Page images
PDF
EPUB

4

OEUVRES

DE MADAME DE

STAEL-HOLSTEIN.

TOME III.

IMPRIMERIE D'AD. ÉVERAT. ET COMP., rue du Cadran, 14 et 16.

[merged small][merged small][merged small][graphic][subsumed][subsumed]

A PARIS,
CHEZ LEFÈVRE, LIBRAIRE,

RUE DE L'ÉPERON, N° 6.

3

[blocks in formation]

DE L'ALLEMAGNE.

PRÉFACE.

Ce 1er octobre 1813.

En 1810, je donnai le manuscrit de cet ouvrage sur l'Allemagne au libraire qui avait imprimé Corinne. Comme j'y manifestais les mêmes opinions, et que j'y gardais le même silence sur le gouvernement actuel des Français que dans mes écrits précédents, je me flattai qu'il me serait aussi permis de le publier: toutefois, peu de jours après l'envoi de mon manuscrit, il parut un décret sur la liberté de la presse d'une nature très singulière; il y était dit « qu'aucun ouvrage « ne pourrait être imprimé sans avoir été examiné par des censeurs. » Soit; on était accoutumé en France, sous l'ancien régime, à se soumettre à la censure; l'esprit public marchait alors dans le sens de la liberté, et rendait une telle gêne peu redoutable; mais un petit article à la fin du nouveau rég¦ement disait que « lorsque les censeurs au« raient examiné un ouvrage et permis sa publication, les libraires se«raient en effet autorisés à l'imprimer, mais que le ministre de la « police aurait alors le droit de le supprimer tout entier, s'il le jugeait « convenable. » Ce qui veut dire que telles ou telles formes seraient adoptées, jusqu'à ce qu'on jugeât à propos de ne plus les suivre : une loi n'était pas nécessaire pour décréter l'absence des lois, il valait mieux s'en tenir au simple fait du pouvoir absolu.

Mon libraire cependant prit sur lui la responsabilité de la publication de mon livre, en le soumettant à la censure; et notre accord fut ainsi conclu. Je vins à quarante lieues de Paris pour suivre l'impression de cet ouvrage, et c'est là que pour la dernière fois j'ai respiré l'air de France. Je m'étais interdit dans ce livre, comme on le verra, toute réflexion sur l'état politique de l'Allemagne; je me supposais à cinquante années du temps présent, mais le temps présent ne permet pas qu'on l'oublie. Plusieurs censeurs examinèrent mon manuscrit ; ils supprimèrent les diverses phrases que j'ai rétablies, en les désignant par des notes; enfin, à ces phrases près, ils permirent l'impression du livre tel que je le publie maintenant, car je n'ai cru devoir y rien changer. Il me semble curieux de montrer quel est un ouvrage qui peut attirer maintenant en France sur la tête de son auteur la persécution la plus cruelle.

« PreviousContinue »