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moiries la partition d'or à quatre points d'azur. La famille de Genevois s'est éteinte en 1394, dans la personne de Robert, né en 1342, élevé au pontificat en 1378 et connu dans l'Histoire sous le nom de Clément VII. Des familles issues de cette maison, celle de Genève-Boringe existe encore; celle de GenèveLullin s'est éteinte en 1663, dans la personne d'Albert-Eugène de Genevois, marquis de Lullin et de Pontcalier, chevalier de l'ordre de l'Annonciade et revêtu des charges les plus importantes à la cour de Savoie (1).

Sires de Gex.

Vers le milieu du douzième siècle, le pays de Gex (2) passa dans la maison de Genève par le mariage de Mathilde de Gex avec le comte Amédée Ier; en 1155, ce dernier le donna en apanage à Amédée son fils, dont les descendants portèrent le titre de Sires de Gex, et conservèrent la souveraineté de cette contrée jusqu'au quatorzième siècle, époque où elle passa aux barons de Faucigny, qui en étaient suzerains (3), puis de ces derniers aux comtes de Savoie.

L'étude des divers sceaux employés par les seigneurs de ce pays est assez intéressante; le plus ancien que nous possédions,

de gueules de six pièces; supports, deux sauvages tenant en main la bannière de Villars; cimier, un taureau ailé d'or: cri, VILLARS.

(1) Les armes des maisons de Boringe et de Lullin sont celles de Genevois; la dernière prenait pour cimier une tête de buffle au naturel accolée et emmuselée d'or, avec la devise, APTE NON arete.

(2) Jaz, Jayz, Jay, Jaiz, Jais, Jez, Gais, Gaies, Ges, Gez, Gets, sont les diverses orthographes qui ont précédé celle actuelle.

(3) En 1278, Lionette de Gex fit pour la terre de Gex reconnaissance de fief envers Béatrix de Faucigny, fille de Pierre de Savoie. Suivant Grillet, la terre de Gex passa aux barons de Faucigny en suite du mariage d'Éléonore de Faucigny avec Simon de Joinville-Gex.

PL. XLII.

celui de Simon de Joinville (1), qui, vers 1250, épousa Lionette, fille d'Amédée II, seigneur de Gex, et qui fut le chef de la maison de Joinville-Gex, est appendu sur des actes de 1261 à 1282 (2); ce sceau [pl. XLII, fig. 1], qui porte en légende les mots, s SIMONIS DE IOIEVILE. DNI DE IAY: représente ce seigneur armé de toutes pièces et chevauchant sur une monture caparaçonnée aux armes de Joinville, qui sont d'azur à trois morailles d'or (3), au chef d'argent chargé d'un lion naissant de gueules (4), couronné, lampassé et armé d'or.

Ces armes, qui sont répétées sur le bouclier du cavalier, furent dès lors celles de la seigneurie de Gex. Le contrescel de Simon, qui paraît être une intaille antique, figure un cheval, peut-être attelé à un bige, et qu'un homme s'efforce de retenir; il porte en légende ces mots, SIGILLVM SEcreti mei.

Les sceaux de Lionette (5) sont très-variés; l'un des plus

(1) Juinville, Joynvile, Joieville ou Jonville; cette famille, l'une des plus nobles de France, joua un rôle brillant à la cour des anciens comtes de Champagne, pays d'où elle était originaire. Simon était frère de Jean, sire de Joinville, sénéchal de Champagne, qui accompagna saint Louis dans son expédition et qui en écrivit l'histoire. (2) Arch. de Genève, Pièces hist., nos 71 et 94.

(3) Les morailles de Gex sont d'or, suivant le Blason des armoiries, de Bara, 1581, p. 238, et le Mercure héraldique, p. 407. Voy. aussi Dictionnaire généal., hérald., etc., t. I, p. 341. Suivant quelques auteurs, les morailles seraient liées d'argent; un livre de Reconnaissances de l'abbaye de Bonmont, daté de 1487 et conservé aux archives de Lausanne, prouve que les morailles étaient d'or et liées d'or; c'est le même monument qui nous a fourni les détails particuliers du lion de Gex. On retrouve encore l'écusson de Gex sur la carte de Borgonio; plus tard la tradition s'en perdit. Dans les verrières de l'église de Brou, les armes de Gex sont surmontées de la couronne de baron. (4) Voy. les verrières de l'église de Brou, le Blason des armoiries, de Bara, 1581, p. 238, et le Dictionnaire généal., hérald., etc., au mot Joinville, etc.

(5) Lionète, Lione, Léonète ou Léonette.

anciens, qui se voit à un acte de 1261 (1), figure deux médaillons circulaires, offrant, l'un un lion, l'autre un geai, allusion aux noms de la noble dame qui avait apporté la baronnie pour dot à son époux; ce sceau [fig. 2] porte en légende, † s a

DAME LIONE DAME DE IAYZ.

