17. Vivent les leçons Que le plaisir accompagne! Que nous donnent ses chansons. Il fait fuir les sots Il fait fuir les sots, Qui redoutent ses bons mots. Que son esprit effarouche; Laissons là les sots: Il a deux enfants Qui ressemblent à leur mère; Il a deux enfants Pleins d'esprit et de talents: Ne vaudront jamais leur mère; N'auront de si grands talents. Il a le défaut De trop aimer sa Lorraine; Il a le défaut D'y rester plus qu'il ne faut. Enfin, grâce à Dieu, Il est au coin de mon feu. Je demande à Dieu Qu'il se plaise en ma retraite ; Je demande à Dieu Qu'il reste au coin de mon feu. L'absence n'a point soustrait le duc de Chartres aux quolibets des plaisants. Par un calembour relatif à ses bâti ments et à son voyage d'Italie, on dit qu'il est allé se faire recevoir à l'Académie des Arcades à Rome. On cite un autre calembour, à l'occasion du siége de Gibraltar, que, dans son aimable gaieté, s'est permis, dit-on, M. le comte d'Artois lui-même. On veut qu'il ait dit à la reine que la batterie qui avait fait le plus de mal dans le siége avait été sa batterie de cuisine. En effet, on prétend que les officiers espagnols, fort sobres naturellement et peu accoutumés à la bonne chère, gagnaient fréquemment des indigestions à l'excellente table que tenait son altesse royale. 18. La lettre de mademoiselle Guimard est toujours trèsrare. Cette danseuse a la délicatesse de ne vouloir pas en donner de copies; cependant tout transpire, et en voici une : Lettre de mademoiselle Guimard, et autres danseuses de l'Opéra, à M. le prince de Soubise. « Accoutumées, moi et mes camarades, à vous posséder dans << notre sein chaque jour de représentations du théâtre lyrique, « nous avons observé, avec le regret le plus amer, que vous vous « étiez sevré, non-seulement du plaisir du spectacle, mais qu'au«< cune de nous n'avait été appelée à ces petits soupers fréquents, << où nous avions tour à tour le bonheur de vous plaire et de vous << amuser. La renommée ne nous a que trop instruites de la <«< cause de votre solitude et de votre juste douleur. Nous avons craint jusqu'à présent de vous y troubler: faisant céder la << sensibilité au respect, nous n'oserions même encore rompre « le silence, sans le motif pressant auquel ne peut résister notre « délicatesse. « Nous nous étions flattées, monseigneur, que la banque<< route (car il faut bien se servir d'un terme dont les foyers, les cercles, les gazettes, la France et l'Europe entière retentissent) de M. le prince de Guémené ne serait pas aussi énorme qu'on l'annonçait ; que les sages précautions prises par le roi << pour assurer aux réclamants les gages de leurs créances, pour <«< éviter les frais et les déprédations, plus funestes que la faillite 524 MÉMOIRES DE BACHAUMONT. (1782.) même, ne frustreraient pas l'attente générale; mais le désordre << est monté sans doute à un point si excessif, qu'il ne reste au«< cun espoir. Nous en jugeons par les sacrifices généreux auxquels, à votre exemple, se résignent les principaux chefs de << votre illustre maison. « Nous nous croirions coupables d'ingratitude, monseigneur, << si nous ne vous imitions en secondant votre humanité, si nous << ne vous reportions les pensions que nous a prodiguées votre << munificence. Appliquez ces revenus, monseigneur, au soulagement de tant de militaires souffrants, de tant de pauvres << gens de lettres, de tant de malheureux domestiques que M. le prince de Guémené entraîne dans l'abîme avec lui. Pour nous, « nous avons d'autres ressources : nous n'aurons rien perdu, monseigneur, si vous nous conservez votre estime ; nous aurons même gagné, si, en refusant aujourd'hui vos bienfaits, nous forçons nos détracteurs à convenir que nous n'en étions pas "tout à fait indignes. ་་ ་་ « Nous sommes avec un profond respect, etc. « A la loge de mademoiselle Guimard, ce vendredi 6 décem.bre 1782. » FIN DES MEMOIRES DE BACHAUMONT, TABLE DU TOME TROISIÈME. Pages. I 3 17 33 47 Avertissement des éditeurs. Avant-propos. Notice sur la vie et les ouvrages de M. Craufurd. Essai sur la marquise de Pompadour. Avertissement. . Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame Morceaux historiques servant d'éclaircissements pour les Mémoires Spectacles des petits cabinets de Louis XIV. (A) (C) D) - Récit de la mort de Laurent Ricci, dernier général des jésuites, Extrait d'un article écrit par M. de Meilhan sur M. le duc Sur le Dauphin, fils de Louis XV. Sur madame la duchesse de Gramont. (F) Notice sur le cardinal de Bernis. Avant-propos. Mémoires historiques et littéraires de Bachaumont (1762 à 1782). |