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Vendredi, 25 novembre, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Léo Mouton, Habert, Anthiome, Bonnet, Corbierre, Dally, Demombynes, Herbet, Laschett, Masson, Saunier et Sudre.

M. le Dr Dally lit une notice étendue sur Suzanne Lepeletier, fille de la Nation. Née en 1782, elle fut baptisée à Saint-Sulpice. Grâce à de patientes recherches, notre collègue a reconstitué la vie de Suzanne, depuis la mort de son père, le conventionnel Michel Lepeletier, assassiné en janvier 1783 par le garde du corps Deparis.

Élevée par son oncle, Félix Lepeletier, dans les principes du plus pur jacobinisme, Suzanne Lepeletier épousa en 1798 Jean-François de Witt, alors âgé de dix-neuf ans. Cette union fut vivement combattue par Félix Lepeletier qui tenta de s'y opposer par tous les moyens, fit intervenir le Conseil des Cinq-Cents, déblatéra contre la famille de Witt, qu'il accusa de vouloir capter la dot immense de Suzanne. Le Conseil des Cinq-Cents donna cependant raison à Suzanne Lepeletier, mais son union, malgré la naissance de deux enfants qui moururent en bas âge, ne fut pas heureuse et elle divorça en 1802. Elle épousa plus tard M. de Mortefontaine, son cousin, et devint alors d'un royalisme ultra. C'est alors qu'elle acheta fort cher, en vue de le supprimer, le beau tableau de David, qui représentait son père assassiné. Suzanne mourut en 1829, laissant deux filles.

Quant à Félix, qui était resté jacobin impénitent, sa vie fut traversée de complots, d'exils, de fuites, de conjurations et de polémiques avec tous les gouvernements successifs de la France. Cependant, en 1815, il acclama l'Empereur et fut préfet de la Seine-Inférieure. Né en 1767, il mourut à Paris en 1837. M. le Dr Dally fait don à la bibliothèque de la Société d'une reproduction du portrait de Suzanne Lepeletier, dessiné au physionotrace, par Fouquet, passage Honoré, à Paris.

Prochain ordre du jour, M. Anthiome: Le Dr La Pommerais.

La séance est levée à dix heures et demie.

Vendredi, 23 décembre, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Léo Mouton, Anthiome, Habert, Corbierre, Dally, Delbet, Guérin, Herbet, Laschett, Lahalle, Raflin, Saunier, Sudre; Mme Simon-Baudette.

M. Anthiome fait une courte biographie du Dr La Pommerais et résume la triste cause célèbre dont il fut le héros, et qui le mena à la guillotine. Au moment de son procès il habitait rue des Saints-Pères, 5, et sa victime, la dame de Pauw, veuve d'un artiste peintre mort en 1858, rue Bonaparte.

Il lit à ce sujet une curieuse nouvelle de Villiers-de-l'Isle Adam parue dans le Figaro du 23 octobre 1883. Villiers suppose que Velpeau aurait obtenu du condamné à mort l'engagement de répondre, s'il lui était possible, par un mouvement de la face, après la décapitation, au célèbre chirurgien qui devait être présent à l'exécution.

M. le Dr Delbet, qui suivait les leçons de Velpeau au moment de l'exécution de La Pommerais, se rappelle fort bien que l'on parla d'une expérience semblable dans l'entourage du professeur qui, toutefois, n'affirma ni n'infirma (1). La nouvelle de Villiers-de-l'Isle Adam pourrait donc avoir un fond de vérité.

M. Anthiome fait don à la Société d'une photographie de La Pommerais et d'une carte de visite de Sainte-Beuve. M. le Dr Dally communique des notes sur Claude Chappe et ses expériences de télégraphie optique.

Prochain ordre du jour :

M. Ch. Saunier Notes sur les Caffieri.
M. le Dr Dally: Le Théâtre Bobino.

La séance est levée à dix heures et demie.

(1) Voir ci-après, page 284.

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ET DE SES HABITANTS. - DU MANOIR DE JEAN BOUYN A L'ÉCOLE DES BEAUX-ARTS

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III

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Les Loménie de Brienne. Henri-Auguste, secrétaire d'État. Conversation avec Buckingham. Mme de Brienne. Une scène du grand Condé. - Triste fin de vie.

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C'est en vain que Le Barbier s'était fait bâtir un hôtel sans but mercantile, c'est en vain qu'il avait voulu bien affirmer son intention en faisant sculpter ses « harmes par en hault tenus par deux petit enfens » sur la hotte de cheminée de la grand'salle sa destinée était de spéculer toujours et encore. En 1630, si le gros œuvre est terminé, les divers corps de métier sont en pleins travaux et, deux ans après, Le Barbier aliène sa maison; il ne la vend pas, il est vrai, mais il l'échange par acte sous seing privé du 19 mars 1632, avec MM. de Loménie père et fils, intervenant tous deux à l'acte (1), tandis que lui émigre un peu plus bas, au futur quai Voltaire (2).

Du premier coup, avec de tels propriétaires, l'hôtel prenait rang parmi les logis renommés. Ces Loménie

(1) Minutes de Me Dubost, notaire. Vente du 20 septembre 1660. (2) Malingre, Antiquités de la ville de Paris, livre II, p. 403.

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