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pour faciliter l'accès à la pièce voisine, laquelle, avec ses quatre fenêtres sur le jardin, a servi de salle de réception aux Directeurs. Une estampe qu'on voit à la Bibliothèque Nationale (1) donne la « première audience du Directoire en costume, le 13 brumaire, an IV de la République » des drapeaux divers décorent toute la corniche près du plafond; au milieu de la pièce, les cinq directeurs, dont quatre assis, le cinquième debout et parlant, derrière eux, trois personnes debout dont un officier en costume, et deux soldats sous les armes; à droite et à gauche, un groupe de personnages assis qui assistent à l'audience; au premier plan, tournant le dos à la salle des Portraits, une foule de citoyens tête nue, avec quelques dames en chapeau, tous pris à mi-corps ou de buste seulement, et maintenus par deux soldats sous les armes et deux huissiers en livrée.

Toujours sur le petit jardin, et faisant suite à la grande salle de réception, nous entrons dans le salon vert, comme on dit aujourd'hui à cause de la couleur de la tenture. C'était en 1768, la « chambre dorée », devenue sous le Directoire la « pièce à colonnes », à cause des colonnes dont deux subsistent; la pièce est éclairée par deux fenêtres sur le jardin. D'après une tradition constante, nous dit M. Hustin, ce serait là qu'était la chambre à coucher du comte de Provence, quand il occupait le Petit Luxembourg (2). Un vieux plan, non daté (dont nous donnons

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(1) Dans la Topographie de la France, V a, 267. Notre collègue M. Raflin a indiqué aussi « Une audience publique des Directeurs >> (d'après une estampe du temps): Réimpression de l'ancien Moniteur, t. XXVII, p. 36.

(2) C'était « la chambre à coucher d'apparat du prince », dit M. de Gisors (le Palais du Luxembourg. Paris, chez Plon, 1847, page 111). Or, voici que M. Hustin vient tout récemment de découvrir et il a

ici une reproduction partielle, avec les mentions qu'il porte), mais qui se rapporte certainement au séjour de la Palatine, princesse de Condé, permet de voir les dispositions et aménagement du premier étage à cette époque. Le plan n'indique pas, et ne pouvait pas indiquer,

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Plan du premier étage du Petit Luxembourg au temps de la princesse Palatine.

(Cabinet des Estampes V a, 266.)

la communication qui ne fut établie que pour le comte de Provence entre le pavillon et le grand palais par le bâtiment de jonction (1).

bien voulu nous les communiquer avant l'impression de notre travail sur le Départ de Monsieur pour Coblentz qui sera publié dans le prochain Bulletin: 1° un procès-verbal d'apposition de scellés par le juge de paix de la section du Luxembourg en date du 21 juin 1791, motivé précisément par le départ de la veille, et duquel résulta que le comte de Provence habitait le rez-de-chaussée, et la comtesse de Provence le premier étage du Petit-Luxembourg; 2o un plan d'architecte, daté de 1790 qui attribue le rez-de-chaussée du Petit Luxembourg au comte de Pro

vence.

(1) Nous n'avons ajouté sur notre copie que les numéros pour les désignations actuelles.

Nous passons dans le salon diplomatique, sur le jardin, avec quatre fenêtres, car la pièce fait coin. C'était le «< cabinet doré », d'après l'état de lieux de 1768; actuellement le salon est réservé, pour les jours de réception, au personnel des ambassades. On y remarque le portrait de Napoléon Ier, par Lefèvre et la table de marbre, où des caractères de bronze reproduisent la lettre écrite d'Elchingen au Sénat par Napoléon, en 1805, lorsqu'il envoya les drapeaux pris sur l'ennemi, table et portrait antérieurement placés au grand palais.

La pièce voisine,

contiguë comme la précédente au salon vert, rejoint à angle droit le bâtiment de jonction; elle est éclairée par deux fenêtres vers l'est et communique, du côté Ouest, avec la salle à manger derrière le salon vert c'est aujourd'hui un fumoir; autrefois, c'était une chambre à coucher d'hiver. Du temps de la princesse de Condé, ainsi que l'indique le vieux plan, il y avait un couloir, mais il a disparu, ainsi que les cloisons et dégagements vers la salle à manger. Une seule porte permet de rejoindre, dans le bâtiment de jonction, un petit escalier descendant au rez-de-chaussée.

La salle à manger nous ramène, après ce long circuit autour du grand escalier, à notre point de départ; elle a une décoration toute moderne, avec deux fenêtres sur la rue de Vaugirard, et communique, vers l'est, du côté de la rue, avec une sorte d'antichambre, servant pour la desserte et l'argenterie, qui se développe sur la partie nord du fumoir (à la place de la garde-robe de la princesse de Condé). Une porte à deux battants, dans la coupe du mur oriental du pavillon, débouche sur la galerie (il faut monter une quinzaine de marches), traverse tout le bâtiment de jonction sur la rue de Vaugirard jusqu'à la galerie

Rubens (pavillon N.-D. du grand palais), où nous retrouvons l'escalier qui descend à la cour de la Fontaine.

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Nous allons voir les communs. C'est au rez-de-chaussée du pavillon des Condé qu'il faut prendre l'escalier descendant sous la rue de Vaugirard, et aboutissant à un passage légèrement en dos d'âne à cause de l'égout établi au-dessous. En remontant à l'air libre de l'autre côté, on débouche dans la cour dont les sinuosités permettent de gagner, vers l'Ouest, une porte sur la rue Servandoni, dépendant de la maison no 15, occupée actuellement par un fruitier et un boulanger: il se trouve que c'est aussi une maison historique, car elle porte une plaque rappelant que Condorcet s'y est réfugié (chez Mme Vernet) pendant plusieurs mois avant de quitter Paris et d'être arrêté à Bourg-la-Reine. - Du côté Ouest, dans cette même cour, un bâtiment, en façade sur la rue Garancière, possède, en un bien lamentable état, les cuisines du maréchal d'Ancre ne communiquaient-elles point sous la rue Garancière, avec l'hôtel du fameux maréchal situé rue de Tournon? Ces cuisines devaient avoir grande figure avec leurs arceaux cintrés mais ce n'est plus aujourd'hui qu'une forêt de poutres entrecroisées pour retarder la catastrophe qui paraît imminente, s'il n'y est porté remède à bref délai. L'administration du Sénat est-elle donc impuissante à conjurer ce péril et à réparer ces ruines si voisines des splendeurs du grand palais?

G. DEMOMBYNES.

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En plus des belles planches en phototypie qui accompagnent l'histoire de la rue de Buci et qui sont dues à la libéralité de M. Fromageot, le présent bulletin contient encore un en-tête représentant les armes de MONSIEUR, Comte de Provence, depuis Louis XVIII. Ce cliché qui reproduit un document du temps, a été offert par M. V. Dujardin.

Enfin, nous donnons la reproduction d'un plan du Petit Luxembourg conservé au cabinet des Estampes. (Topographie de la France, t. II, V a, 266.)

NOTRE MÉDAILLE.

Nous avons placé en tête de ces notules le trait de la médaille qui a été gravée par notre collègue, M. Henry Nocq et offerte par lui à la Société Historique du VIe arrondissement.

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