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De maints logis abbatial,
Je fis mon patrimonial.
Malgré mon naturel brutal,
Je fus ministre principal,
Le tout grâce au Palais-Royal
Pour quelque entregent vaginal.
Passant, apprends que ce canal
Peut donner le sceptre papal,
Ainsi qu'il donne certain mal
Très connu dans l'Escurial,
Et qui m'a rendu le vassal
Du Roi de l'empire infernal.

II

Ci-gît, au grand regret du prince
Un homme de mine fort mince;
Il parvint au cardinalat

Sans connoître l'apostolat.
Mais à l'abri de la finance,
Le Saint père usa d'indulgence.
Avec Vénus il eut procès

Et n'en eut qu'un mauva's succès.
Ses deux témoins pris à partie
Avant lui perdirent la vie.

Il aimoit tant le nom de Dieu
Qu'il le proféroit en tout lieu,
D'une manière si fervente
Qu'on étoit saisi d'épouvante.
De prière il n'a pas besoin :
Pluton de son âme a pris soin.

L'ABBÉ DE CAMP MORT. L'abbé de Camp est mort. C'étoit un homme très savant dans notre histoire et qui a fait une infinité de recueils sur

cette matière: on dit qu'il étoit hermaphrodite, et on fit autrefois sur lui ce couplet de chanson :

A-t-on jamais vu de pasteur
Comme notre coadjuteur ?
Par devant moliniste,

Hé bien !

Par derrière thomiste:

Vous m'entendez bien.

La clef de cette chanson est qu'il étoit coadjuteur de Glandève, que le bruit couroit que le P. de la Chaise s'en servoit comme d'une femme, et que l'évêque de Glandève, Hyacinthe Sarroni, s'en servoit en homme; il étoit à deux mains, ayant les deux sexes.

4 septembre. Le comte de Charolois a fait tapage chez la Delisle, sa maîtresse, fille de l'Opéra ; il a su qu'elle étoit allée à un café, rue de Richelieu, qui a issue dans le Palais-Royal. Il a fait assiéger le café par le guet, à onze heures du soir. On n'a point voulu ouvrir. Il est entré dans le jardin du Palais-Royal avec quelques officiers aux gardes, en montrant son cordon bleu, car le Suisse ne vouloit pas le laisser entrer. La fille ne s'est point trouvée, mais quelques gens de peu qu'il a fait bâtonner et bâtonnés lui-même; puis revenant dans la rue Traversière où elle demeure, il l'a rencontrée à pied avec une autre femme, il lui a donné deux soufflets et des coups de pieds au milieu de la rue. Il a envoyé quérir son père et l'a fait mettre toute nue pour la visiter et reconnoître les traces de son infidélité et de sa débauche. Il a rompu les

bras à coups de bâtons à deux laquais qu'elle avoit et cela a fini par souper et passer la nuit dans la maison avec ses amis. Le prince s'étoit mal imaginé que d'une put... publique, il en pourroit faire une honnête femme. Il lui avoit donné un carrosse magnifique de pièces de la Chine. Elle étoit devenue très-insolente à l'Opéra. Elle en sera chassée et pourra bien mourir à l'hôpital.

Je mets en prompte apostille que le prince s'est raccommodé et qu'il a dit que put.. pour put.., il aimoit encore mieux celle où il étoit accoutumé, et que les voisins l'ont vu coucher publiquement le lendemain dans sa maison. Il envoie accommoder sa perruque les matins chez un barbier qui est auprès.

CHANSON SUR LE CARDINAL

Dubois enfin arrive

Par un prompt jugement

Sur l'infernale rive

Où le nocher l'attend.

Une ombre lui demande :
Que cherchez-vous ici ?
Personne sans offrande
N'a de Caron merci.

Que faut-il que je fasse ?
Répond le Cardinal ;
Ne fait-on pas de grâce
Au sacré tribunal ?
- Le juge du Tartare
Vient d'établir un poids

Où l'homme le plus rare
Doit passer une fois.

Je crois être de mise
A mes sonnettes près;
Passez-moi sans remise;
N'ayons point de procès.
N'étant pas recevable,
Retournez chez le Duc ;
Par un art admirable,
Il met sonnette au c...

CHANSON DE VILLON

Alors lui donnai sur les lieux
Où elle faisoit l'endormie;
Quatre venues de corps joyeux
Lui fis en moins d'heure et demie ;
Lors me dit à voix espasmie :
Encore un coup; le cœur me deult
Encore un coup. Hélas! m'amie
Il ne fait pas ce tour qui veult.

Le gendre de M. Rose, secrétaire du cabinet, se plaignoit à lui des galanteries de sa femme. «< Vous avez raison, dit-il ; c'est une femme qui se conduit mal, et je vous promets de la déshériter. » Le mari n'en parla plus, et s'en fut sans dire mot.

LA MORT DU RÉGENT. — Ainsi, voilà ce grand duc d'Orléans, ce Régent si célèbre, ce prince qui vouloit être roi, le voilà mort en un moment, et Dieu a renversé tous ses desseins. Quand il est tombé malade, il étoit avec Me de Fallari, son ancienne maîtresse. Elle a crié, appelé ; à peine a-t-on pu trouver un chirurgien pour le saigner. Il a été saigné. On dit que Mine de Sabran a dit insolemment:

<< Il ne faut pas le saigner, il sort de dessus sa gueuse. »

En visitant les

CHIFFRE SECRET DU RÉGENT. papiers du duc d'Orléans, on a trouvé son chiffre pour les affaires étrangères, qui est composé de tous les mots les plus infâmes et les plus débauchés qui soient dans la langue. Cette invention est digne de lui, qui aimoit toutes les ordures et les saletés.

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AVENTURE DE RASTADT. Le duc d'Olonne, Fimarcon et Boissieu, neveu du marquis de Villars, ont demandé au maréchal Du Bourg congé pour aller à Rastadt voir la princesse de Bade. Il leur a refusé, parce que c'est hors du royaume. Ils ont proposé d'aller à Wissembourg, qui est à nous, et où est le roi Stanislas de Pologne, détrôné. Il leur a permis; ils y ont été, ont passé outre, ont vu la princesse de Bade qui les a bien reçus, et le lendemain, étant ivres du vin de Tokai, ils sont entrés dans une grotte où elle a dévotion, et ont mis un gros radis taillé en priape dans la main de la Vierge au lieu d'un bouquet. La princesse demande justice. Tous les devoirs sont offensés dans cette indigne action; ils la désavouent et ont été forcés de dire qu'elle est fausse, quoiqu'elle soit vraie. Le duc d'Orléans dit que c'est une insulte qu'on a voulu faire à sa femme. Le ministre de la guerre, Breteuil, a dit tout haut que le fait n'étoit pas vrai. Ce ministre souffre qu'on dise à sa table toutes sortes d'ordures, et son frère, évêque de Rennes et

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