Sur un acte de 1265 (2), Lionette a remplacé ce sceau par un autre que l'on retrouve en 1282 (3); sur ce dernier elle est figurée en pied, un geai sur le poing et tenant les armoiries seigneuriales; un second écusson, posé à sa droite, représente deux bars ou poissons adossés: ce sont très-probablement les armoiries de Bar-sur-Aube, ancienne ville du Vallage, voisine de Joinville, et sur laquelle les seigneurs de ce dernier lieu avaient sans doute des droits ce sceau, bien qu'il porte dans une légende très-lisible les mots, SIGILLVM LEONETTE DOMINE DE IAY [fig. 3], est donné dans l'Histoire de Genève, de Spon, comme étant celui de Béatrix de Baugé, épouse d'Amédée II et mère de Lionette. La figure de cette dernière nous montre quel était, dans nos contrées, au milieu du treizième siècle, le costume des dames de qualité; le vêtement se compose d'une robe justaucorps, dont la grande longueur ne laisse apercevoir que l'extrémité de la chaussure, qui se termine en pointe; et d'un riche surcot armorié à l'intérieur et couvrant les épaules; la tête est coiffée d'une sorte de toque à laquelle est attaché un grand voile.

Le sceau de Pierre est tout à fait semblable à celui de Simon son père, seulement il porte en contrescel l'écusson ordinaire entouré d'une légende malheureusement si effacée que le mot IAIS y est seul lisible (4).

A Pierre, quatrième seigneur, succéda Guillaume son frère,

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., n° 71.

(2) Ibid., n° 77.

(3 et 4) Ibid., no 94.

qui passa divers actes depuis 1289 jusqu'à 1314 (1); le sceau de ce dernier [fig. 4] est appendu à un acte en langue vulgaire passé le jour de la fête de Saint-Clément, l'an 1293 (2): il représente les armes de Gex, avec ces mots en légende, CEST

MOVN SECRET.

Dans son Dictionnaire historique du Mont-Blanc et du Léman (3), Grillet donne Simon de Joinville comme dernier seigneur de Gex; c'est une grave erreur : non-seulement sa veuve et ses fils Pierre et Guillaume lui succédèrent, mais nous voyons de 1340 à 1345 (4), Hugard de Joinville, seigneur de Gex, passer de nombreux actes en cette qualité, et en 1352 Éléonore de Joinville-Gex régnait encore. Il est probable que ce fut vers cette époque que la baronnie retourna à la maison de Faucigny, mais ce fut pour peu de temps; car en 1354, les comtes de Savoie acquirent le pays de Gex sous la réserve de l'hommage à la France, hommage dont ils se libérèrent par le traité de 1415, qui, par suite d'échange, leur en valut la souveraineté entière (5).

CHAPITRE II.

COMTES DE SAVOIE.

Depuis 1285, époque où la Communauté genevoise, révoltée contre son évêque, appela les comtes de Savoie à son aide (6),

(1) Arch. de Genève, Pièces hist., nos 107 et 182.

(2) Ibid., n° 131.

(3) Article Maison de Genève, p. 310.

(4) Arch. de Genève, Pièces hist., nos 227 et 238.

(5) Grillet, Maison de Faucigny, p. 263.

(6) La copie du traité d'alliance, passé à cette époque entre le comte

ces derniers jouèrent dans l'histoire de Genève le rôle le plus important, élevant sans cesse sur la souveraineté de l'État des prétentions toujours anéanties par le patriotisme national. Ce n'est qu'en suite de ce rôle et qu'en sa qualité de feudataire de l'évêque de Genève, tant par suite de l'acquisition du comté de Genevois que de celle de fiefs annexés à ses domaines à des époques antérieures (1), que nous dirons quelques mots de l'ancienne et très-illustre maison de Savoie; nous serons brefs, car l'histoire de cette famille a été écrite assez souvent pour que tout ce qui se rapporte à ses armoiries soit généralement connu, et nous bornerons ce chapitre à la description de quelques anciens monuments existant à Genève et qui fixent certains points de son histoire héraldique.

L'aigle impériale (2), le lion et d'autres figures symboliques ont été adoptées à diverses époques par les membres de cette famille; mais ses véritables armoiries consistent dans la Croix blanche, qui broche encore sur le tout dans l'écusson de la maison royale de Sardaigne, et dont l'adoption paraît remonter à une époque fort ancienne (3).

de Savoie et les citoyens, se trouve aux archives de Genève, sous le n° 100 des Pièces historiques.

(1) Dès le commencement du treizième siècle, on voit les comtes de Savoie relever de l'évêque de Genève pour le fief d'une partie de leurs possessions territoriales. (Voy. la Déclaration de Thomas, comte de Maurienne, en date de 1211, Arch. de Genève, Pièces hist., no 41.) (2) Voy. sur l'aigle, comme armes de Savoie, Guichenon, p. 119 et suivantes. Sigilli de' Principi di Savoia, par MM. Cibrario et Promis.

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(3) L'adoption du champ de gueules paraît dater de la fin du onzième siècle, époque où les comtes firent l'acquisition du Piémont, dont le rouge était la couleur; ou bien du douzième, alors que Thomas Ier prit le titre de prince de Piémont. Il est possible que la Croix blanche en champ d'azur ait d'abord été l'armoirie de Maurienne; on voit du moins, dans les anciens actes, l'argent et l'azur employés pour les la

PL. XLIII.

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