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M. Fromageot, revenant indirectement à son histoire de la rue du Cherche-Midi, raconte de quelle façon il a eu connaissance d'un cuvrage qu'on lui assurait être d'un intérêt capital pour son travail. Il s'agit tout simplement d'un roman de Dumas, Les Compagnons de Jéhu, dans lequel il est question du général Delbelle qui aurait habité le n° 11 de la rue du Cherche-Midi. M. Fromageot donne lecture du passage en question, n'y attachant, bien entendu, que l'importance que méritent les publications de l'auteur des Mousquetaires. Dans cet ouvrage, il est encore question d'un certain hôtel meublé sis au coin de la rue du Dragon et de la rue Taranne.

M. Masson fait remarquer que le brillant romancier a manqué de précision, il n'y avait point d'hôtel à cet endroit, mais un peu plus bas.

L'ordre du jour appelle ensuite la communication de M. le D' Dally sur Maurice de Saxe et Madame Favart. L'auteur donne lecture d'un travail très documenté et rempli de détails très curieux sur la dramatique histoire survenue entre la petite actrice Justine Favart et le fameux vainqueur de Fontenoy. Ces deux personnages intéressent l'arrondissement, puisque Justine avait habité rue de Buci, et le maréchal de Saxe, l'hôtel occupé actuellement par le n° 5 du quai Malaquais. L'histoire de la vie de cette actrice est très piquante et M. le Dr Dally s'est attaché à en retracer un épisode, étude de psychologie féminine basée sur des documents dont l'authenticité ne saurait être suspectée. L'auteur a essayé de réhabiliter la mémoire de Justine Favart des insinuations plus ou moins malveillantes de Bachaumont et de Grimm.

M. Raflin demande si réellement Maurice de Saxe a habité la maison du quai Malaquais? M. Masson croit se souvenir que la Commission du Vieux Paris a déjà fait une enquête à ce sujet et que le résultat conduisait à la négative. Quoiqu'il en soit, le travail du D' Dally n'en est pas moins intéressant et sa lecture a été accueillie avec satisfaction de la part des membres pré

sents.

M. Herbet signale ensuite à la curiosité des membres de la Société une découverte archéologique qui ne manque pas d'intérêt. Par suite de travaux nécessités à l'issue des inondations,

dans une maison, dite à la Tourelle, rue Hautefeuille, connue aussi sous le nom d'hôtel de Fécamp, la démolition d'une cloison amena la découverte d'une colonne fleurdelysée dont le chapiteau est apparent. L'emplacement, peu favorable à la photographie, ne saurait pourtant rebuter les amateurs de nos antiquités parisiennes, et la Commision du Vieux Paris a dû être saisie à cet effet.

M. Raflin signale à nouveau l'erreur commise par M. Maurice Barrès dans sa réponse au discours de réception de M. Jean Richepin à l'Académie française, à propos de la situation du café Tabouret. M. Raflin, qui se rappelle encore fort bien cet établissement, dit qu'il occupait l'emplacement de la librairie Flammarion, rue de Vaugirard, à l'angle de la rue Rotrou, et évoque à ce propos le souvenir des hôtes illustres qui le fréquentèrent : Baudelaire, Coppée, Bouchor, et jusqu'au général Faidherbe!

M. Raflin fait connaître les noms de quelques personnages de distinction ayant habité la rue Cassette; puis, offrant à la Société une notice biographique imprimée sur feu notre collègue Cabusel, il donne lecture de quelques passages de la vie de cet artiste qui fut admis dans l'atelier d'Horace Vernet.

M. Raflin offre à la Société, au nom de M. Gosselin, une série de 14 gravures à l'eau-forte, d'après Méryon; ces estampes qui représentent des vues de monuments parisiens, sont une habile interprétation d'une partie de l'œuvre de celui qui fut un homme de grand cœur et un artiste hors ligne.

Les remerciements sont adressés à cet effet à M. Gosselin. Prochain ordre du jour :

M. le Dr Dally: Suzanne Le Peletier.

La séance est levée à dix heures et demie.

Vendredi, 22 avril, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Habert, Bernard, Corbierre, Demombynes, Deville, Foiret, Herbet, Laschett, Masson, Raffin, Saunier, Schürr et Sudre.

En l'absence du président et du vice-président, M. Herbet remplit les fonctions de président.

L'ancien bureau est réélu.

M. le président annonce le décès de M. Lauras, membre de la Société. Se faisant l'interprète de ses confrères, il adresse à la famille de M. Lauras l'expression de sa douloureuse sympathie.

