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L'HOTEL DE NEMOURS

ET LES CARTIERS

Au xvi° siècle, les cartiers formaient une sorte de communauté dont les statuts et règlements furent renouvelés par Henri III en 1581, puis confirmés en 1594 et augmentés plus tard par Louis XIII et Louis XIV. En 1600, sous le règne de Henri IV, ils furent érigés en corporation ayant le droit exclusif de la fabrication et de la vente des cartes. Pour devenir cartier, il fallait faire un apprentissage de quatre ans et trois ans de compagnonnage; le brevet coûtait 30 livres et la maîtrise 700. Le plus célèbre des maîtres-cartiers fut un nommé Anglade, lequel demeurait à Paris dans une rue portant son nom (1) et qui reliait la rue Molière à la rue Sainte-Anne. Les cartes du sieur Anglade étaient vendues sous enveloppes, et celles ci portaient la devise suivante :

Anglade je me nomme

Et vous prie de jouer sans offenser personne.

Dans un très intéressant document, publié en 1664, on trouve que « tous les maistres cartiers de Paris ayant accordé de travailler dans un même lieu, celui-ci fut, pour

(1) Cette rue a été démolie lors du percement de la première partie de l'avenue de l'Opéra en 1863.

cet effet, loué et préparé par les directeurs de l'Hospital général... » Ce lieu n'est pas indiqué, mais un autre document conservé dans les archives de l'administration de l'Assistance publique, très libéralement ouvertes aux chercheurs par M. Mesureur nous apprend que ce local est l'Hôtel de Nemours (1).

Voici ce document :

Extrait des registres du Parlement.

De par le roy,

Veu par la cour la Requeste présentée par les Directeurs de l'Hospital général de cette Ville de Paris, contenant qu'en conséquence des Édits et Déclarations portant establissement du droit de marque et controlle des Cartes, Tarots et Dez de ce Royaume, et des Lettres Pattentes par lesquelles le dit Droit a été accordé à l'Hospital général, plusieurs Arrêts et Règlements sont intervenus pour empêcher les fraudes et contraventions :

Et entr'autres des deffenses très expresses de transporter des cartes faites en un Bureau dans l'étendue de l'autre, et les règlements et les grands soins qui y ont été apporté spar lesdits Directeurs n'en avoient jusqu'à présent pû empêcher les

(1) Piganiol de la Force. (Description de Paris, Versailles, etc. (édition de 1752, tome VI, pages 165 et 166):

<< Une rue de traverse, qui conduit de la rue Pavée (rue Séguier) à la rue des Grands-Augustins, se nomme la rue de Savoie, parce qu'elle a été percée sur une partie de l'emplacement qu'occupait l'Hôtel de Nemours appartenant à une branche de la maison de Savoie, et lequel fut démoli en 1671. »

Dans Jaillot (t. V, quartier St-André-des-Arts, p. 122-123), on trouve que cet hôtel fut vendu le 20 décembre 1670, au sieur Brière de Lépine par Mme Marie-Jeanne-Baptiste, épouse de Charles-Emmanuel, duc de Savoie, prince de Piémont, à laquelle il appartenait comme seule héritière de Charles-Amédée de Savoie, son père, duc de Génevois, de Nemours et d'Aumale; et de feu Henri de Savoie, son oncle, à cause du délaissement à elle fait par la reine de Portugal, sa sœur, par contrat du 20 mars 1666.

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dites fraudes et n'auroient pas trouvé de meilleur moyen que d'embrasser la proposition qui a été faite par les MaîtresCartiers de cette dite Ville, de travailler dans un même lieu, et suivant la dite proposition, a été passé un contrat le 12 avril dernier, ratifié le 27 du dit mois et autres jours suivants, contenant plusieurs articles de règlements, tant entre les dits Maîtres-Cartiers et l'Hospital général que les dits Cartiers entre eux, conformément auquel contract, les dits Directeurs ont loué l'Hostel de Nemours et fait faire en icelui plusieurs accomodemens et réparations, en sorte que les lieux sont à présent en estat de recevoir tous les dits Cartiers, et tant pour l'intérêt du dit Hospital général que des dits Cartiers même, il est nécessaire de tenir la main à ce que tous les règlements qui ont esté faits sur le fait des dites Cartes, Tarots et Dez, et marque et controlle d'iceux soient entièrement gardez et observez à quoi ils supplient la cour de pourvoir: Veu aussi les dits Édits et Déclarations, Lettres Pattentes, Arrests de vérification d'icelle et autres arrests et règlemens sus ce intervenus, le dit Contrat et autres pièces attachées à la dite Requeste, signé Hanriau Procureur des dits Directeurs, conclusions du Procureur Général, Ouy le rapport de Me Guillaume Benard, Conseiller du Roy en la dite Cour, commissaire à ce député, et tout considéré, la dite Cour a ordonné et ordonne que tous les dits Édits, Arrests et Contract, seront exécutez selon leur forme et teneur, et fait inhi bition et deffences à toutes sortes de personnes de vendre et débiter aucunes Cartes, Tarots et Dez sans être marquez et controllez de la Marque et Controlle des dits Directeurs, ausdits Maîtres-Cartiers de la Ville de Paris, compagnons, apprentis et autres, d'en faire et fabriquer ailleurs que dans le lieu à ce destiné, et à toutes personnes de leur louer ny prester des lieux pour y tenir leurs cartes ny leurs ouvriers et outils pour en faire et fabriquer et audits Cartiers d'en vendre et transporter ailleurs que dans le dit Bureau pour ce étably et à toutes personnes d'en revendre qui auront servy, etc., etc. Fait en Parlement le 14 août 1664.

