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des carreaux de velours figuré, rouges, bleus et violets, et plusieurs chaires ou stalles ornées de broderies; la plupart de ces objets ont disle tableau de l'Alliance et celui de la Justice ont seuls été conservés, ainsi que l'escritoire du Conseil general, précieuse cassette garnie de cuir doré avec les armes de Genève peintes; quatre lions accroupis tenant les mêmes armes la supportent, et le couvercle orné de têtes de lions à ses angles, offre au centre la Clef et l'Aigle admirablement ciselée sur une platine de vermeil; ce meuble remarquable appartient aujourd'hui à M. Hornung, qui a bien voulu nous le communiquer.

Deux des médailles que nous avons décrites précédemment, et dont les originaux ne se trouvent pas à Genève, existent dans la collection de M. Landolt, à Zurich; nous devons à l'obligeance de M. F. Soret les détails suivants sur ces pièces.

N° 230. Médaille d'argent. Avers du n° 23. L'inscription du revers gravée au burin.

231. La date, LE 9 AOUT 1814, est tracée sur le revers, au-dessous des mots, AUX SUISSES. Mod.: 14 lig.

231 bis. Av. Armes de Genève accostées de palmes, sommées du soleil et de la légende, POST TENEBRAS LUX.-Rev.: Dans une couronne d'épis et gravé au burin: 1. s. SYDLER AUX SUISSEs le 4 février 1815. (Arg.) Mod.: 14 lig. [Même collection].

103 bis. Médaille d'argent donnée à Mlle Propre qui, en 1817, sauva

de la mort un enfant entraîné dans les flots du Rhône. Avers du n° 115, seulement l'exergue est enlevé et remplacé par ces mots, gravés en creux, RÉPUBLIQUE ET CANT. de Genève. Rev. Dans une couronne de chêne Récompense d'un courageux Dévouement. Donnée par le Conseil d'Etat à Andrienne Propre le 9 Juillet 1817. Mod. 19 lig. Genève, 1er décembre 1849.

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J.-D. BLAVIGNAC, architecte.

FIN DES NOTES SUPPLÉMENTAIRES

DE L'ARMORIAL GENEVOIS.

NOTICE HISTORIQUE

SUR LE

CIMETIÈRE DE GENÈVE.

A la fin du quinzième siècle, l'espace qu'occupe le cimetière de Genève était une grève inculte joignant le cours de l'Arve, dont le lit était alors beaucoup plus rapproché de la ville que de nos jours. A cette époque on prit la résolution d'employer cette place à l'établissement d'un hospice pour les malheureux infectés de la peste. Le 9 avril 1482 l'évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, assisté du Collége syndical et des principaux fonctionnaires de l'État, posa la pierre angulaire de l'édifice solennellement bénie par l'évêque de Claudiopolis. Cet hôpital se composait d'un certain nombre de petites maisons isolées, élevées pour la plupart, par des corporations de métiers, et au milieu desquelles on érigea une église sous le vocable de sainte Marie de Miséricorde, des saints Pierre et Paul, du martyr saint Sébastien et de saint Antoine le Confesseur (1).

Cette petite église, dont nous donnons une vue extérieure (2), était bâtie en forme de croix latine et décorée avec la simplicité

(1) Le terrain où ces constructions s'élevèrent avait été solennellement concédé à la Commune de Genève, en 1469, par Philippe de Compeys, vicaire général du diocèse; en 1487, l'évêque François de Savoie ajouta à ce don celui de toute la partie de Plainpalais qui s'étendait du pont d'Arve jusqu'au Rhône. Cette donation fut confirmée en 1488 par une bulle du pape Innocent VIII.

(2) Voy., sur ce monument, la belle gravure de 1601 ou 1602, intitulée, GENEVA CIVITAS ANTIQUA IMPERIALIS ET LIBERA ACADEMIA AC RESPUBLICA NOBILIS, et dont un exemplaire unique est conservé à la Bibliothèque de Genève.

que réclamait sa destination: des parements en laine couvraient ses autels, les vêtements du prêtre, de simple étoffe noire, portaient de grandes croix blanches; la croix rouge se trouvait seulement sur le drap mortuaire, où elle indiquait probablement le fléau dont le défunt avait été frappé. On voyait dans l'église un autel dédié à saint Roch, le patron des pestiférés, et un précieux reliquaire renfermant un fragment du corps de saint Sébastien. Dès 1484, des bulles d'indulgence furent attachées à ce monument, où dix ans de pénitence étaient remis à ceux qui, vraiment contrits, le visitaient dévotement certains jours de fête. Ce ne fut toutefois qu'en 1487 que l'église fut terminée. Depuis cette époque l'espace environnant servit pour la sépulture des pestiférés (1), et jusqu'en 1536 il fut affecté à leur seul usage; mais en septembre de cette année on proposa en Conseil de le faire servir pour tous les morts, ce qui fut mis à exécution peu après, en conservant toutefois l'usage des cimetières joignant les églises de Saint-Pierre et de Saint-Gervais, auxquels on en ajouta encore un quatrième, créé à Rive en 1542 (2), réservant de nouveau et momentanément celui de Plainpalais pour les pestiférés seulement. Depuis le milieu du seizième siècle jusqu'à nos jours ce dernier n'a plus cessé de servir à l'usage général. En 1633 on l'enceignit d'une muraille continue (3);

(1) Antérieurement les pestiférés étaient inhumés au cimetière de Saint-Léger. (Reg., du 9 juillet 1482.)

