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militaire fut chargé de concéder, moyennant des loyers très modérés, des locations à toutes les personnes occupant jusqu'alors gratuitement des logements dans l'hôtel des Conseils de guerre. Me Zoé Duvidal de Montferrier garda son local moyennant 100 francs par an, Mme veuve Hugo moyennant 50 francs, M. Foucher qui avait un appartement complet paya 270 francs, les sieurs Wist, François, Momper furent taxés à 60, 140 et 120 francs, les veuves Flandre, Gramet et Bernard payèrent seulement 8 et 10 francs par an, etc... Un peu plus tard, en 1836 et 1838, quelques nouveaux locataires furent admis à la même faveur : le colonel en retraite Petel, moyennant un loyer de 60 francs, la comtesse de Coëtlogon moyennant 40 francs, et autres. Toutes ces locations faites pour trois, six ou neuf années, étant expirées en 1848, l'Administration militaire les renouvela aux mêmes conditions, et nous ne savons jusqu'à quelle époque cet état de choses se prolongea.

Durant cette longue période écoulée depuis la fin de l'Empire jusqu'en 1848, aucun procès célèbre ne paraît avoir été déféré aux Conseils de guerre de la rue du Cherche-Midi. Les annales judiciaires ne mentionnent que des crimes ou délits purement militaires et sans intérêt particulier. On n'y relève guère qu'un seul petit incident amusant, à la date du 29 août 1842. Pendant l'audience de ce jour, alors que le Conseil délibérait sur une vulgaire affaire de vol, l'un des factionnaires placés derrière les juges ayant accroché avec la pointe de sa bayonnette le faisceau de drapeaux entourant le buste du roi, une nuée de chauve-souris s'en envola et se mit à voltiger dans la salle en décrivant des cercles au-dessus des têtes plus ou moins chevelues des membres du Conseil.

« Aussitôt, dit la sérieuse Gazette des tribunaux(1), une guerre générale s'est engagée. Six cadavres de chauvesouris sont restés sur le carreau; le reste a trouvé son salut dans la fuite. Le combat ayant fini saute de combattants, l'ordre s'est rétabli et la justice a repris son cours. >>

La terrible insurrection de juin 1848 amena devant les Conseils de guerre de Paris un grand nombre d'inculpés de toutes catégories. Les procès commencèrent en août 1848 pour ne se terminer qu'en février 1849. On y vit figurer le chef d'escadron d'État-major Constantin, soupçonné d'avoir été complice de l'insurrection, mais poursuivi seulement pour absence de son poste, et qui fut condamné à la dégradation et trois ans de prison. Après lui comparurent le docteur Pinel-Grandchamp, ancien maire du XII arrondissement, puis Dupont, professeur au lycée Corneille et chef de bataillon de la XII légion, puis plusieurs officiers de la garde nationale pris parmi les insurgés. Enfin, en janvier 1849, après une longue instruction, vint devant le Conseil le procès des assassins du général Bréa. On sait que ce malheureux général voyant les principaux quartiers de la rive gauche pacifiés, arrivé près de la barrière de Fontainebleau, laissa sa troupe en arrière et s'avança accompagné seulement de son aide de camp le capitaine Mangin et de deux ou trois officiers de la garde nationale, vers une dernière maison occupée par les insurgés, en leur adressant des paroles bienveillantes de conciliation. Les insurgés l'invitèrent à entrer avec ses officiers en promettant qu'il ne leur serait fait aucun mal; puis, à peine eurent-ils pénétré dans la maison, qu'ils furent insultés, frappés par une foule hurlante, et, après

(1) Gazette des Tribunaux du 30 août 1842.

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PROCÈS DES INSURGÉS DE JUIN 1848 DEVANT LE CONSEIL DE GUERRE (d'après une gravure de l'Illustration)

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