M. Raflin communique quelques notes concernant un livre de M. G. Macé, ancien chef de la sûreté, intitulé Mon premier crime. Étant commissaire du quartier de l'Odéon, en 1868, M. Macé fut appelé à constater un crime qui eut un grand retentissement. Un individu nommé Voirbo, demeurant rue Mazarine, assassina et dépeça un homme, il déposa la tête de sa victime rue Princesse et dispersa les autres parties du corps en différents endroits du quartier. Ce qui fait l'étrangeté de cette tragédie, c'est que l'assassin fut reconnu comme faisant partie de la police et servait d'agent provocateur dans les troubles qui se produisirent à la fin de l'Empire. Voirbo ne passa pas aux assises, car il se suicida pendant sa prison préventive. On prétendit alors que la préfecture de police n'était pas étrangère à cette disparition plus qu'opportune.

M. Saunier donne lecture de différents extraits d'un ouvrage que vient de publier notre collègue, M. Albert Cim (1), sur le chansonnier Émile Debraux, qui occupa, lui et sa famille, plusieurs domiciles dans le VI arrondissement : Vers 1817, rue de l'Observance, 3; en 1818, rue des Boucheries, 4; rue de l'École-de-Médecine, 7, (1833).

Paul-Émile Debraux naquit à Ancerville (Meuse), en 1796 et mourut à Paris en 1831. Dès son enfance il manifesta un goût prononcé pour la poésie légère, balbutiant quelques refrains informes et s'efforçant de joindre l'une à l'autre des rimes plus ou moins heureuses. En 1816, il était employé à l'École de médecine, à Paris, mais l'amour des lettres et l'indépendance lui fit abandonner ces modestes fonctions. Debraux ne tarda pas à publier ses premières chansons. Béranger devint

(1) Le Chansonnier Emile Debraux, roi de la Goguette (1796-1831), un vol. in-12, Paris, Flammarion, 1910.

son guide. Comme son modèle, le jeune chansonnier attaqua violemment la Restauration et tourna contre elle les souvenirs de l'Empire. De cette époque datent les chansons la Colonne (dont le vers << ah! qu'on est fier d'être Français, en regardant la Colonne » est devenu proverbial), le Prince Eugène, la Veuve du soldat, Marengo, le mont Saint-Jean, etc. Plus tard viennent Fanfan la Tulipe, T'en souviens-tu, qui n'eurent pas moins de succès.

Prochain ordre du jour :

Dr Dally: Suzanne Le Peletier de Saint-Fargeau. La séance est levée à dix heures un quart.

Vendredi, 27 mai, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Mouton, Habert, Bernard, Cazals, Corbierre, Foiret, Fromageot, Laschett, Masson, Mimerel, Raflin, Schürr, Semichon et Sudre.

M. Raflin commente un article de M. Léon Briffault, paru dans le supplément littéraire de l'Action, à propos du centenaire d'Hégésippe Moreau (16 avril 1910):

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« Hégésippe Moreau de son vrai nom Pierre-Jacques Rouillot naquit au no 9 de la rue Saint-Placide, le 8 avril 1810. En 1829, il dédia à Didot son Epître sur l'Imprimerie et il entra peu après chez cet imprimeur, rue Jacob, en face de la Charité. On dit qu'en 1834, venant de Provins, Moreau vécut fraternellement, rue des Beaux-Arts, avec deux poètes républicains, comme lui, qui venaient de Lyon Berthaud et Veysat. Moreau venait alors de publier sa Némésis et les poètes lyonnais une périodique poétique du même genre l'Homme Rouge. Tous trois, ils mirent leurs espérances, leurs illusions, leurs vêtements en commun. Mais ils ne purent réussir. Après cette tentative malheureuse, Moreau se retrouva sur le pavé parisien, pauvre, désemparé, ne sachant comment vaincre le sort qui s'acharne à lui nuire. Pendant quatre ans, il mène une vie de privations, de misères, de souffrances. Quand le triomphe viendra, presque la gloire, quand il pourra lire ses poésies réu

nies en volume, par les soins de ses amis, la phtisie qui le mine depuis si longtemps l'a déjà terrassé. Entré à l'hôpital de la Charité au mois de novembre, il y meurt le 19 décembre 1838. Le lendemain, trois mille personnes faisaient à Moreau des obsèques glorieuses comme en ont les plus grands. >>

Prochain ordre du jour :

D' Dally: Suzanne Le Peletier de Saint-Fargeau, fille de la Nation.

M. Depoin Les archives de Saint-Germain-des-Prés, d'après la publication de M. Poupardin.

La séance est levée à dix heures et demie.

CONSEIL D'ADMINISTRATION

Vendredi, 4 février, 8 heures et demie du soir.

Président : M. Félix Herbet; Secrétaire: M. Charles Sau

nier.

Membres présents: MM. Fromageot, Hustin, H. Masson, Marais, Nocq, Sudre, Théo de Bellefonds, Vaillant.

M. Vaillant fait connaître le bilan financier arrêté à la date de ce jour.

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En caisse au 4 février 1910 (y compris le livret de

caisse d'épargne de 300 francs).

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175

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3.160

85

1.571

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