Page images
PDF
EPUB

Méolans ces derniers seront en état d'empêcher l'ennemi d'avancer sur Gap, Seyne et le fort de Saint-Vincent, etc. On doit cependant sentir qu'outre ces bataillons, nous devons toujours garnir le camp de Tournoux et tenir des troupes au camp du Castelet.

Limites de la vallée de Barcelonnette
et du Piémont.

On a vu plus haut que les limites qui séparaient le comté de Nice d'avec la Provence et la vallée de Barcelonnette, aboutissaient au col de l'Argentière. Je dirai ici que les limites continuent de passer par l'arête de la chaîne capitale, c'est-à-dire que leur ligne s'appuie sur le col de l'Argentière et sur ceux de Rieubron, d'Ornaye, du Bœuf, des Monges, de Sauteron, du Marquisat, de Marie, de Raous ou Raux, de Lautaret ou de Chabrière, de Ricoubrinque, du Longet, de l'Agnel, de Saint-Véran, etc.

DAUPHINÉ

LE GUIL

ETTE rivière coule au milieu de la vallée de
Queyras; elle peut avoir sept lieues d'éten-

due. Sa source est au penchant du mont Viso

et par conséquent au pied de la chaîne capitale des Alpes; elle entre dans la Durance vers le pont de Saint-Clément.

Depuis sa source jusqu'au village d'Abriez, le Guil coule au milieu d'un vallon étroit et profond appelé le vallon de Ristolas. Depuis Abriez jusqu'au château de Queyras, le lit du Guil s'élargit et la vallée paraît dans le bas un peu ouverte. Depuis le château de Queyras jusqu'à l'entrée du vallon d'Arvieux, la rivière se resserre et s'encaisse un peu, ce qui continue jusqu'au détroit de la Chappellue; ce détroit est formé par deux rocs, lesquels s'élèvent perpendiculairement sur l'une et sur l'autre rive, de manière qu'ils ne laissent entre eux d'autre espace que le lit du Guil et le chemin qui va dudit château au bourg de Guillestre. Depuis la Chap

pellue jusqu'au ruisseau de Seillac, la rivière demeure toujours un peu encaissée; c'est dans cette partie du Guil que se forme la fameuse combe de Véhier que l'on connaît aussi sous le nom de Queyras. Cette combe est très resserrée et des plus affreuses; car on n'y voit, à droite et à gauche de la rivière et du chemin qui la longe, que des penchants élevés et en grande partie fort escarpés.

Depuis le ruisseau de Seillac jusqu'à l'extrémité du plateau du Mont-Dauphin, le lit du Guil se resserre et s'encaisse extraordinairement, de sorte qu'on ne peut le traverser qu'au seul endroit où passe le chemin qui va de Guillestre à Mont-Dauphin.

Depuis ladite extrémité jusqu'à la Durance, le Guil coule à travers une petite plaine à laquelle on donne le nom de Plan de Fasy.

Depuis le village de Ristolas jusqu'au château de Queyras, il y a sur le Guil plusieurs ponts de charpente. Depuis le château de Queyras jusqu'à la Chapellue inclusivement, il y a encore plusieurs autres ponts, mais plus solides que dans la partie précédente, lesquels ponts servent au même chemin qui passe et repasse de l'une à l'autre rive, ne pouvant côtoyer la même à cause des rochers. Depuis la Chapellue jusqu'à la Durance, on y voit aussi trois autres ponts.

Le Guil est guéable dans tous les endroits où ses rives permettent de le traverser.

Quant à la vallée où coule cette rivière, elle n'est pas à beaucoup près aussi étendue que celle de Barcelonnette. Les penchants qui forment sa tête et qui bordent en même temps la droite du vallon de Ristolas sont fort rudes et fort difficiles à gravir: ils appartiennent à la

chaîne capitale; ils sont au reste entrecoupés par un grand vallon dont les branches principales descendent des cols d'Urine, de Nivoul, de Bouchier, de Saint-Martin, de la Mayt, de la Fiounière et des Thures. Ce vallon porte le nom de Ricoubéou et de Valprevaire; son ruisseau entre dans le Guil au-dessous du village d'Abriez.

L'arête de la chaîne qui borde la droite de la vallée de Queyras est fort élevée et garnie de plusieurs pointes de rochers; elle a cependant vers son milieu un passage appelé le col d'Hyzouard, par où l'artillerie peut passer. On dit que FRANÇOIS Ier y fit passer la sienne lorsqu'il conduisit son armée dans le marquisat de Saluces. On dit encore que le connétable de LESDIGUIÈRES y fit passer quelques pièces lorsqu'il alla attaquer le Château-Dauphin; ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1743, les Espagnols ont amené par là et par le col de l'Agnel leur petite artillerie dans la vallée de la Chenal. Au surplus, quoique le col d'Hyzouard soit abaissé et un peu ouvert, quatre cents hommes peuvent le garder au moyen d'un retranchement que l'on y peut faire et des deux redoutes à machicoulis que l'on y a construites en 1709. La garde de ce poste a pour objet de couvrir la communication du camp de Roux et du château de Queyras avec Briançon, et cela lorsque les circonstances nous forcent d'établir cette communication avec le col des Hayes.

Outre le col d'Hyzouard, il y a encore sur l'arête en question, à commencer vers sa racine, le col de Malrif, le col de la Croisette surnommé des Lombards, le col de. Péas, le col des Hayes, le col de Néal, le col de Lauzon, le col de l'Agnel et de Bachasse ou du Lauzet.

Je crois qu'il ne serait pas difficile de faire passer de

l'artillerie par le col des Hayes. D'ailleurs ce col, comme celui de Néal qui est après, sont des postes que l'on peut garder sur leurs deux revers avec une poignée de monde.

On pourrait rendre praticable pour les chevaux le col de Lauzon; si l'ennemi était maître de la vallée de Queyras, il pourrait déverser par ce col dans la vallée où coule la Durance et interrompre, par conséquent, la communication de Briançon à Mont-Dauphin. Il est vrai que nous pouvons garder ledit col avec une quarantaine d'hommes, non pas au col même, mais à une petite coupure qui se trouve au-dessus du col du côté de la vallée de Queyras.

Le chemin qui passe par le col de Furfande et par celui de Bachasse porte le nom du chemin de Catinat; il est fort bon pour les chevaux ; il fut bien réparé en 1710, afin que nos troupes pussent communiquer en sûreté du camp du Roux et du château de Queyras avec MontDauphin.

Nous pouvons, en certaines circonstances, garder le col de Furfande avec cinq ou six bataillons; leur droite appuiera à la montagne dite Furfande et leur gauche s'étendra le long d'une arête jusqu'auprès du col de Lauzon. On pourra renforcer le front de cette position par des abatis et par quelques bouts de retranchements. Elle a pour objet : 1o de servir de lieu de retraite aux troupes que l'ennemi aurait forcées aux camps des Mairies et de Roux; 2o de couvrir Mont-Dauphin du côté de la vallée de Queyras; 3o de pouvoir reprendre la vallée dans le cas qu'il nous arrive des secours; 4o de menacer les derrières de l'ennemi dans le cas qu'il voulût s'avancer sur Briançon par la route qui passe

« PreviousContinue »