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sur la côte occidentale de Madagascar; ce sont, du nordouest au sud-ouest, celles de Radama, Nossy-Lava, Makomby, Nossy-Valava, Nossy-Andolo, Nossy-Vé, etc.

Enfin, pour clore cette nomenclature, il y a lieu de mentionner le groupe des Glorieuses, les îles Verte et du Lys, situées à l'ouest nord-ouest du cap d'Ambre, et dont la France a pris possession le 23 août 1892.

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Parmi les

Culture du sol et productions. ressources agricoles, commerciales et industrielles qu'offre l'île de Madagascar, citons: le riz, qui présente une dizaine de variétés et forme la principale nourriture des Malgaches; la canne à sucre, le café, le colon, le cacaoyer, le cocotier, lesquels, avec une culture améliorée et bien entendue, peuvent donner d'excellents résultats, principalement sur tout le littoral de la côte orientale.

Si les céréales, le maïs, les pommes de terre, les haricots et autres légumes ne peuvent, à la vérité, réussir sous les chaleurs excessives des tropiques, il est très possible de les faire prospérer à Madagascar, où d'ailleurs déjà le maïs et les pommes de terre viennent admirablement bien, mais à la condition de les cultiver à une altitude variant de 400 à 1,000 mètres; il en est de même pour la vigne, qui donnera des récoltes certaines et abondantes si l'on a soin de la planter sur le versant des coteaux de la région moyenne (1).

D'autre part, les excellents pâturages qui croissent dans de fréquentes parties de l'île pourront être largement utilisés pour l'élevage des bêtes à corne et à laine, comme le font d'ailleurs les indigènes, dont c'est la principale industrie.

(1) La Nouvelle-Calédonie est certainement la plus salubre de toutes nos colonies tropicales, et cependant son climat, bien qu'admirablement tempéré, se refuse à la culture des céréales en général, ainsi que de la vigne. Cette situation désavantageuse tient évidemment au défaut d'une altitude suffisamment élevée pour atténuer les effets de la sécheresse.

Puis, au produit de l'élevage des porcs et de la volaille, des abeilles et des vers à soie, dont les variétés nombreuses donnent une soie très solide, quoique moins brillante que celle des bombyciens séricigènes français, il faut ajouter l'exploitation de la houille, des mines de fer, de cuivre, même d'argent et d'or, qui est une industrie à peine essayée et à créer; et l'exploitation beaucoup plus importante des forêts, laquelle sera abondamment alimentée par la grande variété des bois d'essence supérieure qui, constituant dans leur ensemble un règne végétal luxueux et complet, sont aptes aux usages les plus divers, soit pour l'ébénisterie, soit pour la construction.

Enfin, à côté de ces riches productions inhérentes au sol de Madagascar, figurent les arbres déjà importés, tels que le pêcher, le pommier, le citronnier, l'oranger, le figuier, le bananier, etc., qui se développent aussi avec un égal succès.

Pour mieux faire comprendre l'importance de la possession de l'île de Madagascar, nous croyons utile de rapporter ici la fin de la remarquable introduction au livre de M. Henri Postel, faite, le 31 mars 1886, par M. de Mahy, député de l'ile de la Réunion :

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Le traité du 17 décembre 1885 ne fait pas que Madagascar ne soit la plus ancienne des possessions coloniales de la France dans ces parages, et la plus vaste ⚫ de toutes, la plus belle, la plus féconde, la plus importante à tous égards, la plus facile à conserver, la plus nécessaire au développement de notre puissance maritime et commerciale; la seule où nous ne soyons gênés par aucun voisinage; celle, en un mot, où se trouvent accumulées, sur un territoire au moins égal à celui de la France européenne, toutes les conditions de prospérité qui font de cette France orientale le plus précieux domaine où C puisse s'exercer l'activité de notre nation. »>

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Mais, objectera-t-on, il est un écueil que l'on ne signale pas et avec lequel il faut pourtant compter, car il a une importance capitale : c'est l'insalubrité de l'île de Madagascar, qui sera toujours le plus sérieux obstacle à la colonisation. Le climat de cette île doit être, à la vérité, classé parmi les plus chauds et les plus humides; mais, à la différence des autres pays situés sous les tropiques, ce climat varie et se modifie complètement selon le degré de latitude et d'élévation du sol au-dessus du niveau de la mer.

S'il est vrai que les fièvres paludéennes règnent sur le littoral, il est bien reconnu, d'autre part, que la salubrité augmente d'autant plus qu'on s'éloigne des régions chaudes et marécageuses pour s'élever dans la direction des terres du plateau central.

