Page images
PDF
EPUB

donnés en aumône au couvent par Hugues de Pesmes, seigneur de Bougey, son oncle; il complétait cette donation en obtenant l'approbation de Hugues de La Résie, son cousin, co-seigneur de Bougey.

Nous avons précédemment signalé la politique d'envahissement suivie par les ducs de Bourgogne vis-à-vis du comté. Profitant de toutes les circonstances propres à favoriser leurs ambitieux projets, ils s'efforcent chaque jour d'y accroître leur influence et de s'y créer de nouveaux fiefs. On croirait qu'ils cherchaient à rendre douteuse la ligne de démarcation des deux pays; ils y réussirent complètement au voisinage de Pesmes, et la confusion des influences féodales amena plus tard celle des limites territoriales (1). C'est par une conséquence de cette politique d'extension persévérante que Guillaume IV prêtait, en 1235, hommage au duc de Bourgogne et reconnaissait être son homme lige pour son village de Broye-sur-l'Oignon (2).

Les fiefs et les terres que le seigneur de Pesmes possédait en Champagne l'attiraient fréquemment hors du pays; mais, en courant ainsi les grands chemins, il ne fut pas sans commettre quelques-uns de ces méfaits que les seigneurs de cette époque jugeaient trop facilement de bonne guerre. Il avait d'ailleurs pour compagnon de ces exploits son frère utérin Poinçard de Duesme. C'était un cadet de famille qui avait reçu en partage la petite seigneurie de Saulon-la-Rue, en Bourgogne, et qui, peu satisfait d'un lot trop mince pour son ambition, se vengeait sur autrui des torts de la fortune. A le voir fréquemment à la suite des sires de Pesmes, on

(1) « Certificat donné par Narduin d'Auxonne, notaire impérial et de la cour de Besançon, constatant que, sur l'ordre de Robert de Chatillon, gardien et connétable du Comté, il a vérifié ses registres et y a trouvé mention d'une reprise de fief faite à Gray à la reine Jeanne par Henri de Vergy, et qu'il résulte de cette reprise que Champlitte et ses dépendances, ... Chevigney-les-Pesmes, Noiron, etc., dépendent du comté de Bourgogne, 1338. » B. 431. Arch. du Doubs.

(2) Pr. no 51.

aurait pu le croire établi dans leur seigneurie; il l'était presque de fait, car il posséda et peut-être bâtit le château de Montrambert, dont l'Oignon baignait les murs, à trois kilomètres en amont de Pesmes. Il est bien douteux qu'il en soit devenu le maître d'une manière régulière, car, en 1327, Guillaume VII de Pesmes rendait ce château au chapitre de Saint-Jean de Besançon pour exécuter la volonté paternelle et pour avoir appris qu'il avait été construit des deniers enlevés à l'Eglise; ce souvenir tardif, exprimé dans un testament, avait toute l'apparence d'une restitution. Ce point n'a jamais été éclairci; quoi qu'il en soit, il arriva que, pour quelque pillerie commise en ses états, Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne, condamna Guillaume IV de Pesmes et son compagnon Poinçard de Duesme à la somme, énorme pour le temps, de 400 livres de Provins. N'étant ni l'un ni l'autre bien fournis en numéraire, ils ne purent s'acquitter dans le délai voulu. Ils furent obligés de donner caution au comte de Champagne et d'abandonner temporairement à leurs créanciers le fief de la Rivière-deCorps, ainsi que d'autres domaines acquis en commun. Ces faits se passèrent dans les dernières années de la vie de Guillaume IV; vers la même époque, Othon III, duc de Méranie, fils et héritier de celui qui avait soutenu la guerre de 1227, donna à ce seigneur une marque éclatante de sa confiance et de sa faveur en le nommant, en 1248, pour être exécuteur de l'un des codicilles de son testament. Il partageait cette mission avec Alix, sœur du comte Othon, Hugues, époux de la comtesse Alix, Jean de Chalon, beau-père d'Alix, Thiébaud, seigneur de Neuchâtel, et Jean, seigneur de Montferrand.

Dunod affirme que ce seigneur prit part à l'expédition que conduisit, en Orient, l'an 1240, Simon de Montfort, comte de Leicester et sénéchal de Gascogne. Peu de chevaliers français ou comtois participèrent à ce voyage, et Mathieu

Paris, qui en a décrit les préparatifs, ne cite pas le nom de Guillaume de Pesmes parmi ceux des compagnons de voyage de Simon de Montfort.

Guillaume IV mourut vers 1250, ayant été marié deux fois et laissant deux fils :

1o Guillaume V, fils de sa première femme nommée Grosse, et qui fut après lui seigneur de Pesmes;

2° Poinçard, fils d'une dame nommée Elisabeth. Ce seigneur, qui eut en partage les seigneuries de Valay, de Malans et de Bougey en partie, est nommé pour la première fois, avec son père et son frère, dans une charte de l'année 1240.

Conformément à l'usage féodal qui faisait dans les familles les frères cadets vassaux de leur aîné, Poinçard, en prêtant hommage, l'an 1260, aux comtes Hugues et Alix pour un fief à Cubry-les-Soing et pour un arrière-fief tenu par Othe de Rupt, réserve la féauté au seigneur de Pesmes, son frère. De même, en 1279, il mentionne le consentement de Guillaume V, son frère, quand il donna en franc alleu, à Jean de Rupt, le fief que ce seigneur tenait de lui à SaintAlbin (1); cette donation était faite en récompense des services qu'il en avait reçus.

Ce seigneur, qui est nommé, en 1288, au cartulaire de Saint-Bénigne de Dijon, est l'un des plus insignes bienfaiteurs de l'abbaye de Cherlieu. Il renonça, en 1270, à ses droits d'usage dans les forêts du monastère, et, en 1283, lui donna sa part dans le patronage de l'église de Bougey. Il contribua également aux libéralités que plusieurs de ses parents, tels que Guillaume et Simon de La Résie, Jean de Rupt et Vuillemin de Bougey, firent à ce couvent entre 1270 et 1281. Son dernier acte, daté de mai 1293, avait pour objet de fonder son anniversaire dans l'abbaye de Cherlicu.

(1) Saint-Albin, hameau dépendant de la commune de Scey-sur-Saône.

Il n'eut point d'enfants d'Alix de Beaumont, sa femme, dont le nom se trouve connu par une charte de 1275 du cartulaire de Bèze.

Le sceau de ce seigneur représente les armes de Pesmes brisées d'un lambel à cinq pendants.

« PreviousContinue »