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ils pourront acquérir la médaille qui a été composée spécia lement pour la Société historique.

Le Président signale aussi l'intérêt qu'il y aurait à publier une monographie du VIe arrondissement.

Cette publication pourrait être l'œuvre collective de la Société. Chacun devant être appelé à traiter les points qu'il connaît le mieux.

Le principe d'une semblable monographie est adopté. Mais le Conseil se réserve la faculté d'examiner de nouveau le meilleur mode de rédaction et de publication.

La séance est levée à 9 heures.

NÉCROLOGIE.

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M. LE DOCTEUR DUREAU. Nous avons eu le regret de perdre, au début des vacances, l'un des membres les plus aimés de notre Conseil de direction, M. le docteur Dureau. Il a été longtemps assidu à nos réunions du vendredi soir, et si le soin de sa santé l'a éloigné de nous, pendant cette dernière année, nous espérions toujours que sa verte vieillesse triompherait des incommodités de l'âge.

M. Dureau (Alexis-Antoine-Emmanuel) est né à Paris le 1er janvier 1831. Après avoir conquis le diplôme de docteur en médecine, après avoir été l'élève et le collaborateur de l'illustre Broca, il accomplit dans les principales villes d'Europe, diverses missions, dont il a consigné le résultat dans d'intéressants rapports: Notes sur l'enseignement et l'exercice de la médecine en Danemarck, en Europe, en Suède, en Angleterre, etc. Mais bientôt, préférant à la pratique de son art et aux travaux de laboratoire les études historiques, il se livra tout entier à la bibliographie de la Médecine et des Médecins. A côté des savants qui font les découvertes, il est bon que d'autres savants, plus modestes mais non moins nécessaires, soient les greffiers des progrès de la science et enregistrent avec méthode les arrêts prononcés par les maîtres. Bibliothécaire-adjoint (1875), puis bibliothécaire en chef (1886), de l'Académie de Médecine, M. Dureau trouva dans le riche dépôt qu'il administrait un aliment à ses études favorites, et acquit une exceptionnelle érudition, dont il faisait profiter ses confrères. En 1897, la croix de la Légion d'honneur récompensa ses services. Avant de mourir, il a eu la joie de voir transférer ses chers livres, des locaux insuffisants où ils étaient entassés, dans la nouvelle Académie de Médecine de la rue Bonaparte, et les fatigues

que

lui occasionna ce transfert ont peut-être hâté son décès. M. Dureau faisait partie de nombreuses sociétés savantes, où les suffrages de ses collègues lui confiaient des fonctions d'honneur: Société d'Anthropologie, Société française d'Histoire de la Médecine, Société des Études Rabelaisiennes (car Rabelais était médecin) etc. La Société historique du VI arrondissement a eu l'avantage de le compter au nombre de ses fondateurs et de ses plus fidèles collaborateurs. Nos bulletins ont publié ses Notes sur divers naturalistes ayant habité l'arrondissement, sur Nicolas de Blégny. On se rappelle encore sa conférence sur les médecins et les charlatans de la Foire Saint-Germain. Il savait rendre l'érudition aimable, et les anecdotes qu'il contait avec une bonhomie spirituelle, les souvenirs amusants qu'il évoquait avec à-propos, faisaient de toutes ses communications un régal pour ses auditeurs. Nous conserverons longtemps de lui un agréable souvenir.

M. VICTOR ADVIELLE. En perdant M. Victor Advielle, notre Société voit disparaître une figure des plus originales, dont le portrait mériterait d'être fixé mieux que nous ne pouvons le faire dans ces courtes notices.

Né à Arras en 1833, fils d'un ouvrier tonnelier, Victor Advielle, après de simples études primaires, entra à la Préfecture du Pas-de-Calais comme expéditionnaire. Sa carrière administrative le conduisit au Blanc, à Rodez, à Sceaux, enfin au Ministère des Finances, où il fut mis à la retraite, en 1896, avec la rosette d'officier de l'Instruction publique.

Mais ce qui est intéressant dans Advielle, ce n'est pas le fonctionnaire, c'est le savant qui a fait seul son éducation, c'est le chercheur qui sut, avec un flair toujours en éveil et une patience jamais lassée, découvrir et recueillir des documents dans tous les genres, des livres, des dessins, des tableaux, des manuscrits en si grande quantité que sa vie n'a pu suffire à les mettre en valeur. Cependant la bibliographie de ses ouvrages réclamerait plusieurs pages, et ses communications aux revues et aux sociétés dont il était le collaborateur sont innombrables. La Société historique du VIe arrondissement en a eu sa bonne part; je citerai :

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Le Café Procope en 1799; Le Tombeau de Chefderoi; Les Jetons du VI arrondissement. Mais ce qu'il a laissé est peu de chose en comparaison de ce qu'il avait entrepris ses notes malheureusement dispersées dans une vente hâtive, ont montré qu'il n'y avait pour ainsi dire pas de sujets sur lesquels il n'ait essayé des recherches nouvelles ; aussi les discussions de nos comités ne le prenaient-elles jamais au dépourvu, et sa passion de l'inédit le rendait quelquefois exigeant envers ses collègues et jetait dans nos calmes réunions un peu d'animation. Le comité C l'avait nommé son vice-président.

Tout en étant devenu parisien, Victor Advielle avait conservé très vivement l'amour du pays natal. Il a donné à la bibliothèque d'Arras une collection de douze cents. manuscrits, dont il a pris soin de dresser et de publier le catalogue, et cette ville figure encore à un autre titre sur son testament: il préparait avec un soin scrupuleux une histoire des Rosati, dont Arras a le droit de s'enorgueillir.

Cette passion pour son pays eut un jour sa récompense. Le 27 décembre 1903, les Rosati, réunis au Café Voltaire, décernaient à Victor Advielle les honneurs de la Rose, et le Rénovateur, notre sympathique collègue, M. Le Cholleux, au milieu d'un banquet solennel, lui adressait les publics éloges que méritaient son activité, son désintéressement et son incessant labeur. Le soir, à peine rentré chez lui, le héros de la fête était frappé d'une attaque, et sa main défaillante laissait échapper la rose symbolique et le précieux parchemin qui attestaient la reconnaissance de ses concitoyens. Peut-on imaginer une fin plus heureuse que cette mort en plein triomphe?

Dans la salle de nos séances, vous remarquerez une affiche Jugement d'acquittement de Marat. Elle était dans le carton réservé par Advielle au VI arrondissement, que M. Le Cholleux nous a fait remettre. Grâce à elle nous aurons toujours sous les yeux le souvenir de notre regretté collègue, et le témoignage de ses qualités de collection

neur.

Félix HERBET.

A.-M.-H. BOULARD

ANCIEN MAIRE DU XI ARRONDISSEMENT (1754-1825).

En 1745, M Sellier, notaire, cédait à son gendre Henry Boulard, l'étude qu'il occupait rue Saint-André-des-Arcs,

ANTOINE-MARIE-HENRY BOULARD (1754-1825).
(Dessin de M. F. Courboin, d'après le portrait gravé par Kenedey.)

<< vis-à-vis la rue Pavée » (1), et qu'il tenait lui-même, depuis 1720, de Me Louis Boisseau (2).

Issu d'une famille originaire de Champagne, récemment anoblie, le nouveau notaire comptait parmi ses ascendants deux générations de diplomates. Son aïeul,

(1) Cette maison porte actuellement le no 31, après avoir porté, de 1790 à 1805, les nos 27-28; de 1805 à 1847, le n° 39, et, depuis cette dernière date, le n° 31.

(2) Cf. Almanach royal, années 1705, 1721 et 1746.

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