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A Paris chez le S Dejabin éditeur de cette Collection

Place du Carrousel

généreusement à son frère pour armer un navire, et partir avec lui au secours de La Pérouse, il s'attarda dans ses études au point que, lorsqu'il arriva à Brest, son frère avait quitté le port. Il prend alors passage sur un bateau partant pour l'Ile de France, espérant rejoindre son frère; il le manque encore, et, à court d'argent, se met à herboriser aux colonies, y passe dix années, et ne rentre en France qu'en 1802. C'est dès cette époque, probablement, qu'il vint demeurer rue du Cherche-Midi n° 294, où son domicile est mentionné dans un acte notarié du 21 pluviose an XI (13 février 1804) par lequel «< Aubert Dupetit-Thouars naturaliste » charge un homme d'affaires de réclamer une indemnité du gouvernement portugais, à raison probablement de la capture de son navire et de l'emprisonnement de son frère en 1793 (1). Il ne quitta ce logis qu'en 1807 lorsqu'il fut nommé Directeur de la Pépinière du Roule où il se fixa pendant vingt ans, jusqu'à la suppression de cet établissement. Il est mort peu de temps après, en 1832, membre de l'Académie des sciences, auteur de nombreux ouvrages relatifs à la botanique et à l'agriculture.

D'autre part, le 10 juillet 1805 mourait rue du ChercheMidi no 294, Mme Perpétue Aubert Dupetit-Thouars, sœur du botaniste, mariée à Nicolas Bergasse, ancien avocat, lequel faisait procéder le 9 septembre suivant à l'inventaire du mobilier et se présentait comme héritier de sa femme décédée (2). Les deux beaux-frères avaient donc la même demeure, et ils continuèrent d'habiter ainsi ensemble plus tard à la Pépinière du Roule. Quel était celui des deux qui, le premier, avait pris domicile dans cette maison et y attira l'autre? — Il est à présumer que ce fut Bergasse,

(1) Arch. de la Seine, Enregistrement.

(2) Ibid. Décès, vol. 1884, et Déclarations de successions, vol. 1791.

fixé depuis longtemps à Paris, marié en 1791 avec M11e Dupetit-Thouars. Celle-ci dut accueillir en 1802 son frère arrivant des colonies, célibataire, plus riche en collections botaniques qu'en argent, et lui donner asile, de même que plus tard, en 1807, Aubert Dupetit-Thomas devait offrir à son tour un logis à son beau-frère, dans les bâtiments. de la Pépinière.

Nicolas Bergasse eut une existence curieuse. Né à Lyon en 1750, il y exerçait la profession d'avocat lorsqu'en 1781 il commença de se faire connaître par un petit ouvrage sur Mesmer et sa doctrine qu'il avait adoptée avec enthousiasme. La brouille étant bientôt survenue entre l'apôtre du magnétisme et son disciple, ils publièrent l'un contre l'autre des mémoires très vifs qui amusèrent le public. Bergasse eut alors la chance d'être chargé d'un procès dont il eut l'art de faire une cause célèbre. Le riche banquier Kornmann, après avoir été d'une complaisance ou d'un aveuglement surprenants pour les écarts de sa femme, l'avait fait emprisonner assez durement. Beaumarchais, sur la recommandation du prince de Nassau, ami de l'amant de la dame Kornmann, prit la défense de celle-ci et obtint du lieutenant de police sa mise en liberté. Bergasse, prenant en mains la plainte de Kornmann, ne se contenta pas d'assigner en justice la femme coupable et son amant, mais poursuivit en outre, comme complices à divers titres, le prince de Nassau, Beaumarchais et le lieutenant de police Lenoir lui-même. Il publia et fit répandre à plusieurs milliers d'exemplaires un mémoire d'une violence extrême où il se flattait lui-même « de porter l'éloquence humaine jusqu'où elle peut aller (1) ».

(1) PAUL ROBIQUET, Le personnel municipal de Paris pendant la Révolution: Kornmann, p. 242-244.

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Neon Chateau de Benners, pres Saumur (Maine et Loire), le Novembre 1758,

élu en 1820.

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