(2) Reg., du 26 septembre. On voit par les registres du 25 juillet et 31 octobre 1638, qu'un nouveau cimetière fut établi à cette époque en dehors de la porte de Rive, dans le jardin du sieur Vincent de Lyon; à la dernière date le Petit Conseil ordonne que le premier qui mourra dans le quartier de Rive sera enterré audit cemetiere; les registres du 9 octobre 1703 montrent qu'alors on en avait créé un autre en dehors de la porte de Cornavin, et ceux de la Chambre des comptes, du 24 novembre 1705, qu'il en existait un à la rue des Belles-Filles pour le service de l'hôpital général et des quartiers voisins; ce dernier avait été établi en 1699, époque où celui de Rive venait d'être supprimé. (Reg., du 31 mars 1699.)

(3) Voy. le Reg., du 10 juin.

les petites maisons ou capites qui, au nombre de sept, sont construites dans son pourtour, furent édifiées cinq ans après pour servir de lazaret; on y incrusta alors quelques pierres sculptées qui avaient servi aux anciens hôpitaux de corporations: on en voit une sur la porte de la septième capite, avec la date 1510 et un signet de corps de métier; une autre offre une croix, un H et un P entrelacés; initiales des mots HOSPITAL PESTILENTIEL; enfin des instruments de la profession de cordonnier, avec cette inscription :

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LAN Mille iiii. lxxviij et

le pmier Io. de Septebr

ceste maiso fust fodee

p. le cordoanier de Geneve.

se voient sur la face de la seconde capite qui portait jadis le nom de Saint-Crespin. La porte qui donne sur le chemin des Savoises fut reconstruite au commencement du siècle, on lit au-dessus le millésime 1615 (1); cette porte servit jusqu'en 1776, époque où l'entrée fut établie où elle se trouve aujourd'hui. Cette entrée, simple arc entouré d'un large encadrement noir, était surmontée de la belle inscription qui décore le portail actuel reconstruit en 1839, sur les dessins de M. l'architecte Guillebaud. Ce fut également en 1776 que l'église et les bâtiments de l'hôpital, qui se trouvaient au centre du cimetière, furent démolis (2); mais on n'enleva leurs fondations qu'en 1807, pour établir la rotation régulière des sépultures; jusqu'alors le cimetière avait été divisé en parties correspondant aux lignes de démarcation établies entre les Genevois par les ordonnances somptuaires qui avaient classé les citoyens en trois

(1) Le chemin communiquant de celui des Savoises à cette entrée, porte le nom de VI-PECHET inscrit au-dessus du millésime.

(2) Reg., du 26 mars et 27 avril 1776, l'hôpital des pestiférés était alors généralement qualifié d'hôpital morveux ou de lazaret.

catégories ou qualités: la première, composée des familles patriciennes, avait la division de l'ouest; la seconde, la division centrale; la division de l'est était affectée à la troisième classe. Aujourd'hui le cimetière est divisé en huit grandes parties, séparées par des allées longitudinales et transversales, et subdivisées en alignements, qui permettent d'établir un ordre suivi dans les inhumations, dont le retour a lieu sur les mêmes places de quinze en quinze ans environ.

Les mêmes ordonnances dont nous venons de parler réglaient tous les détails de l'étiquette, qui devait différencier les inhumations des diverses catégories d'individus. Voici quelques passages de celles de 1676 (1).

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Quant a ceux qui seront decedez, il est permis aux plus proches Parens jusqu'aux Cousins Germains inclusivement, d'aller faire des visites de condoleance dans leurs Maisons, defendant a toutes personnes de se mettre au devant des Maisons des Decedez pour recevoir l'honneur au retour, sinon a ceux auxquels il est permis par les presentes Ordonnances de porter le deüil, et aux Frères, et aux beaux-Frères, et quant a ceux qui n'auront des Parens, il sera permis a six personnes de se mettre en rang pour recevoir l'Honneur; enjoignants de faire partir les convois a l'heure assignee.

Item est defendu a toutes Personnes de faire prier pour les Ensevelissements par deux hommes, et de faire porter les Corps bas, sauf a ceux de la Premiere Qualité (2), et quant a ceux de la Seconde, leur est permis de faire prier par un homme, et a ceux de la Derniere Qualité par une femme tant seulement sous peine d'amende arbitraire contre les contrevenans.

<Item sont defendus tous Manteaux de Deuil passans la jarretière,

(1) Les ordonnances somptuaires de 1785, qui sont les dernières imprimées, contiennent encore, sur les funérailles, des dispositions qui furent en viguenr jusqu'en 1792.

(2) Les deux prieurs pour la première classe étaient une innovation à l'arrêt du 3 août 1664, statuant qu'il n'y aura qu'un homme pour prier aux ensevelissements de ceux de la première qualité, et une femme pour les autres; d'après un article des Registres de la Chambre de réforme, du 28 mars 1651, il n'était permis aux prieurs de porter comme marque de deuil qu'un chapeau et un cordon de crêpe.

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