui faut choisir un époux, à se décider pour l'un ou pour l'autre, retenue surtout par l'idée du désespoir que son choix causera à celui qui sera exclu. Dans son embarras, elle prend le parti de confier l'état de son cœur à un tiers, galant homme, le duc de Dorset, qui la recherche aussi en mariage, et elle se déclare prête à l'épouser si sa confidence ne l'arrête pas. Loin de l'arrêter, cette confidence le pénètre au contraire d'admiration pour sa loyauté. Il exige non-seulement que la jeune fille s'explique devant lui avec ses deux cousins, mais que, même après son mariage avec lui, elle ne cesse pas de les voir, c'est ce qui arrive, et sans qu'il en rẻsulte aucun inconvénient, et l'auteur, pour répondre aux objections d'invraisemblance, met dans la bouche de l'héroïne cette phrase qui en elle-même n'est pas dénuée d'exactitude. « Le désavantage d'un récit vrai, dit-elle, c'est de croiser, sans égards, le vraisemblable.

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