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maison qu'on remarque actuellement. On verra d'ailleurs que cette propriété payée par lui 38.100 livres, fut estimée 150.000 francs après sa mort, ce qui fait supposer qu'elle avait été par lui entièrement transformée. D'autre part, à partir de 1780, les locataires qui nous sont révélés paraissent d'une catégorie supérieure à ceux qui les avaient précédés. C'est d'abord l'abbé Rive, ancien bibliothécaire du duc de La Vallière, célèbre par sa collection de livres; sa demeure dans la maison du docteur Coste, nous est connue par un procès qu'il fait au comte Dancelzy héritier du duc, à propos de ses travaux (1). En 1786 est décédée à l'entresol une demoiselle Rey qualifiée de bourgeoise de Paris, dont la succession paraît assez importante (2). En 1780, un chevalier, Antoine de Mezay, chirurgien major du régiment des chevaliers de Saint-George au service de l'impératrice de Russie, a loué pour un loyer annuel de mille livres, un appartement à l'entresol avec écurie et remise et deux chambres au 4 étage; il est à ce sujet en procès avec le docteur Coste son propriétaire, lequel invoque le témoignage d'une dame Charly, veuve du capitaine général de l'artillerie, locataire d'un autre appartement dans la même maison (3).

Enfin, le docteur César Coste était installé lui-même dans sa propriété, et c'est là qu'il mourut le 26 mai 1793 (4). Il laissait un frère, une sœur et de nombreux neveux et nièces formant au total vingt-quatre cohéritiers qui restèrent co propriétaires indivis de la maison de la rue du

(1) Arch. nat. Y. 10.744, 10.745, 10. 746. Papiers du commissaire Charles.

(2) Arch. nat. Y. 13-801 (Thiot commissaire); Y. 13-314 (Grandin commissaire) Y. 14-582 (Le Seigneur commissaire).

(4) Arch. de la Seine. Enregistrement. Succession. et vol. 1776,

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Cherche-Midi, pendant près de trente ans, jusqu'en 1822. L'administration de l'enregistrement la fit estimer et, à deux reprises, lui attribua une valeur de 150.000 francs.

En 1794, habitait dans cette maison un dessinateur nommé Joseph Cogniet; ce fut sans doute le père du grand peintre Léon Cogniet qui y naquit le 29 août 1794. La carrière artistique de ce dernier a été très brillante, et de nombreux ouvrages de lui se trouvent dans nos musées, au Louvre et à Versailles. Entré à l'École des Beaux-Arts à l'âge de dix-huit ans en 1812, il obtint, dès 1815, le 2e Prix de Rome, et, en 1817, le premier Grand Prix, avec deux importants tableaux: Marius assis sur les ruines de Carthage, et Le Massacre des innocents. Au Salon de 1824 il eut une 2o médaille, en 1828 fut décoré, et en 1846 nommé officier de la Légion d'honneur. Il avait fait pour le Musée historique de Versailles plusieurs tableaux et entre autres, une composition qui figura au Salon de 1836: La garde nationale partant en 1792 pour l'armée. Il fut élu membre de l'Institut en 1849 et reçut une re médaille au Salon de 1855. Enfin devenu professeur à l'École des Beaux-Arts, son atelier fut renommé, et il en garda la direction jusqu'en 1863. Il est mort le 20 novembre 1880.

Le 8 juin 1802, mourut dans cette même maison, portant le n° 275, Pierre Bourgueil homme de lettres, âgé seulement de trente-neuf ans. Il avait écrit plusieurs comédies dont l'une, intitulée Pour et contre, eut un certain succès, mais il avait été surtout l'un des collaborateurs de Barré, vaudevilliste populaire, dont les ouvrages sont très nombreux,

Enfin on se rappelle que l'ancien ministre de la Guerre,

Joseph Servan, demeurant jusqu'en 1807 au no 11, devenu veuf, vint se fixer auprès de son fils Jacques Servan, contrôleur principal des droits réunis demeurant au n° 40 (n° 42 actuel). C'est là qu'il mourut le 10 mai 1808.

A l'exception des trois noms qui précèdent, aucun personnage notable n'est mentionné à cette même adresse durant la Révolution et sous l'Empire. Il semble que, malgré la façade luxueuse édifiée par le docteur Coste, sa maison n'ait attiré aucun hôte marquant. Les vingtquatre copropriétaires héritiers du docteur ne devaient guère d'ailleurs s'intéresser à l'immeuble que pour la perception des loyers. En 1822, ils se décidèrent à une licitation, et, le 9 novembre, la maison fut adjugée, moyennant 116.500 francs, à M. Guillotte de Beaucourt qui, peu d'années plus tard, le 3 août 1829, la revendit pour 120.000 francs au docteur Henri Raimond. Celui-ci la garda plus longtemps et l'habita lui-même. Il en céda la propriété, par acte passé devant Me Fould notaire, le 17 mai 1845, moyennant 150.000 francs, à M. Bernard Pierre Boucher du Minguy. En 1851, par un acte d'échange du 18 avril, la maison fut acquise par M. et Mme Julien qui la vendirent, le 24 janvier 1855, à Mme veuve Demongeot, moyennant 200.000 francs. Cette dame vint y demeurer avec sa fille. Elle y est décédée le 20 février 1890, laissant pour héritiers sa fille toujours non mariée et un fils. Ceux-ci enfin vendirent leur maison le 11 janvier 1895, par acte passé devant Mes Naigeon et Courier notaires, à M. Joseph-Paul-Octave-Marie de Broglie demeurant en province et membre de la Congrégation des Jésuites. Ici, l'on se trouva dans la même situation qu'au n° 40. Les deux immeubles étaient l'un et l'autre adossés au couvent des Jésuites, et M. de Broglie,

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