« Vous savez que l'on désire savoir, si après l'exécution la tête du décapité conserve un peu d'intelligence et de sensibilité. << Le jour de votre exécution, un médecin sera placé auprès de l'échafaud; aussitôt que votre tête sera tombée dans le panier, ce médecin la saisira et vous demandera très clairement et très haut près de l'oreille : « La Pommerais, m'entendez-vous? souffrez-vous? << Si vous avez entendu vous ferez un signe, des lèvres, ou des paupières ou des yeux ou d'une contraction de muscle d'un point quelconque de la face. » La Pommerais aurait promis d'écouter et de répondre. L'expérience aurait été faite et le médecin n'aurait constaté sur la face aucun des indices convenus. Le récit terminé, tous les élèves ont regardé Velpeau, qui n'a fait aucune réflexion, aucun signe, il s'est contenté de dire « Allons, continuons la visite. » D.-J. DELBET. ste HT DU VI. 1910. 20 INVENTAIRE DES PAPIERS DE M. VICTOR ADVIELLE CONSERVÉS DANS LES ARCHIVES de la Société historique du VI Arrondissement. Les papiers d'Advielle forment, dans les Archives de la Société historique du VI arrondissement, une forte liasse conservée dans un carton vert. Ayant appris qu'ils contenaient certains renseignements sur le théâtre Bobino, dont je m'occupais, je fus amené à pénétrer dans cet amas de documents de toute nature, et à les classer pour retrouver ceux qui pouvaient m'intéresser. Il m'a suffi de pousser un peu plus loin ce classement pour réaliser une sorte d'inventaire sommaire de ces papiers j'ai réuni, en les collant sur de grandes feuilles, un grand nombre de petits bouts de papier : j'ai distribué quelques chemises et quelques couvertures à des fiches orphelines, auxquelles j'ai donné une famille perdue depuis longtemps et c'est ce travail que je présente à nos collègues, espérant qu'il pourra leur être utile. Une telle besogne n'est pas aussi fastidieuse que l'on pourrait le croire. On y apprend beaucoup de choses; on y trouve d'utiles indications; et, quand il s'agit d'un esprit dévoré, comme l'était Advielle, d'une curiosité active, on y apprend surtout des méthodes de recherche, originales et parfois productives. Le principe d'Advielle, le point de départ de ses recherches était que, quand une question l'intéressait, le monde entier était à sa disposition pour lui fournir des documents. Prenons un exemple. Un beau jour, Advielle, pris d'une émulation dont notre collègue M. Théo de Bellefonds pourrait sans doute nous raconter les origines, travaille sur les origines du café Procope, qui, comme on sait, fut fondé en 1753 par Francesco Procopio dei Coltelli, gentilhomme palermitain, connu en France sous le nom de Procope Cutò. Aussitôt, tous les Couteaux du monde durent payer à Advielle un droit de recherche et de perquisition. Il écrit à l'archevêque de Palerme de lui envoyer tout ce qu'il pourra trouver en fait de Cutos; il va requérir un fumiste de la rue Guersaint, qu'il soupçonne d'avoir eu des aïeux au courant des Couteaux; il ramasse, partout où il les rencontre, tous les Couteaux qu'il trouve, dans les endroits les moins attendus celui-ci est avocat; cet autre vient d'avoir un prix d'excellence en rhétorique; celui-là s'est battu en duel, la nuit dernière, avec sa maîtresse, au sabre d'abordage; enfin, o joie! en voici un qui lève le pied avec la caisse de son patron! Alors Advielle écrivait aux quatre coins du monde, et de tous les mondes, pour tâcher de savoir si ces Couteaux faisaient partie de sa collection, et, chose merveilleuse, recevait des réponses; et, chose plus merveilleuse encore, de ces réponses qu'il tissait ensemble, il formait des descendances, des généalogies! D'ailleurs, il faut bien le dire, toutes les curiosités d'Advielle n'étaient pas dirigées contre les individus : les catalogues de vente, ceux de librairie, lui fournissaient mille petites fiches qui allaient s'amasser dans des chemises faites de morceaux de papier, à peine un peu plus grands que les découpures qu'elles contenaient de petites notes précises et référencées les rejoignaient, écrites elles-mêmes sur d'infimes bouts de papier; et même, à cette mosaïque, à ces petits cailloux, à cet opus incertum, se mêlaient des documents parfois de première valeur, actes de notaire, autographes, brochures, et plaquettes rares, qui devaient jouer leur rôle dans la construction future. Les papiers d'Advielle que nous possédons, et qui malheureusement ne sont qu'une faible partie, paraît-il, de ceux qui pouvaient intéresser notre arrondissement, ont été donnés par Mme A. Le Sage, sur la sollicitation de M. Le Cholleux. Plusieurs paquets ne concernent en aucune façon notre patrie historique. Le rangement que j'en ai fait n'est nullement définitif : c'est une répartition méthodique des documents qui laisse place à toute classification future. Inventaire des Papiers Advielle. I. Lettre de Mme Le Sage; Note d'Advielle sur ses papiers intéressant le VI; Inventaire sommaire des papiers donnés à la Société. (Cet inventaire, rédigé probablement au moment de la remise des papiers, contient deux volumes qui ont été distraits. du dossier et placés dans la bibliothèque de la Société : 1° La rue Hautefeuille, par M. Baillière; 2° Inventaire des Archives de la Seine, Fonds des anciens arrondissements.) II. Bibliographie, Biographies, Autographie, Sources. a. Mémoires, Journaux, Collections. b. Livres curieux ou rares. c. Bibliographie sur quelques sujets spéciaux. d. Biographie, Généalogies. e. Fiches (ordre alphabétique) extraites d'un Catalogue d'autographes de 1862 et de la Collection Charavay (1900). (Avec une notice manuscrite). III. Histoire de Paris (moins le VI arrondissement). a. Plans de Paris : entre autres : Plan allemand de 1620, avec six personnages. Quartier du Palais-Royal, par Jaillot. Plan de Lallemand, 1881. b. Généralités sur Paris. c. Marché sur l'eau. d. Géorama. e. Chaillot. f. Iconographie: vues parisiennes ou portraits. (Neuf pièces). IV. Histoire du VIe arrondissement. a. Plans, entre autres : Plan du Carrefour de Bucy, par Delagrive, 1749. b. Iconographie (dix-huit pièces). Luxembourg. Quai de l'Horloge. Rues et monuments divers. d. La tombe de Jean Chefderoy (avec une étude manuscrite). V. Bulletin, année 1902, pp. 39-44. e. L'ameublement et le vestiaire d'un Bourgeois de Paris en 1746 (manuscrit d'Advielle et notes concernant le sieur Louis-Aubin Delaforest, marchand mercier sur le Pont Saint-Michel). |