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Aussitôt après sa naissance, une nouvelle étoile, figure de la lumiere qu'il devoit donner aux gentils, se fait voir en orient, et amene au Sauveur encore enfant les prémices de la gentilité convertie. Un peu après, ce Seigneur tant desiré vient à son saint temple, où Siméon le regarde non seulement comme la gloire d'Israel, mais encore comme la lumiere des nations infideles (1).

Quand le temps de prêcher son évangile approcha, saint Jean-Baptiste, qui lui devoit préparer les voies, appela tous les pécheurs à la pénitence, et fit retentir de ses cris tout le désert où il avoit vécu dès ses premieres années avec autant d'austérité que d'innocence. Le peuple, qui depuis cinq cents ans n'avoit point vu de prophetes, reconnut cé nouvel Elie, tout prêt à le prendre pour le Sautant sa sainteté paroissoit grande : mais luimême il montroit au peuple celui dont il étoit indigne de délier les souliers (2).

veur,

Enfin Jésus-Christ commence à prêcher son évangile et à révéler les secrets qu'il voyoit de toute éternité au sein de son pere. Il pose les fondements de son église par la vocation de douze pêcheurs, et met saint Pierre à la tête de tout le troupeau avec ane prérogative si manifeste, que les évangélistes, qui, dans le dénombrement qu'ils font des apôtres, ne gardent aucun ordre certain, s'accordent à nommer saint Pierre devant tous les autres (3) comme le pre

(1) Luc. II, 32.-(2) Joan. I, 27.—(3) Matth. X, 2. Marc. III, 16. Luc. VI, 14. Act. I, 13. Matth. XVI, 18.

mier. Jésus-Christ parcourt toute la Judée, qu'il remplit de ses bienfaits; secourable aux malades miséricordieux envers les pécheurs dont il se montre le vrai médecin par l'accès qu'il leur donne auprès de lui, faisant ressentir aux hommes une autorité et une douceur qui n'avoit jamais paru qu'en sa personne. Il annonce de hauts mysteres ; mais il les confirme par de grands miracles : il commandé de grandes vertus ; mais il donne en même temps de grandes lumieres, de grands exemples et de grandes graces. C'est par-là aussi qu'il paroît « plein de grace et de vérité, et nous recevons tous de sa plénitude (1). »

Tout se soutient en sa personne; sa vie, sa doctrine, ses miracles. La même vérité y reluit partout: tout concourt à y faire voir le maître du genre humain et le modele de la perfection.

Lui seul, vivant au milieu des hommes et å la vue de tout le monde, a pu dire, sans crainte d'être démenti : « Qui de vous me reprendra de péché »? Et encore : « Je suis la lumiere du monde; ma nourriture est de faire la volonté de mon pere; celui qui m'a envoyé est avec moi et ne me laisse pas seul, parceque je fais toujours ce qui lui plaît (2). » Ses miracles sont d'un ordre particulier et d'un caractere nouveau. Ce ne sont point des signes dans le ciel, tels que les Juifs les demandoient (3): il les fait presque tous sur les hommes mêmes et pour guérir leurs infirmités. Tous ces miracles tien

-(2) Ibid. VIII, 12, 29,

(1) JOAN. I, 14, 15, 16. 46; IV, 34.—(3) Matth. XVI,

I.

nent plus de la bonté que de la puissance, et ne surprennent pas tant les spectateurs, qu'ils lès touchent dans le fond du cœur. Il les fait avec empire: les démons et les maladies lui obéissent ; à sa parole les aveugles-nés reçoivent la vue, les morts sortent du tombeau, et les péchés sont remis. Le principe en est en lui-même ; ils coulent de source : « Je sens, « dit-il, qu'une vertu est sortie de moi (1). » Aussi personne n'en avoit-il fait ni de si grands ni en si grand nombre ; et toutefois il promet que ses disciples feront en son nom encore de plus grandes choses (2): tant est féconde et inépuisable la vertu qu'il porte en lui-même.

