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dont nous avons parlé (t. VI, p. 242), et que les princes de Savoie battirent dès 1352, fut admis à Genève pour douze sols épiscopaux, qui formaient ce qu'on appela pendant longtemps le florin d'or bon poids; le florin d'or petit poids, était le florin composé de douze sols de valeur versatile et courante.

CHAPITRE IV.

ARMOIRIES ET SCEAUX DU CHAPITRE CATHÉDRAL.

Comme nous l'avons vu précédemment, les armes du Chapitre de Saint-Pierre furent d'abord les mêmes que celles de l'évêque, mais au treizième siècle ce corps prit pour insignes deux clefs d'abord mises en pal et tenues, puis plus tard placées en sautoir.

C'est vers 1234 qu'apparaissent les clefs en pal adossées et dont les anneaux brochant l'un sur l'autre ont, l'un la forme en losange du sceau primitif, l'autre la forme circulaire; les mots,

SIGILLVM CAPITULI : GEBENNENSIS sont écrits autour de ce sceau, dont on trouve des exemplaires jusqu'au quatorzième siècle [pl. XXXVIII, fig. 1] (1).

Au quinzième, le Chapitre prit pour armoiries les clefs en sautoir de l'évêché brisant souvent d'une étoile placée en chef; on voit les clefs disposées de cette manière sur deux sceaux, dont les matrices, conservées aujourd'hui aux archives de Genève, furent trouvées le 28 août 1535 dans l'église de Saint-Pierre (2). Ces

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., no 54 (7 juin 1234), no 203 (9 septembre 1326). Dès le milieu du quatorzième siècle (acte du 15 avril 1359), on trouve une variante de ce sceau, qui ne diffère que par la forme des clefs dont les deux anneaux sont en losange; ce dernier était encore en usage en 1483. (Arch., Pièces hist., no 726.)

(2) Notes historiques sur l'église de Saint-Pierre, p. 65; les em

sceaux [fig. 2] portent en légende les mots, † sigilly. capi= toli. ecclie. gebenesis, écrits tantôt en capitales, tantôt en cursive gothique.

Le champ des armes du Chapitre était d'argent et les clefs d'or; ainsi qu'on le voit sur l'une des verrières de l'église de Saint-Pierre [fig. 3], au-dessus de la figure de l'apôtre saint André; c'était, comme nous l'avons fait observer, cette différence de couleurs qui distinguait les armes capitulaires de celles de l'évêché.

CHAPITRE V.

SCEAUX ET ARMES DU VIDOMNAT.

Lorsque les évêques étaient souverains des contrées qu'ils administraient, ils nommaient généralement un officier à qui ils conféraient le pouvoir de juger les causes civiles.

Il en fut ainsi à Genève, où dès une époque fort ancienne on retrouve un vidâme, appelé chez nous Vidomne (1). Cette charge, inféodée à de puissants seigneurs, fut souvent une cause de troubles, mais la simplicité des procédures presque gratuites, traitées oralement, en langue vulgaire et selon les coutumes de Genève, rendait cette institution précieuse aux habitants (2). Les pièces écrites, émanant de ce tribunal, étaient fort rares; cepen

preintes de ces sceaux circulaires se trouvent dès 1483. (Acte du 11 août, Arch., Pièces hist., no 725.)

(1) Le plus ancien acte où il soit question du Vidomne est daté du 22 février 1155. (Arch. de Genève, Pièces hist., no 12.)

(2) La conservation des formes antiques et simples de la procédure devant le vidomne fut décrétée par actes en date de 1287 et 1291. (Arch. de Genève, Pièces hist., no 103 et 126.)

PL. XXXVIII.

dant d'anciens actes et l'article 1er des Franchises de 1387 indiquant que le Vidomne ne devait rien réclamer ni recevoir pour le droit de sceau; on peut en conclure que ses actes ou tout au moins quelques-uns d'entre eux étaient écrits et scellés. On possède d'ailleurs quelques pièces émanant de son tribunal, et ces actes, datés du quinzième siècle (1), portent en sceau la croix de Savoie chargée des clefs épiscopales mises en sautoir [pl. XXXIX, fig. 2]; c'étaient les armes du Vidomnat, formées de celles du prince, combinées avec celles du titulaire; un rouleau contenant les comptes du Vidomne de 1406 à 1408 (2), nous montre le même écusson peint dans la première lettre. Cet écusson, représenté par la figure 1 de la même planche, était à l'origine surmonté d'un ornement, enlevé à une époque postérieure, et qui représentait, soit la couronne de Vidâme, soit le timbre de Savoie, ou peut-être les insignes de la souveraineté épiscopale.

Il est probable que ce furent les comtes de Genevois qui, les premiers, obtinrent la charge de Vidomnes; de leurs mains elle passa aux chevaliers de Confignon et à d'autres seigneurs (3); plus tard, les comtes de Savoie s'en emparèrent; par un acte du 19 septembre 1290, l'évêque leur en fit la cession sous réserve de l'hommage, et jusqu'à la Réforme les comtes et les ducs de Savoie exercèrent par leur lieutenant cette charge, qui leur donnait une très-grande influence à Genève.