On peut donc, par ce moyen et par une bonne hygiène, éviter les épidémies ou tout au moins en atténuer les effets morbides. C'est d'ailleurs l'opinion de M. Grandidier, le célèbre explorateur malgache, et celle des Pères Abinal, de la Vaissière, ainsi que de tous les missionnaires catholiques, qui, après un séjour continu de plus de trente années dans l'île, sont plus autorisés que les voyageurs de passage à en fixer d'une manière certaine les réelles conditions climatériques.

Enfin, au sujet des craintes que l'insalubrité du climat pourrait inspirer pour la santé des troupes expéditionnaires, nous faisons observer que les fièvres paludéennes se localisent sur les côtes et ne font sentir leur influence nocive qu'à une assez courte distance du littoral. A l'aide des canonnières destinées au transport par eau du matériel et des troupes, celles-ci pourront franchir rapidement la zone infestée et arriver, en moins de vingt-quatre heures, de Majonga sur les premières pentes du plateau, c'est-à-dire à une altitude. saine et à l'abri du danger, car, ainsi que nous l'avons déjà dit, le fleuve Betsiboka, dont la colonne doit remonter le

cours, est, comme la plupart des fleuves de la côte occidentale, navigable sur une longueur de 140 à 150 kilomètres, les rapides ne commençant qu'à quelque distance au-dessus de Suberbie-Ville.

ORIGINE ET PHASES DIVERSES DE LA PRÉPONDÉRANCE FRANÇAISE A MADAGASCAR

Suivant la tradition conservée par l'histoire, la partie septentrionale de l'île de Madagascar aurait été découverte, le 10 août 1506, par un navigateur portugais, nommé par les uns Tristan d'Acunha, et par les autres Fernan Suarez; puis, d'après Estancelin, l'historien des navigateurs, ce fut presque en même temps, c'est-à-dire en l'année 1508, que Paulmier de Gonneville, marin dieppois, après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, fut porté par une tempête sur les côtes méridionales de Madagascar, où il aborda et dont il prit possession au nom de la France.

L'histoire reste muette ou assez nébuleuse à l'égard des faits et gestes des nouveaux colons pendant plus d'un siècle. En 1642, sous le ministère de Richelieu, entre le roi de France et les Malgaches de la côte orientale un traité intervint, aux termes duquel la France fut mise en possession exclusive de tout le commerce de ce littoral; puis, vers la même époque, un Dieppois nommé Rigaut obtint du cardinal de Richelieu l'autorisation de prendre possession de l'île au nom d'une Compagnie; et, de son côté, un autre Français appelé Pronis ouvrit sur cette même côte orientale un comptoir sous le nom, qui lui est resté, de Fort-Dauphin.

Par la suite, la côte fut rapidement occupée depuis FortDauphin jusqu'à la baie d'Antongill, et, pour consacrer cette prise de possession, un édit royal de 1664 vint prescrire de donner désormais à Madagascar le nom de : Ile Dauphine.

Peu de temps après, celui de « France orientale » lui fut substitué par Colbert, alors que ce ministre venait de créer, sous le nom de « Compagnie des Indes orientales » et au capital de 15 millions de livres, une vaste et puissante association commerciale dont les opérations embrassaient non seulement Madagascar, mais aussi les Seychelles, ainsi que le groupe des îles voisines, désignées sous le nom de Mascareignes, c'est-à-dire la Réunion, Maurice et Rodrigues.

Par suite de la prompte décadence, restée inexpliquée, de cette puissante Compagnie qui avait été constituée sur des bases exceptionnellement favorables, les Français n'eurent pas longtemps la jouissance paisible de leurs centres commerciaux, car, dès l'année 1672, les Malgaches en nombre formidable envahirent Fort-Dauphin et massacrèrent les habitants.

Après un nouveau siècle de luttes où la France eut de la peine à se maintenir dans ses établissements, son prestige sembla se relever un nouveau traité fut conclu en 1763, en vertu duquel M. Mondave réoccupa Madagascar. Mais le calme dura peu; dès 1786, les Hovas entrèrent en scène et s'emparèrent de Fort-Dauphin; puis, en 1811, Roux, gouverneur de Tamatave, capitula et rendit la ville aux Anglais, alliés des Hovas.

Toutefois, par le traité du 30 mai 1814, les Anglais consentirent à nous rétablir dans nos possessions de Madagascar, moyennant l'abandon de l'ile Maurice avec ses dépendances, comprenant les Seychelles et Rodrigues, et instituèrent Radama Ier roi de Madagascar.

C'est à partir de cette époque que finit la dynastie des rois hovas et que commence celle des rois de Madagascar en la personne de Radama Ier, qui, ayant succédé à son père Andrianampoïnimerina, mort en 1810, fut, par la toute

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