Qui n'admireroit la condescen lance avec laquelle il tempere la hauteur de sa doctrine ? C'est du lait pour les enfauts, et tout ensemble du pain pour les forts. On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu'il n'en est pas étonné comme les autres mortels à qui Dieu se communique : il en parle naturellement, comme étant né dans ce secret et dans cette gloire; et ce qu'il a sans mesure (3), il le répand avec mesure, afin que notre foiblesse le puisse porter.

Quoiqu'il soit envoyé pour tout le monde, il ne. s'adresse d'abord qu'aux brebis perdues de la maison d'Israel, auxquelles il étoit aussi principalement envoyé : mais il prépare la voie à la conversion des Samaritains et des gentils. Une femme samaritaine le reconnoît pour le Christ que sa nation at

(1) Luc. VI, 19; VIII, 46.—(2) JOAN. XIV, 12.(3) Ibid. III, 34.

́tendoit aussi bien que celle des Juifs, et apprend de lui le mystere du culte nouveau qui ne seroit plus attaché à un certain lieu (1). Une femme chananéenne et idolâtre lui arrache, pour ainsi dire, quoique rebutée, la guérison de sa fille (2). Il reconnoît en divers endroits (3) les enfants d'Abraham dans les gentils, et parle de sa doctrine comme devant être prêchée, contredite et reçue par toute la terre. Le monde n'avoit jamais rien vu de semblable, et ses apôtres en sont étonnés. Il ne cache point aux siens les tristes épreuves par lesquelles ils devoient passer. Il leur fait voir les violences et la séduction employées contre eux, les persécutions, les fausses doctrines, les faux freres, la guerre au-dedans et au-dehors, la foi épurée par toutes ces épreuves; à la fin des temps, l'affoiblissement de cette foi et le refroidissement de la charité parmi ses disciples; au milieu de tant de périls, son église et la vérité toujours invincibles (4).

Voici donc une nouvelle conduite et un nouvel ordre de choses: on ne parle plus aux enfants de Dieu de récompenses temporelles ; Jésus-Christ leur montre une vie future, et les tenant suspendus dans cette attente, il leur apprend à se détacher de toutes les choses sensibles. La croix et la patience deviennent leur partage sur la terre, et le ciel leur est proposé comme devant être emporté de force (5). JésusChrist, qui montre aux hommes cette nouvelle voie,

(1) JOAN. IV, 21, 25. · (2) MATTH. XV, 22. — (3) Ibid. VIII, 10, 11.—(4) Ibid. XVI, 18.—(5) Ibid. ΧΙ, 12.

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nent plus de la bonté que de la puissance, et ne surprennent pas tant les spectateurs, qu'ils les touchent dans le fond du cœur. Il les fait avec empire: les démons et les maladies lui obéissent ; à sa parole les aveugles-nés reçoivent la vue, les morts sortent du tombeau, et les péchés sont remis. Le principe en est en lui-même ; ils coulent de source : « Je sens,

dit-il, qu'une vertu est sortie de moi (1). » Aussi personne n'en avoit-il fait ni de si grands ni en si grand nombre; et toutefois il promet que ses disciples feront en son nom encore de plus grandes choses (2) tant est féconde et inépuisable la vertu qu'il porte en lui-même.

Qui n'admireroit la condescendance avec laquelle il tempere la hauteur de sa doctrine ? C'est du lait pour les enfauts, et tout ensemble du pain pour les forts. On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu'il n'en est pas étonné comme les autres mortels à qui Dieu se communique : il en parle naturellement, comme étant né dans ce secret et dans cette gloire ; et ce qu'il a sans mesure (3), il le répand avec mesure, afin que notre foiblesse le puisse porter.

Quoiqu'il soit envoyé pour tout le monde, il ne s'adresse d'abord qu'aux brebis perdues de la maison d'Israel, auxquelles il étoit aussi principalement envoyé : mais il prépare la voie à la conversion des Samaritains et des gentils. Une femme samari. taine le reconnoît pour le Christ que sa nation at

(1) Luc. VI, 19; VIII, 46.—(2) JAN. XIV, 12.(3) ibid. III, 34.

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