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« M. Mignard examine ces emblèmes, et cherche à rendre intelligible l'inscription arabe écrite sur les quatre côtés de la figure principale et des accessoires emblématiques, inscription qui selon lui a cela de singulier qu'il faut en décomposer toutes les parties, et chercher les mots ou les syllabes qui, mis ensemble, puissent donner un sens. Or, à l'aide de ce singulier procédé, l'auteur trouve que l'inscription signifie Chantez Dieu notre Seigneur! que lui l'Esprit (ou la sagesse) qui fait germer et fleurir, soit glorifié. Je suis la souche de sept autres. Si tu renies, le plaisir t'environne.

<< M. Mignard ne doute pas plus que M. de Hammer que ce monument ne vienne à l'appui de l'accusation portée généralement contre les Templiers qui, dans l'initiation des nouveaux membres, les forçaient à renier Jésus-Christ, et à conspuer le crucifix. Leur culpabilité lui paraît évidente, et il cite une foule d'auteurs, presque tous modernes, qui ont admis ce que l'on a dit des pratiques criminelles de cet ordre. M. Mignard paraît ignorer que les interrogatoires des Templiers arrêtés ont été publiés en entier par M. Michelet1 dans la Collection des Documents inédits. C'est là, ce me semble, la seule source authentique à laquelle il faille s'en tenir pour juger le procès des Templiers. Or, dans ces interrogatoires, les accusés avouent qu'ils ont dû, lors de leur récep

Procès des Templiers, tomes I et II, Paris, 1841-1851, in-4°.

tion dans l'ordre, renier Jésus-Christ et se soumettre à des osculations indécentes; mais la pratique de l'idolâtrie ne ressort pas aussi clairement de leurs aveux, et les Templiers ont pu apporter de l'Orient des objets du culte des gnostiques sans partager toutes leurs superstitions. Tel est du moins le point auquel je crois prudent de m'arrêter sans oser suivre MM. de Hammer et Mignard dans les suppositions auxquelles ils se livrent au sujet du coffret d'Essarois et d'autres monuments semblables. >>

M. l'abbé Martin fait observer que l'accusation dont les Templiers ont été l'objet, trop générale sans doute, a pu néanmoins être justement portée contre plusieurs de leurs colléges, notamment en Espagne, où les membres de l'ordre, corrompus par les superstitions orientales, avaient des doctrines voisines du manichéisme.

M. Maury donne quelques détails sur l'exploration archéologique ordonnée par le gouvernement autrichien, d'une partie du vaste territoire désigné par les Romains sous le nom d'Illyrie. Les fouilles entreprises par la commission chargée de cette exploration ont amené la découverte de quelques monuments antiques du plus haut intérêt, notamment sur l'emplacement de Salone.

M. Cartier entretient la Société des inscriptions trouvées sur l'emplacement de l'antique Alesia et aujourd'hui conservées au musée de Dijon.

Après cette communication, M. Renier, sur l'invi

tation qui lui en est faite par M. le président, rend compte à la Société des principaux résultats de la mission scientifique dont il a été chargé par M. le ministre de l'instruction publique. L'objet spécial de cette mission était de recueillir les monuments épigraphiques de la partie méridionale de l'ancienne Numidie, notamment ceux que l'on savait exister en très-grand nombre dans les ruines de Lambæsis et des autres villes antiques situées dans les vallées qui s'étendent au pied du versant septentrional de l'Aurês. M. Renier a exploré successivement les ruines de Lambasis (Tezzout), de Verecunda (Markouna), de Lamba fundus (chez les Ouled-Zaza), de Thamugas (Timegad), de Diana (Zana), et de Sigus (Aïn Gouça). Le nombre total des inscriptions qu'il y a copiées ou estampées lui-même s'élève à près de seize cents. Divers officiers lui en ont, en outre, communiqué près de trois cents, provenant des localités qu'il n'a pu visiter.

M. Renier fait remarquer que, parmi ces monuments, les plus importants, ceux dont la publication produira, pour l'histoire générale de l'antiquité romaine, les résultats les plus considérables, sont ceux qu'il a recueillis dans les ruines de l'antique Lambæsis, laquelle fut, pendant près de trois cents ans, depuis la fin du règne d'Auguste jusqu'à celui de Constantin, la capitale de la Numidie et le quartier général de la légion III Augusta.

Les ruines de cette ville contiennent encore, ainsi

que celles de Verecunda, de Thamugas et de Diana, des restes imposants d'architecture. M. le commandant de la Mare, associé par le ministre de la guerre à la mission de M. Renier, a dessiné avec soin tous ces monuments. Sur la prière qui lui en est faite par M. le président, il promet d'apporter à la prochaine séance ses portefeuilles, et d'en communiquer le contenu à la Société.

SÉANCE DU 29 JUILLET.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER, président.
Ouvrages offerts.

Bulletin de la Société de l'Histoire de France. No 5.
Mai 1851.

Bulletin des comités historiques. Mars 1851 et tables. Travaux de l'Académie de Reims. Année 1850-1854. N° 2, janvier 1854.

Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest. 2 trimestre 1851.

Bulletin de la Société archéologique de la Charente. Année 1850, 2o trimestre.

Discours nouveau sur la mode, Paris, 1613. Réimprimé par E. Castaigne.

Lettre à M. Houdart;

Sosander, frère d'Hippo

crate, par le même, in-8°.

Notice historique sur la milice amiénoise, par

A. Janvier. Amiens, 1851,

in-8°.

Des Nannêtes et de leur ancienne capitale, par M. Bizeul. Nantes, 1851, in-8°.

Quelques monnaies seigneuriales, Lippe, Hohen-Limbourg, Randerode, Hornes, Saint-Herenberg, par M. Renier-Chalon. Bruxelles, 1854, in-8°. Correspondance.

M. Renier-Chalon, président de la Société de numismatique et de la Société des bibliophiles belges, correspondant de l'Académie de Belgique, demande à être admis dans la Société comme associé correspondant étranger. Présentateurs: MM. de Longpérier et de la Saussaye. Commissaires: MM. Duchalais, Nicard et Bourquelot.

Travaux.

M. le commandant de la Mare communique les dessins d'antiquités qu'il a exécutés pendant son dernier voyage dans la province de Constantine.

La Société accueille cette communication avec un vif intérêt et en remercie M. de la Mare.

M. de Longpérier fait une première lecture d'un mémoire intitulé: Interprétation du type figuré sur les deniers de la famille Hosidia.

SÉANCE DU 9 AOUT.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER, président.

M. Charles Newton, membre de la Société des Antiquaires de Londres et premier employé du

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