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comme M. de Séguier, était présumé, de par la loi de 1901, avoir agi en personne interposée pour le compte de sa Congrégation. Le Domaine s'empara donc aussi de la maison du no 42, et M. de Broglie fut débouté, comme M. de Séguier, de sa demande en revendication.

Pendant cette dernière période de 1822 jusqu'à nos jours, les almanachs d'adresses et les rôles des contributions fournissent de longues nomenclatures de locataires, parmi lesquels on peut remarquer seulement quelques noms de 1824 à 1827, deux artistes peintres, Villeneuve et Bourdet, peu connus;

en 1826, Pector avocat;

en 1831, Etienne Garnier peintre d'histoire, né à Paris en 1759, mort en 1849; il avait eu en 1788 le Premier Grand Prix, était entré à l'Institut en 1816, avait été décoré en 1828, et était l'auteur de nombreuses compositions historiques et religieuses;

de 1838 à 1843, Goujon d'Orsay avocat à la Cour; à la même époque, le docteur Beau;

en 1857-1858, Bouchené-Lefer avocat à la Cour, la comtesse de Forget chanoinesse de Bavière, la baronne Blair;

en 1882, Mme veuve de la Roncière, et le Siège de la Société entomologique de France.

Actuellement encore, ce grand immeuble est occupé par une vingtaine de locataires, dont un seul, dessinateur en broderies, paye un loyer important. La plupart des autres habitent de petits logements de 200 à 500 francs de loyer, et n'ont, à notre connaissance, aucune notoriété. Il en est un pourtant qui a cherché la publicité, c'est le capitaine Marix, ancien rapporteur près le Conseil de guerre, poursuivi en 1910 et 1912 comme accusé de manœuvres

ou de complaisances fâcheuses. Mais ne prétendant pas le juger, il vaut mieux n'en rien dire.

Nous sommes arrivés avec le n° 42 à la limite des no pairs de la rue du Cherche-Midi telle qu'elle a existé jusqu'à l'ordonance de 1833. Le n° 44 actuel était le n° 2 de la rue des Vieilles-Tuileries. Ici donc doit s'arrêter, comme nons l'avons annoncé en commençant, cette simple Notice d'histoire locale déjà trop longue.

ADDITIONS ET CORRECTIONS

Au cours de cette publication qui s'est prolongée pendant quatre années environ, quelques personnages ou faits notables que nous ignorions nous ont été signalés. Nous devons les faire connaître en finissant.

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N° 5. Dans les années 1855 à 1858 environ, habitait dans cette maison une femme de lettres qui eut son heure de célébrité, Mme Mélanie Waldor, née en 1796, morte en 1871. Elle écrivait, le 19 novembre 1857 (1), à un Nantais de ses amis pour le complimenter d'un ouvrage et lui adresser en échange deux poésies d'elle dont l'une, disaitelle, avait fait grand plaisir à l'empereur, elle ajoutait :

J'espère bien que vous vous souviendrez du no 5 de la rue Cherche-Midi.... Si j'osais vous donner un conseil, je vous dirais qu'il ne faut pas vous laisser oublier à Nantes, que vous êtes beaucoup trop modeste, et que nous sommes, plus que jamais, à une époque où il faut se mettre en lumière soimême...

MÉLANIE WALDOR DE VIllenave.

Dans une autre lettre non datée mais paraissant postérieure, adressée au baron de Girardot, Secrétaire général de la Loire-Inférieure, elle signait encore: Mélanie Waldor, 5, rue du Cherche-Midi.

(1) Coll. pers.

N° 9.

Une pièce intéressante (1) est à joindre au passage concernant le célèbre fabricant de la moutarde Maille, c'est une requête présentée le 25 floréal an XII, par Mm° veuve Maille à la municipalité de Corbeil, pour avoir l'autorisation de faire graver sur la tombe de son mari l'inscription suivante :

Du commerce il garda l'antique loyauté;
Du chimiste moderne il eut l'habileté,
Son art, en l'honorant, servit l'humanité,
Il fut bon, généreux, et mourut regretté.

Et cette requête est suivie de la réponse de la Municipalité en date du 29 floréal an XII, ainsi conçue :

Considérant que nous devons à la mémoire du citoyen Maille qui fut un des membres du Conseil municipal de cette commune, des preuves de l'estime qu'il a su nous inspirer;

Permettons à Mme Maille de faire placer au-dessus de la tombe de son mari l'inscription y énoncée, qui rappellera à la postérité les vertus morales d'un citoyen qui fut le père des indigens de cette ville.

Fait à la mairie de Corbeil, etc.

N° 11. Le Général Pille fut en réalité ministre de la Guerre, du 18 avril 1794 à novembre 1795, sous le titre de commisaire de l'organisation et mouvement des armées de terre, un décret du 1er avril 1794 ayant supprimé les Ministères pour les remplacer par des commissions exé

cutives.

N° 13. Dans cette inaison, en 1848, fut l'administration du Journal l'Ère nouvelle.

A la même adresse, vers 1860, demeurait M. Lamé membre de l'Institut, et non Lainé.

(1) Pièce communiquée par M. Dufour archiviste de Corbeil.

No 15. En 1792, du 22 mai au 27 septembre, et en 1793, du 27 janvier au 25 février, demeura dans ce bel hôtel le comte Louis-Michel de Cardaillac dernier représentant de la branche aînée des Cardaillac-Lomné, vieille et noble famille du Bigorre dont les titres remontent au XIIe siècle, et qui a donné à la France de brillants hommes de guerre (1). Le comte Louis-Michel né en son château de Lomné (Hautes-Pyrénées) en 1774, avait eu la fâcheuse pensée, en 1792 de venir passer quelques mois à Paris. Quand il revint dans son pays de Bigorre, il trouva son château de Lomné et tous ses bien, mis sous séquestre par suite de son absence qualifiée d'émigration. Il revint à Paris en janvier 1793, retrouva son logis rue du Cherche-Midi no 15, mais ne réussit pas à se faire rendre ses biens. Bien mieux, en octobre 1793, il fut arrêté et emprisonné. Remis en liberté au bout d'un an seulement, il parvint à se faire rayer de la liste des émigrés, racheta quelques-unes de ses terres et y vécut modestement en les faisant valoir lui-même. Il mourut à Toulouse en 1813, à trente-huit ans.

N° 17. - Entre la mort de Mme de Chamilly en 1723, et le bail fait en 1730 à la duchesse de Sully, l'hôtel qu'elles habitèrent fut loué par les Dames Bénédictines du SaintSacrement à Messire Louis de Thézut, conseiller d'État, abbé commendataire de plusieurs abbayes, secrétaire des commandements du duc d'Orléans, et chargé de l'importante direction de la feuille des bénéfices. Le 5 octobre 1715,

(1) Notice généalogique sur la maison de Cardaillac de Lomné, par le baron de Martrin-Donos; et renseignements fournis par M. le Président, baron de Cardaillac.

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