LETTRE A M. D'ALEMBERT SUR LES SPECTACLES PUBLIÉE AVEC UNE INTRODUCTION, UN SOMMAIRE, DES APPENDICES ET DES NOTES HISTORIQUES ET GRAMMATICALES PAR L. BRUNEL Docteur ès lettres Professeur de rhétorique au lycée Henri IV. PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET Ce 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1896 INTRODUCTION LA LETTRE SUR LES SPECTACLES I La question générale. Deux questions sont traitées dans la Lettre à d'Alembert. L'une est toute particulière et locale si l'établissement d'un théâtre à Genève, conseillé par d'Alembert, y serait utile, ou simplement inoffensif, ou au contraire malfaisant. L'autre, ?* générale, et dans laquelle la première est engagée, est le problème des spectacles dans leurs rapports avec les mœurs. Cette manière d'élever et d'étendre les questions, de faire intervenir les idées maîtresses de sa philosophie dans telle circonstance où il lui faut tout dire, s'il en est cru, pour dire assez, est une habitude chez Rousseau. Ennemi des opinions courantes, il est toujours conduit à remonter très haut pour expliquer l'origine de son désaccord avec elles, et ainsi, chaque fois qu'il énonce l'une des siennes, c'est un point de doctrine qu'il développe et approfondit. Le Contrat Social devait n'être qu'une consultation politique à l'usage de Genève, l'Emile un programme d'éducation pour guider une jeune mère, Mme de Chenonceaux. Dans ceux de ses ouvrages qui promettaient le moins des considérations d'intérêt général et permanent, dans la Lettre à Christophe de Beaumont, dans les Lettres écrites de la Montagne, dans les Considérations sur le gouvernement de Pologne, il les amène sans effort et par la tournure même de son esprit, qui, fortement attaché à un petit nombre de principes, mais plenis de conséquences, se sert moins de ces principes pour |