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cette passion précoce et voulurent restreindre les visites de Victor Hugo. Sur ces entrefaites, en 1821, Mine Hugo mourut. Victor commençait à se faire connaître. On lui permit de venir une fois par semaine voir sa jeune fiancée. Enfin, son premier volume d'Odes eut du succès; le roi Louis XVIII, fin lettré, fit donner à l'auteur une pension de 1.000 francs sur sa cassette. Les Foucher s'attendrirent. Le 12 octobre 1822, eut lieu à Saint-Sulpice le mariage de Victor Hugo et d'Adèle Foucher. Le dîner de noce fut donné dans la salle d'audience du Conseil de guerre à cause de l'exiguité de la salle à manger des Foucher. Puis, pour ménager les ressources très modestes du jeune ménage, on s'arrangea pour l'installer dans l'hôtel même des Conseils de guerre. M. et Me Victor Hugo y demeurèrent jusqu'en mars 1824. Ce fut peut-être pour eux que furent dressés et approuvés deux états estimatifs de travaux à faire dans l'hôtel, en septembre 1822, puis en 1823, le premier pour «< pratiquer deux nouvelles chambres dans les combles », le deuxième pour établir un logement au second étage du bâtiment en aile à droite sur la cour (1)».

Vers la même époque, un autre logement avait été donné dans l'hôtel à une de Julie Duvidal de Montferrier, fille du marquis de Montferrier, ancien Président du Tribunat, puis Directeur général des Postes et Conseiller à la Cour des Comptes. Elle était artiste peintre, s'était fait remarquer au Salon, dès 1819, par une figure de sainte Clotilde, puis, en 1822, par plusieurs portraits, et deux figures de l'histoire sainte. Enfin, en 1824, elle obtint une médaille de 2o classe et fut envoyée à Rome. Le 10 dé

(1) Coll. pers.

cembre, un capitaine attaché au Conseil de guerre réclamant la construction de deux pièces de supplément au rez-de-chaussée, le colonel chef du Génie lui objecte que <«< la pièce à l'extrémité du bâtiment a été accordée à Mile Duvidal, peintre, pour lui servir d'atelier. Cette artiste, ajoute-t-il, souvent employée par la Cour, a fait des dépenses dans ce local et y a laissé des meubles à son départ pour l'École de Rome où elle a été admise aux frais du Gouvernement. On assure que cette artiste est au moment de revenir à Paris (1) ». Me de Montferrier n'avait pas pu demeurer ainsi dans l'hôtel des Conseils de guerre sans s'y rencontrer avec les Foucher et Hugo. Aussi avait-elle assisté au mariage du grand poète. Elle y avait été remarquée par Abel Hugo, le frère aîné de Victor. Un deuxième mariage s'en suivit, mais il fut attristé par la mort, survenue le même jour, du général comte Hugo, revenu à Paris avec sa seconde femme, dite comtesse de Salcano. Mme Abel Hugo conserva son atelier dans l'hôtel des Conseils de guerre sous son nom de dile Duvidal de Montferrier (2).

En même temps un autre petit appartement était aussi accordé gratuitement à une dame Hugo, née Martine Lauzurieux, veuve d'un ancien officier, lequel était probablement l'un des frères du général Léopold Hugo (3).

D'ailleurs, il semble que durant les dernières années de la Restauration l'hôtel des Conseils de guerre soit devenu une sorte de maison de retraite charitable. En effet, vers 1830, on trouve l'indication d'une quinzaine de personnes n'exerçant aucune fonction auprès des Conseils, et logées pourtant gratuitement dans l'hôtel. C'était d'abord

(1-2-3) Coll. pers.

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