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Cartier d'avoir injurié et frappé une demoiselle demeurant dans la même maison. Un peu plus loin, en suivant la rue du Cherche-Midi, les Prémontrés ont pris pour principal locataire en 1723 un « maître savetier », Nicolas Foucault, qui a maille à partir avec les époux La Verdure, jardiniers, sous-locataires d'une chambre au troisième étage d'où ils jettent des ordures de toute nature sur le pain du boulanger Mignot qui occupe une boutique d'en bas. Ensuite il y a procès entre Foucault et le s Havart, chirurgien, qui occupe au deuxième étage une chambre du prix de 84 livres par an, puis encore avec les époux Mignot qui se plaignent des mauvaises fréquentations de leurs colocataires. Plus loin encore, dans la dernière maison appartenant aux Prémontrés et correspondant aujourd'hui au n° 12, est un marchand de vin nommé Prunet, à l'enseigne des Treize Cantons. En 1723 des travaux de mitoyenneté y sont entrepris par un s' Haudot, propriétaire voisin, que nous trouverons au no 14. A cette occasion un apprenti maçon demeurant dans la maison, veut pénétrer dans le logement d'un Anglais son colocataire, mais il est roué de coups par celui-ci, et en revient, la figure ensanglantée, se plaindre au commissaire. Il invoque le témoignage d'un garçon cordonnier qui habite aussi la maison (1). Ajoutons qu'en 1728 les travaux de reconstruction du mur mitoyen n'étant pas terminés, le R. P. Homo, Prieur des Prémontrés, sur les justes réclamations du s' Prunet, fait un procès en dommages-intérêts au propriétaire voisin (2).

En 1726, une boutique à l'entrée de la rue est occupée par un s Lanfuriot perruquier, qui injurie et maltraite une

(1-2) Arch. nat. Y. 10.744 et 10.749. Papiers du commissaire Charles.

cuisinière venue le chercher pour accommoder son maître, le marquis de Longchesne. Les autres habitants de la maison, qui accourent au bruit, sont un garçon tailleur, la femme d'un boulanger, celle d'un vitrier, etc. (1). En 1733, c'est dans la maison d'encoignure donnant sur la place de la Croix-Rouge et sur la rue du Cherche-Midi, louée en principale location par les Prémontrés au st Vergne, marchand de vin, que se passe une scène violente. Une des boutiques est sous-louée par lui au perruquier Jullien lequel en a sousloué à son tour une partie à Dusaux, écrivain public et allumeur des lanternes du quartier. Le 15 juin, Dusaux rentrant à onze heures et demie du soir, est mal accueilli par la femme Jullien qui l'injurie; il y répond sans doute ; les deux garçons perruquiers sortent armés, l'un d'un manche à balai, l'autre d'un bâton, et se jettent sur Dusaux qui se défend vigoureusement avec sa canne et met l'un de ses assaillants hors de combat. Le tumulte attire voisins et passants. Un compagnon sculpteur, couché dans sa chambre au troisième étage de la même maison, réveillé par le bruit, se précipite à sa fenêtre et estime à plus de deux cents personnes les gens rassemblés dans la rue. Un maître charron, logé chez le s' Vergne, assiste aussi, de sa fenêtre, à la bataille. De là, plainte au commissaire, et enquête où l'on entend comme témoins nombre de voisins qui sont le marchand de tabac, l'épicier, le marchand de vin, le papetier, le pâtissier, etc...tous locataires des Prémontrés (2). Quelque temps après dans cette même maison, qui doit être contigue à la grande porte du couvent sur le carrefour, une dispute éclate entre le vitrier Reverard et le marchand

(1) Arch. nat. Y. 10.748. Papiers du commissaire Charles.

(2) Arch. nat. Y. 10.751, 10.754. 10.755. Papiers des commissaires Charles et Leblanc.

de vin Le Talleur à propos des ordures déposées par un tonnelier dans le couloir d'entrée. C'est encore une rixe qui s'engage à coups de poing et de bâton entre ces deux boutiquiers. Puis Reverard se plaint encore de la femme Hebert, coiffeuse, occupant une chambre au premier étage au-dessus de sa boutique, qui jette ses ordures par sa fenêtre. D'autre part, le marchand de vin expose qu'à l'occasion d'une noce qui se tenait dans sa grande salle il lui a été volé deux fourchettes d'argent, et qu'il soupçonne le maître à danser et le joueur de violon employés par la noce, d'être les voleurs.

On voit suffisamment par ces citations que nous pourrions multiplier, ce qu'étaient les habitants des six maisons bâties par les Prémontrés sur la rue du Cherche-Midi, dès l'origine, à partir de 1722. Il est juste pourtant d'observer que, parmi ces locataires de fortune modeste, il s'en trouvait quelques-uns dont les habitudes correctes ne provoquaient pas l'intervention du commissaire et que, par suite, nous connaissons plus difficilement. Ainsi, en 1729, on sait seulement par un procès-verbal d'apposition de scellés (1), que dans une des maisons appartenant aux Prémontrés rue du Cherche-Midi, est décédée Me Calliope Gifflot des Alleurs occupant avec deux femmes de chambre un appartement au deuxième étage, composé de plusieurs pièces donnant les unes sur la rue, les autres sur le couvent. Cette vieille demoiselle était peut-être parente du comte des Alleurs qui fut envoyé extraordinaire auprès du roi de Pologne en 1741, puis ambassadeur à Constantinople en 1744. Mais elle était peu fortunée, car son mobilier, décrit sommairement par le commissaire, est modeste, et

(1) Arch. nat. Y. 10.750, 13.215, 13.235. Papiers des commissaires Charles et Parent.

l'une de ses deux servantes, instituée légataire universelle, se présente en même temps comme créancière des gages << à elle dûs depuis qu'elle est au service de ladite demoiselle ». C'était assurément une locataire tranquille que le voisinage des Prémontrés avait dû attirer, car on trouve chez elle plusieurs reliquaires, une grande peinture représentant le Paradis, et quelques petits tableaux religieux.

Deux ans après, en 1731, nous apprenons de même le décès, au premier étage d'une maison des Prémontrés rue du Cherche-Midi, de la veuve de Messire Hector des Ardents, premier chef d'escadre, chevalier de l'ordre de NotreDame du Mont-Carmel. De même encore, par l'apposition des scellés, après décès survenu en 1748, nous savons que les Prémontrés avaient pour locataire rue du ChercheMidi, M Claude-Marie Bergeron, avocat au Parlement, occupant un appartement au deuxième étage, et qu'une de ses sœurs habitait dans la même maison. Mais ces hôtes « de condition distinguée, » étaient rares, et il paraît certain que la plupart des locataires des Prémontrés étaient des artisans et de petits commerçants. Le revenu de ces immeubles, construits économiquement et sans aucun luxe, n'en était d'ailleurs que plus avantageux. Un état des locations, dressé en 1732, nous fait connaître que les six maisons comprises entre la place de la Croix-Rouge et le n° 12 actuel rapportaient au total 9.273 livres par an, et se divisaient en une foule de petits locaux de 50 à 300 livres. Ainsi la dernière maison (n° 12 actuel) rapportant 2.443 livres, comprenait trois boutiques, vingt-quatre chambres et quatre cabinets en quatre étages (1).

(1) Arch. nat. S. 4340.

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