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1870-71, annotés par son fils, M. Francis Dujardin, où, avec une sincérité et une vérité émouvantes, il retrace l'histoire du VI Bataillon de gardes mobiles de la Seine, dans lequel il avait été incorporé pendant la guerre. Nous nous souvenons aussi qu'en sa qualité de membre de la Société du Vieux Papier il ne manquait pas d'envoyer à ses amis et collègues, à l'occasion du nouvel an, une carte d'un modèle artistique emprunté à ses collections.

M. Victor Dujardin s'est assuré la perpétuité de son nom sur nos listes; il est assuré aussi de la perpétuité de son souvenir dans nos cœurs. Que ses fils, qui ont reçu de lui le goût des vieux papiers et des études historiques, que son honorable veuve, qui l'a soigné avec une si longue patience et un si admirable dévouement, nous permettent de partager leur deuil et leurs regrets. Au nom de tous les membres de la Société Historique du VI arrondissement, je leur exprime ici nos sentiments de douloureuse condoléance.

Félix HERBET.

environ 18 metres 50°

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L Arche de Noë 2 Image 5 Anne La Botte (maison.

de

sans

Lorraine designation)

environ 30 mètres 50°

. Petite rue de Nesle

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environ 16 mètres.

Rue des Fosses

L'Ilot de la Butte.

LE QUAI MALAQUAIS: L'ILOT DE LA BUTTE

Formation de l'îlot.

Le quai Malaquais s'étend le long de la rive gauche de la Seine, depuis l'Institut jusqu'à la rue des Saints-Pères. En descendant le fleuve, il fait suite au quai Conti et est suivi lui-même du quai Voltaire. On écrivait autrefois << Malacquest>> (mal acquis), sans qu'on ait encore retrouvé positivement l'origine de cette dénomination. Fréquemment, sous l'ancien régime, on trouve des confusions dans les désignations de ces divers quais; le quai Malaquais et le quai des Théatins (aujourd'hui quai Voltaire) sont continuellement confondus, sans que les gens qui commettaient pareilles erreurs semblent y attacher d'importance. Ne l'oublions pas, toutes les fois que nous aurons à identifier un immeuble de l'un de ces deux quais.

Dans l'antiquité, toute cette partie de la rive gauche faisait partie du domaine du palais des Thermes. Là, avait été le séjour des Césars venus à Paris pendant la période romaine. Plus tard, les chefs francs y avaient résidé. Dans le vaste espace compris entre les rues Saint-Jacques et Bonaparte, il y avait un camp, un cimetière, des prés et des vignes.

Vers 543, un grand changement allait se produire dans

cette région Childebert fondait l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, là où nous la voyons encore aujourd'hui, après quatorze siècles écoulés. C'était le noyau d'une nouvelle ville qui groupa bientôt autour de l'église de nombreuses constructions. Cependant, une fois ce premier établissement terminé, les choses demeurèrent longtemps dans le même état, ou à peu près. Il fallut attendre encore six siècles et demi pour voir les nouveaux événements qui vinrent bouleverser et modifier profondément le coin de terre qui nous occupe.

Les invasions des Normands et Charlemagne n'avaient apporté aucun changement important à la rive gauche; la décision prise par Philippe-Auguste de fermer Paris par un mur d'enceinte allait couper en deux l'ancien domaine du palais des Thermes et mettre hors Paris l'abbaye et ses dépendances. Le mur partait du bord de l'eau et suivait la rue Mazarine, qui n'est autre que le chemin longeant à l'extérieur l'ancien fossé des fortifications. De ce fait, l'ancien domaine dont nous parlions tout à l'heure et que l'on nommait alors le clos de Lias ou de Laas, se trouvait coupé en deux, une partie à l'intérieur des murs, l'autre à l'extérieur. La partie intérieure devint alors la propriété d'un certain seigneur de Nesle, qui fit bâtir l'hôtel de Nesle dont la célèbre tour formait l'extrémité et constituait en même temps la dernière défense du mur d'enceinte.

Diverses chartes mentionnent que, dès le commencement du xiv siècle, la partie de l'ancien clos de Lias sise hors des murs était encore ou peut-être de nouveau rattachée à l'hôtel de Nesle lui-même; il y avait à cette époque, dans le voisinage, une chapelle de Saint-Martin-desOrges que mentionne une charte de 1317. Ces terrains

étaient alors occupés par des jardins; mais, dès 1368, ces jardins ont disparu et ont fait place à des tuileries, ainsi que le constate un titre de propriété de cette date où il est parlé de « la place où jadis furent les jardins de Nesle ». Nous ne saurions aborder ici l'histoire de l'hôtel de Nesle. Mais il faut au moins rappeler qu'il fut, à plusieurs reprises, propriété de la couronne et qu'en 1380, Charles VI le vendit à son oncle Jean de France, duc de Berry, le troisième fils du roi Jean II le Bon, et le frère de Charles V. Par acte du 13 janvier 1385, le duc de Berry fit acheter, pour cinquante livres tournois, les deux tuileries hors les murs contiguës au fossé, dont nous avons parlé plus haut et dont l'une renfermait deux arpents et demi et l'autre cinq. En voici d'ailleurs la désignation d'après une copie du xvII° siècle :

«... les thuilleries, maisons et terres cy après déclarées que l'on disoit estre apartenir audit Nicolas, assizes lès Paris et Saint Germain des Prés, c'est à sçavoir deux paires de thuilleries en l'une desquelles y a maison et jardin et deux arpens de terre ou environ tenant auxdites thuilleries; icelles tenant d'une part autour des fossez du pré aux clercs et d'autre part aux fossez de Nesle, aboutissant aux thuilleries, qui furent à Jean Le Joint, en la censive des abbé, religieux et convent de Saint Germain des Prés et en l'une desquelles thuilleries demeure à présent, ainsy comme l'on dit, Jean Boudet et la tient dudit Nicolas à louage pour le prix de huit milliers de thuilles par an (1). »

D'après la teneur de la pièce, on se rend compte que les deux tuileries n'étaient pas en façade sur la Seine, mais

(1) Arch. nat. S. 6501. Une pièce de la même liasse est un extrait des comptes de maçonnerie, charpente et couverture des années 1410-1411, pour le séjour de Nesle, collationnés par Savigny et Boisseau, notaires au Châlelet, le 6 mars 1690.

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