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au Cabinet des Estampes alors dirigé par Duchesne qui comprit ses aptitudes merveilleuses et le prit en affection. Après la mort de Duchesne en 1858, il devint le collaborateur du vicomte Henri Delaborde, et publia, dès lors, de nombreux travaux artistiques. Décoré en 1874, Conservateur adjoint en 1876, ce ne fut qu'en 1885, lors de la retraite du vicomte Delaborde, qu'il eut enfin le titre suprême qui était, depuis trente-deux ans, l'idéal de sa carrière. Il en eut le couronnement en 1891, par son entrée à l'Institut. Enlevé par une mort imprévue, à soixante-cinq ans, en pleine possession de son activité, il a inspiré, à son successeur aux Estampes M. Bouchot, une notice nécrologique qui fait le plus bel éloge de son caractère et de son talent.

Durant les soixante-cinq années qui se sont écoulées depuis la mort de M. Lebeau, peu de personnages marquants nous ont été signalés parmi les locataires de ce no 17. Au rez-de-chaussée, une des boutiques aurait été occupée, de 1836 à 1851, par un chapelier. C'est peut-être la même qui fut louée ensuite à un coiffeur de 1857 à 1869, puis à un miroitier jusqu'en 1907. Une autre, occupée dès 1857 par un débitant de tabac, l'était encore dernièrement jusqu'à ce qu'il prît celle du miroitier. Dans les appartements, se sont succédé, en 1857 et 1858: le baron Leguay, M. Petel, ancien avoué, M. Aubineau, homme de lettres; en 1868 et 1869, le général de Blois de la Calande, M. Gauthier de Lizolles, conseiller-maître à la Cour des comptes, M. Taillandier, avocat à la Cour d'appel, excellent homme d'affaires qui a laissé au barreau les meilleurs souvenirs, et enfin M. Meunié, notaire. Ce dernier dont l'adresse est mentionnée dès 1868 dans cette maison, ne l'a pas quittée en prenant sa retraite et y

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demeure encore actuellement. C'est lui qui occupe, comme nous l'avons dit, le grand appartement du rez-de-chaussée au fond de la cour, qui fut jadis l'hôtel de la Princesse de Mecklembourg, de la maréchale de Chamilly, de la duchesse de Sully et autres. L'entrée qui devait être autrefois en face de la porte cochère, sous les grandes guirlandes sculptées de la façade, a été reportée à droite de la cour, ce qui a dû modifier la distribution intérieure des pièces. Cependant les belles boiseries et les dessus de portes qui ornent l'antichambre et la salle à manger donnant sur la cour, puis le salon donnant sur le jardin, paraissent bien dater du xviie siècle. D'ailleurs, de même qu'au temps de la duchesse de Sully, les tableaux anciens et les objets d'art abondent dans ce rez-de-chaussée historique. On se l'explique aisément en apprenant que M. Meunié est le petit-fils du célèbre architecte Fontaine, grand artiste, collaborateur de Percier.

(A suivre.)

Paul FROMAGEOT.

LE PROFESSEUR VELPEAU ET LE DOCTEUR

LA POMMERAIS (1)

Trois ou quatre jours après l'exécution du docteur La Pommerais, le professeur Velpeau faisait, le matin, sa visite habituelle au lit de chacun de ses malades, à l'Hôpital de la Charité, rue Jacob.

Il était entouré de ses élèves et suivi par d'autres étudiants, qui comptaient parmi eux quelques étrangers.

Le nom de La Pommerais fut, comme presque tous les derniers jours, prononcé à propos de je ne sais plus quel incident.

Un des assistants, qui suivaient la visite, raconta alors, au pied du lit d'un des malades, devant Velpeau et ses élèves, que l'on parlait en ville et dans les salles de rédaction de divers journaux du fait suivant:

Plusieurs savants cherchaient depuis longtemps le moyen de constater si l'intelligence et la sensibilité persistaient quelques secondes après la décapitation. L'un d'eux, le professeur Velpeau, aurait été chargé d'aller trouver le condamné dans sa prison.

Il lui aurait dit : « La Pommerais, vous avez commis un crime épouvantable; vous pourrez, vous, médecin instruit, intelligent, rendre à la science un réel service, qui atténuerait un peu votre faute.

(1) Voir le procès-verbal du 23 décembre 1910, p. 154.

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