Signé: DU TIllet.

ALFRED DE VAULABELLE.

ACTES D'ÉTAT CIVIL

BERTRAND (JOSEPH), mathématicien.

Extrait du registre des Actes de Naissance

du XIe arrondissement de Paris pour l'année 1822.

N° 281. L'an mil huit cent vingt-deux, le onzième jour du mois de mars, deux heures de relevée. Par devant nous, Antoine-Marie Fieffé, adjoint au maire du onzième arrondissement, faisant les fonctions d'officier de l'état civil, est comparu Alexandre-Jacques-François Bertrand, docteur-médecin, âgé de vingt-sept-ans, demeurant à Paris, rue Saint-André-desArts, no 60 (1), quartier de l'École de Médecine, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né ce jour à trois heures du matin, susdite demeure, de lui déclarant et de Marie-Caroline Blin, son épouse, mariés en la commune de Rheu, département d'Ille-et-Vilaine, le 14 juillet 1819, auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms de Joseph-Louis-François.

Lesdites déclaration et présentation faites en présence de M. François-Désiré Roulin, docteur-médecin, âgé de vingtcinq ans, demeurant rue du Four, no 77, premier témoin, et de M. Jean-Marie-Constant Duhamel, professeur de mathématiques, âgé de vingt-cinq ans, demeurant susdite rue du Four, n° 77, second témoin. Et ont les père et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture.

Signé : BERTRAND, ROULIN, DUHAMEL, FIEFFÉ.

CAVAIGNAC (général EUGÈNE).

Extrait du registre des Actes de Naissance de la onzième Mairie de Paris pour l'an XI de la République. Du vingt-quatrième jour du mois de vendémiaire de

l'an onze.

Acte de naissance de Louis-Eugène, né le jour d'hier à (1) Actuellement n° 52, à l'angle de la rue des Grands-Augustins.

huit heures du matin, rue de l'Égalité n°7 (1), division du Théâtre français, fils de Jean-Baptiste Cavaignac, ex-député, résident et commissaire des relations commerciales, et de JulieMarie Olivier de Corancez, demeurant à Paris, susdite rue de l'Égalité; mariés à Paris au troisième arrondissement en l'an six.

Le sexe de l'enfant a été reconnu être masculin. Premier témoin Jean-Louis Cavaignac-Duplagnol, architecte, demeurant à Paris, rue du Helder, n° 10, division du Mont-Blanc, âgé de quarante-trois ans. Second témoin: Marie-ÉlisabethClémentine Olivier de Corancez, demeurant à Paris, rue du Jardinet, no 8, âgée de vingt-sept ans.

Sur la réquisition à nous faite par le père, présent et a signé avec les témoins.

Signé CAVAIGNAC, M. E. C. OLIVIER-CORANCEZ, VAIGNAC-DUPLAGNOL.

CA

Constaté suivant la loi par moi maire faisant les fonctions d'officier public de l'État-civil soussigné.

Signé : BOULARD.

GOUNOD (FRANÇOIS), compositeur de musique.

Extrait du registre des Actes de Naissance

du XIe arrondissement de Paris pour l'année 1818.

N° 574. — L'an mil huit cent dix-huit, le dix-huitième jour du mois de juin, trois heures de relevée. Par devant nous, Antoine-Marie Fieffé, adjoint à M. le maire du onzième arrondissement, faisant les fonctions d'officier de l'état civil, est comparu François-Louis Gounod (2), peintre, âgé de soixante ans, demeurant à Paris, place Saint-André-des-Arts, no 11, quartier de l'École de Médecine, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né d'hier, quatre heures du matin, susdite demeure, de lui déclarant et de Victoire Lemarchois,

(1) No 5 actuel de la rue de Condé.

(2) GOUNOD (François-Louis), artiste peintre, exposa aux salons de 1810, 1812, 1814, 1817, 1819, 1822; il habitait à ces dates, d'après les livrets, dans cette maison portant le n° 11 de la place St-André-des-Arts qui vit naître son fils, et qui a été démolie dernièrement pour l'ouverture de la rue Danton.

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