Le Vidomne tenait son tribunal au château de l'Isle, dont les ducs de Savoie se prétendaient possesseurs souverains; c'est sur cette prétention qu'en 1519 le duc Charles III fit placer la croix blanche sur la porte qui se trouvait à l'extrémité du pont;

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., no 364 (21 mars 1402), et no 810 (3 avril 1499).

(2) Comptes d'Hugonin de Lucinge, à cause du vidomnat. (Arch. de Genève.)

(3) En 1273 Hugues de Confignon, et en 1288 Pierre d'Oron, étaient vidomnes de Genève.

on sait que huit ans après, dans la nuit du 4 au 5 août 1527 (1), un citoyen courageux abattit la pierre qui portait cette armoirie, ce fait mit le sceau à l'anéantissement du Vidomnat, commencée par la retraite du titulaire de Verneau, qui avait quitté son poste en 1526 (2), laissant son châtelain Ducis en son lieu et place.

L'évêque Pierre de la Baume ne fut pas étranger à ces faits; en 1526, il menaça Verneau de lui rompre le bâton sur la tête s'il n'exerçait le vidomnat à son nom, parole dont on paya le Vidomne envoyé par Charles III, en 1528 (3). Devant le duc lui-même, Pierre protesta contre l'occupation du château de l'île, lui disant qu'il n'avait rien à Genève, qu'il pouvait lui faire rendre compte, quand il voudrait, touchant le Vidomnat, et il ajouta, au sujet du château, que le duc ne le tenait qu'ensuite d'une hypothèque de 2500 ducats, dont il avait vu la créance à Rome. Il paraît que le duc sentait combien son pouvoir était précaire à Genève, car il répondit aussitôt à l'évêque: «< Prenés le château et me baillés l'argent. »

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L'affaire de la croix abattue, fait que Roset (4) attribue aux

(1) « La nuict du 5 jo." daoust (1527) tombast la pierre ou estoit croyx blanche taillee du duc de Savoye laquel il avoit faict pouser envyron 9 ans au portal de Lila ou se soustient le pont et tomba en leau. Et ne trouvast on point lad. pierre ny ne seut on quavoit cela faict. Ce nonobstant que Mess.rs les Sindiques et conseil ce mesme matin mandarent querre ducys secretayre et chastelain de Lila pour luy dire quil prinse les informations pour savoir quavoit ostee lad. croix blanche et sil ne le savoit dire que luy lavoit faict faire pour trouver occasion de mal sur la cite.

<< Mais led. Ducys sen estoit alle hors geneve que fust cause de maulvaise suspeçon. »

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(2) Mons. le Visdomne alias Mons." de Verneau et Mons." Barralis Juge absenterent la ville avecques une partie des Mamellus quand on voullut fayre la bourgoisie en Conseil general.» (Journ. de Balard.)

(3) Le 13 octobre 1527, Pierre, vidomne nommé par le duc, vint pour la première fois pour entrer en fonctions; mais on lui répondit, comme auparavant, qu'il s'adressât à l'évêque.

(4) Chroniques manuscrites, liv. II, chap. xx.

Ducaux qui voulaient, dit-il, l'imputer à ceux de la ville, fut longue à terminer; on la traita dans plusieurs journées, mais tous les efforts du duc pour la faire replacer furent inutiles, et les citoyens de Genève déclarèrent, dans le Conseil général du 14 juin 1528, qu'ils aimeraient mieux perdre corps et biens, femmes et enfants et sacrifier jusqu'aux dernières gouttes de leur sang plutôt que de recevoir le Vidomne du duc de Savoie (1).

CHAPITRE VI.

SCEAUX DE L'OFFICIALAT.

Si les prélats souverains de Genève nommèrent dès l'abord un chargé de pouvoirs pour connaître des causes civiles, ils conservèrent longtemps encore la coutume de terminer par euxmêmes, ou par leurs doyens, les différends ecclésiastiques; ce ne fut qu'au commencement du treizième siècle que l'évêque Aymon de Grandson (2) créa le tribunal de l'Officialité chargé désormais de juger ces dernières causes.

Le plus ancien acte émanant de ce tribunal, et qui soit parvenu jusqu'à nous, date de 1246 (3). Des lacets en laine rouge et jaune (4) servaient à y appendre le sceau qui est malheureusement perdu. On remarque deux types dans le sceau de l'Official;

(1) Journal de Balard.

(2) Voy., sur l'attribution de la création du tribunal de l'officialat à Aymon au lieu de Pierre de Cessons, ce que nous avons dit précédemment sur l'épiscopat de ces deux évêques.

(3) Arch. de Genève, Pièces hist., no 58.

(4) Le plus souvent les sceaux de l'officialat sont appendus à des cordons de soie ronge, ou sur queue de parchemin; quelquefois on rencontre des cordons de soie bleue.

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