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Vendredi, 23 décembre, 9 heures du soir.

Membres présents: MM. Léo Mouton, Anthiome, Habert, Corbierre, Dally, Delbet, Guérin, Herbet, Laschett, Lahalle, Raflin, Saunier, Sudre; Mme Simon-Baudette.

M. Anthiome fait une courte biographie du Dr La Pommerais et résume la triste cause célèbre dont il fut le héros, et qui le mena à la guillotine. Au moment de son procès il habitait rue des Saints-Pères, 5, et sa victime, la dame de Pauw, veuve d'un artiste peintre mort en 1858, rue Bonaparte.

Il lit à ce sujet une curieuse nouvelle de Villiers-de-l'Isle Adam parue dans le Figaro du 23 octobre 1883. Villiers suppose que Velpeau aurait obtenu du condamné à mort l'engagement de répondre, s'il lui était possible, par un mouvement de la face, après la décapitation, au célèbre chirurgien qui devait être présent à l'exécution.

M. le Dr Delbet, qui suivait les leçons de Velpeau au moment de l'exécution de La Pommerais, se rappelle fort bien que l'on parla d'une expérience semblable dans l'entourage du professeur qui, toutefois, n'affirma ni n'infirma (1). La nouvelle de Villiers-de-l'Isle Adam pourrait donc avoir un fond de vérité.

M. Anthiome fait don à la Société d'une photographie de La Pommerais et d'une carte de visite de Sainte-Beuve. M. le Dr Dally communique des notes sur Claude Chappe et ses expériences de télégraphie optique.

Prochain ordre du jour :

M. Ch. Saunier Notes sur les Caffieri.
M. le Dr Dally: Le Théâtre Bobino.

La séance est levée à dix heures et demie.

(1) Voir ci-après, page 284.

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ET DE SES HABITANTS. DU MANOIR DE JEAN BOUYN A L'ÉCOLE DES BEAUX-ARTS

Les Loménie de Brienne.

III

Henri-Auguste, secrétaire d'État. Conversation avec Buckingham. Mme de Brienne. Une scène du grand Condé. - Triste fin de vie.

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C'est en vain que Le Barbier s'était fait bâtir un hôtel sans but mercantile, c'est en vain qu'il avait voulu bien affirmer son intention en faisant sculpter ses « harmes par en hault tenus par deux petit enfens » sur la hotte de cheminée de la grand'salle: sa destinée était de spéculer toujours et encore. En 1630, si le gros œuvre est terminé, les divers corps de métier sont en pleins travaux et, deux ans après, Le Barbier aliène sa maison; il ne la vend pas, il est vrai, mais il l'échange par acte sous seing privé du 19 mars 1632, avec MM. de Loménie père et fils, intervenant tous deux à l'acte (1), tandis que lui émigre un peu plus bas, au futur quai Voltaire (2).

Du premier coup, avec de tels propriétaires, l'hôtel prenait rang parmi les logis renommés. Ces Loménie

(1) Minutes de Me Dubost, notaire. Vente du 20 septembre 1660. (2) Malingre, Antiquités de la ville de Paris, livre II, p. 403.

étaient en effet, sinon des grands seigneurs, au moins des personnages fort importants et dont la fortune croissait rapidement. Il ne fallait pas remonter loin pour trouver des origines sinon humbles, au moins modestes; ils descendaient d'une petite race limousine. Un certain Martial de Loménie, greffier du Conseil, avait donné dans la nouvelle opinion, et s'était fait huguenot, ce qui l'avait ruiné au moment de la Saint-Barthélemy. Henri IV qu'il avait servi, se chargea de l'éducation de son fils Antoine, qui obtint lui-même plus tard le titre de secrétaire du cabinet. En 1589-90, Antoine de Loménie faisait l'intérim de garde des sceaux, et en 1593 il épousait une catholique, Anne Aubourg. Il avait sans doute su acquérir la confiance de son prince, car, en 1595, il était chargé d'une ambassade extraordinaire auprès d'Élisabeth d'Angleterre. C'était un homme probe, attaché au roi, d'esprit pratique et sachant soigner à la fois les intérêts de son maître et les siens propres. Vers la fin de sa vie il abjura le protestantisme, et mourut riche et honoré en 1638. Il laissait plusieurs filles et un fils, Henri-Auguste, dont la carrière devait être encore plus brillante que la sienne.

Dès son plus jeune âge, Henri-Auguste de Loménie avait été destiné aux charges de la cour; après trois ans de collège, son père l'avait fait voyager pendant plusieurs années en Allemagne, en Pologne, à Vienne, en Hongrie, en Italie. Quand il revint à Paris, le 3 novembre 1609, il avait beaucoup vu, beaucoup écouté et possédait plusieurs langues étrangères, chose rare et précieuse à cette époque et particulièrement appropriée à la carrière où Antoine de Loménie entendait diriger son fils. Le jeune garçon était d'ailleurs dans l'entourage du dauphin et souvent jouait avec lui. Rentré à la maison

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