CHAPITRE VI UTILITÉ, PUISSANCE ET APPLICATIONS DIVERSES Thalès de Crète trouva dans la musique un puissant auxiliaire contre la peste. En Béotie, Isménias, par son jeu sur la flûte, guérissait les maux de reins. Asclepiade, au moyen de la trompette, rendiț l'ouïe à un sourd; ce traitement n'a rien d'étonnant, c'est l'homœopathie, puisqu'il y a des gens qui se trouvent assourdis par la trompette. Que de nos jours on se serve de la musique pour rendre aux fous la raison perdue, ce n'est encore qu'un vieux moyen, Martianus Capella de Carthage l'avait déjà employé avec succès au ve siècle (1). Théophraste affirme que les morsures des serpents venimeux ne sont guérissables que par la musique. (1) Musica curat corpus per animam. Empedocle s'est aussi servi de ce moyen de guérison de la folie. Galien parle aussi de jouer de la flûte sur les parties souffrantes du corps; ce même illustre médecin nous apprend qu'une joueuse de flûte, rencontrée par des jeunes gens ivres et furieux, les calma en leur jouant un air dans le mode Dorien. Alexandre le Grand avait deux musiciens, dont l'un; Antigénide, joua un jour devant son maître son Carmen harmatium avec tant d'expression, que le prince devint furieux, saisit ses armes, et eût fait un mauvais parti aux personnes présentes, si Timothée n'avait entonné immédiatement son Carmen orthïum, avec non moins d'expression, ce qui calma heureusement le conquérant. C'est sur ce fait que Dryden a bâti son célèbre poëme la Puissance de l'harmonie (ou la Fête d'Alexandre) illustré en musique par Hændel (1). Un jour, à Lacédémone, Terpandre, l'illustre Lesbien, apaisa un soulèvement populaire par le jeu de sa flûte; pourquoi donc, en France, où l'on possède tant d'excellents virtuoses, ne se serton pas de ce moyen contre les émeutes et autres désagréments qui se passent en temps de révolution? Ne serait-il pas infiniment moins coûteux de faire jouer sur la flûte un air dans le mode Dorien devant des barricadeurs, que d'envoyer contre eux un bataillon d'in fanterie? que de sang épargné des (1) Plutarque lui-même avoue qu'un jour la musique l'a tellement exaspéré qu'il a couru après ses armes quel pouvait être ce diable d'air? deux côtés ! Ah! messieurs Tulou, Dorus, Taffanel, Donjon, etc., etc., vous n'êtes pas de vrais citoyens, et vous ne comprenez qu'à demi les grandes destinées de la flûte ! Lisez les anciens. Cette pauvre musique! à quoi n'a-t-elle pas servi! Elle anime le courage des soldats dans la bataille... Elle aide à prier Dieu et à pardonner à nos ennemis... Elle inspire l'amour terrestre, et trouve ces phrases mystérieuses que les poëtes n'ont jamais trouvé dans leurs vers... Elle sert au pauvre aveugle, aux pauvres en général, pour inspirer la pitié.... Elle sert à calmer les fous furieux... Elle sert... Mais à quoi ne sert-elle pas? Lisez plutôt une brochure qui a pour titre : Essai en plain-chant musical sur l'utilité de l'agriculture, suivi d'une méthode par le même procédé pour apprendre la carte géographique de France, par M. Fourtou, instituteur communal à Auterive (Haute-Garonne); Toulouse, 1845. Observation de l'auteur: « On peut donner à un morceau de chant plus ou moins de lenteur; mais je dois faire observer que mes compositions doivent être exécutées avec un certain degré de vitesse et de légèreté, car le mouvement qui a un certain degré de vitesse ou de précipitation aide puissamment à la mémoire. » Au lieu de faire une analyse de ce traité d'agriculture, nous croyons préférable de copier le chapitre des fumiers : |